Le nouveau gouvernement français envisage de taxer davantage les riches afin de financer des programmes sociaux et réduire les inégalités économiques. Cette initiative vise à imposer plus fortement les grandes fortunes tout en luttant contre l’évasion fiscale et les disparités de revenus. L’occasion de faire un tour d’horizon des pays qui ont mis en œuvre de telles politiques.
De plus en plus de pays à travers le monde mettent en place des politiques fiscales visant à taxer les riches et les grandes fortunes afin de réduire les inégalités économiques, financer les dépenses publiques et encourager une répartition plus équitable des richesses. Ces taxes prennent différentes formes, qu’il s’agisse d’impôts sur le revenu, sur le patrimoine ou sur les successions.
France : L’impôt sur la fortune immobilière (IFI)
La France a longtemps été connue pour son impôt sur la fortune, appelé Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui taxait le patrimoine au-delà d’un certain seuil. Cependant, en 2018, cet impôt a été remplacé par l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui ne concerne désormais que les biens immobiliers. Les actifs financiers ont été exclus du calcul. Le taux de l’IFI varie de 0,5 % à 1,5 % pour les patrimoines immobiliers dépassant 1,3 million d’euros. Cette taxe vise à réduire l’accumulation de richesse immobilière et à financer des programmes sociaux.
Norvège : une tradition de taxation des grandes fortunes
La Norvège applique une taxe sur la richesse personnelle à partir d’un seuil assez bas, environ 1,7 million de couronnes norvégiennes (environ 150 000 euros). Cette taxe est progressive, atteignant environ 1 % pour les plus grosses fortunes. Le pays justifie cette imposition par son engagement en faveur de l’égalité économique et de la redistribution des richesses. Elle fait partie intégrante du modèle de l’État-providence scandinave.
Espagne : impôts sur la fortune et mesures additionnelles
L’Espagne impose également un impôt sur la fortune, appelé Impuesto sobre el Patrimonio, avec des taux variant en fonction des régions. L’impôt commence généralement pour les patrimoines dépassant 700 000 euros, avec des taux progressifs qui peuvent atteindre 3,5 % dans certaines communautés autonomes, comme la Catalogne. En 2022, le gouvernement espagnol a introduit un impôt temporaire supplémentaire pour les fortunes dépassant 3 millions d’euros, en réponse à la pandémie et à la hausse des dépenses publiques.
Suisse : impôts cantonaux sur la fortune
La Suisse est souvent perçue comme un paradis fiscal, mais elle applique en réalité un impôt sur la fortune, prélevé au niveau cantonal. Cet impôt concerne le patrimoine total (immobilier, financier, etc.) et les taux varient selon les cantons, allant de 0,1 % à 1 %. Les cantons de Genève et de Vaud sont parmi les plus stricts en termes de taxation des riches. La Suisse justifie ces taxes comme un moyen d’équilibrer l’accumulation de la richesse et de financer ses services publics de haute qualité
Argentine : L’Impôt sur les Grandes Fortunes
En 2020, l’Argentine a mis en place un impôt exceptionnel appelé « Impuesto a la Riqueza », destiné à financer les dépenses liées à la pandémie de COVID-19. Cet impôt visait les personnes détenant un patrimoine supérieur à 200 millions de pesos (environ 2 millions d’euros), avec des taux allant jusqu’à 5,25 %. Bien que cette taxe soit temporaire, elle a ouvert le débat sur la mise en place de taxes permanentes sur les grandes fortunes.
Les États-Unis : débats sur l’imposition des ultra-riches
Aux États-Unis, bien qu’il n’existe pas de taxe fédérale sur la fortune, plusieurs propositions visant à imposer les ultra-riches ont été faites ces dernières années. Des personnalités politiques comme Elizabeth Warren et Bernie Sanders ont proposé des taxes sur le patrimoine pour les ménages détenant plus de 50 millions de dollars. Ces propositions visent à réduire les inégalités croissantes aux États-Unis, où le fossé entre les riches et les pauvres s’est considérablement creusé. Toutefois, ces initiatives se heurtent à une forte opposition politique et n’ont pas encore été adoptées.
La taxation des grandes fortunes est un sujet de débat dans de nombreux pays, certains voyant ces mesures comme un moyen efficace de réduire les inégalités, tandis que d’autres critiquent leur impact potentiel sur l’investissement et la croissance économique. Si certains pays, comme la France ou la Norvège, ont une longue tradition d’imposition des riches, d’autres, comme l’Argentine ou l’Espagne, ont introduit des taxes plus récemment en réponse à des crises économiques ou sociales. En dépit des résistances, ces mesures semblent devenir un outil de plus en plus utilisé pour combler les déficits publics et promouvoir une plus grande justice sociale.
Sources : lexpress.fr – lpnt.fr