Leader mondial dans l’activité portuaire, le groupe Hongkongais Hutchinson Whampoa est une pieuvre à plusieurs têtes : activités et services portuaires[i], immobilier et hôtellerie, distribution à grande échelle, énergies, infrastructures, investissements… Aujourd’hui le dragon hongkongais veut encore étendre son emprise et vise le marché européen des télécoms.
Hutchinson Whampoa est implanté dans 56 pays et emploie près de 300.000 personnes à travers le monde. Entré en Bourse en 1978, le groupe n’a cessé de grandir, à l’image de son charismatique président, le self-made man Li Ka-shing, l’homme le plus riche d’Asie.
Hutchinson Whampoa une success-story à la chinoise
L’histoire de Li Ka-shing ressemble à un conte de fées. Sa famille se réfugie à Hong Kong en 1940 pour échapper aux troupes japonaises. Il arrête l’école à 15 ans pour travailler et nourrir sa famille. Tour-à-tour vendeur de rue, employé d’usine, puis lui-même propriétaire d’une florissante société de fleurs artificielles. Il profite de la crise immobilière qui touche sa ville d’adoption dans les années septante pour racheter 800 000 mètres carrés d’appartements et de bureaux à louer.
A la tête d’une petite fortune, Monsieur Li prend en 1979 le contrôle d’Hutchison Whampoa, dont les activités s’étendent à l’époque au commerce, au transport maritime et aux installations portuaires, le holding le plus important de la cité des Perles est alors en difficulté financière. Le chiffre d’affaire du groupe culmine aujourd’hui à plus de 50 milliards de dollars. L’homme, direct et droit en affaire, reste pourtant très discret, n’affichant à son poignet que des montres à 30 dollars.
Introduire le marché des télécoms britannique
Le secteur des télécommunications semble être la cible stratégique principale du groupe à l’horizon 2015. Ainsi en mars dernier, Hutchison Whampoa s’est offert via sa filiale Three l’opérateur britannique O2, propriété du groupe de télécommunications espagnol Telefonica, pour 14 milliards d’euros. Cette opération devrait donner naissance au plus gros acteur de la téléphonie mobile au Royaume-Uni.
La Competition and Markets Authority, l’autorité britannique de la concurrence et des marchés, a déclaré mi-septembre qu’elle envisageait d’examiner le projet du conglomérat asiatique d’acquérir l’opérateur britannique. Le régulateur britannique craint que la fusion entre Three et O2 se traduise par une diminution significative de la concurrence. Une décision de la Commission européenne devrait tomber à la mi-octobre.
Dernière opération en date, au mois d’août, le groupe annonce la fusion de ses activités en Italie avec Vimpelcom, une société de télécommunications basée à Amsterdam, dans une co-entreprise possédée à 50-50.
La rumeur Google
En avril dernier, des rumeurs[ii] rapprochent Google du groupe Hongkongais. Le groupe californien serait en discussions avec des opérateurs télécom étrangers pour garantir des communications au même prix où que l’utilisateur se trouve, sur le sol américain ou ailleurs.
Google négocierait avec la filiale Three pour tenter d’éliminer les surcoûts du roaming. Le projet global de Google est compris par les observateurs comme étant plutôt une expérimentation qu’un projet commercial, mais c’est la preuve qu’Hutchinson Whampoa veut sa part du marché sur ce terrain en plein boom.
Hutchinson Whampoa un géant insatiable
Quand la dynamique chinoise ralentit, le groupe parie sur des actifs dévalués en Europe. Au Royaume-Uni, il est devenu le plus gros investisseur étranger. Le géant hongkongais se rapproche aussi du marché américain[iii], sans trahir son grand voisin chinois. A l’image de son patron, 86 ans, la société affiche une forme insolente.
En janvier 2015, le groupe a proposé une réorganisation de ses activités afin de séparer totalement l’immobilier du reste de ses activités. La Bourse a applaudi l’opération, et celui qui n’était plus que le deuxième au classement des fortunes asiatiques a vu son patrimoine à nouveau détrôner celui de Jack Ma, le patron chinois d’Alibaba, pour atteindre 34 milliards de dollars.
[i] Hong Kong est le quatrième port à conteneur au monde, devancée par ses voisins Shanghai, Shenzhen, et Singapour.
[ii] http://www.generation-nt.com/google-mvno-hutchison-whampoa-itinerance-roaming-actualite-1913877.html
[iii] Il prend des parts dans Skype dès 2005 et dans Facebook en 2007.