L’épargnant français est de plus en plus prudent. Entre des placements en actions risqués compte tenu de la volatilité des cours, et des placements plus sécurisés mais aux rendements faibles, il cherche une troisième voie. Le financement participatif, ou crowfunding, présente de jolis atours mais la prudence doit être de mise pour ne pas céder aveuglément au miroir aux alouettes de gains rapides et faciles.
Une aversion au risque de la part des investisseurs
Les épargnants et investisseurs sont de plus en plus réticents au risque. A l’heure du Brexit, les marchés financiers, s’ils résistent plutôt bien pour l’instant en Europe, pourraient faire les frais d’un climat économique et financier anxiogène. De fait, la volatilité des cours risque de s’accentuer.
Autre nuage à l’horizon, la Chine, mastodonte aux pieds d’argile dans une économie mondialisée, a une dette que certains observateurs jugent insoutenable, ce qui fait craindre des ajustements perturbateurs.
La confiance étant un facteur économique aussi important que le capital et le travail, on comprend aisément que le climat financier éloigne les investisseurs des placements en actions, trop volatiles, et qui offrent plus de perspectives de pertes que de gains, sans compter une fiscalité pénalisante. Les ménages français ne placent que moins d’un quart de leur épargne en actions
Inversement, les placements dits plus sûrs offrent des rendements peu attractifs. Le livret A allie sécurité et liquidité mais son rendement est faible, 0,75 %. Les taux de rémunération des contrats d’assurance-vie ont baissé de 25 points de base cette année mais le gouverneur de la Banque de France vient d’enjoindre les assureurs à les diminuer encore pour se mettre au diapason des taux d’intérêt de marchés structurellement bas.
Un baromètre réalisé par le salon Actionara, dédié à l’investissement en entreprises, témoigne que si les jeunes de 18 à 35 ans tentent globalement de se constituer une épargne, ils sont beaucoup plus prudents que leurs aînés. Ils sont moins de 8 % à investir dans une entreprise, contre 14 % des Français. Il est vrai que les investissements dans les fonds de jeunes pousses ou start-up restent risqués. Dans le monde des business angels, on constate que sur 10 start-up qui se créent, seule la moitié sera encore là au bout de cinq ans, et une seule fera du profit.
L’attractivité du financement participatif
En ces temps de marasme économique et financier, difficile d’ignorer l’engouement croissant pour les plateformes de financement participatif ou « crowfunding ». Le principe : des épargnants se regroupent autour du financement d’un projet par l’intermédiaire d’une plateforme de mise en relation. Cela peut prendre la forme d’un don pur et simple à une association ou d’un investissement avec rendement attendu à la clé.
Ces plateformes de crowfunding ont collecté plus d’un milliard d’euros en Europe en 2015. La France compte déjà 2 millions de particuliers ayant franchi le cap pour un montrant collecté de près de 300 millions d’euros. Les PME sont le principal secteur cible avec de potentiels rendements très attractifs de 7 à 8 % avec un système où le risque est assez cadré. Les rendements sont en effet connus au départ car, contrairement aux actions boursières, les prêts et obligations par le biais du crowfunding prévoient, contractuellement, taux d’intérêt et durée de l’engagement de l’épargnant.
Comme tout investissement, il n’est pas sans risque : on n’est jamais à l’abri de la faillite de l’entreprise financée. Le risque est plus grand pour une start-up que pour une PME qui développe son activité à l’international ou qui mise sur une niche d’innovation. Les déboires de la plateforme américaine Lending Club incite à être également très prudent sur le choix de son vecteur d’investissement participatif. Le risque de pratiques frauduleuses est de plus en plus réduit compte tenu du travail des autorités régulatrices.
Un risque plus marqué réside dans la place croissante des hedge funds, qui sont par nature des prêteurs versatiles dont le comportement parfois erratique peut mettre en péril le financement d’un projet.
Par rapport à des placements soit trop risqués soit à faible rendement, le crowfunding semble une solution d’investissement assez attrayante. Il permet d’investir sur des produits à rendement intéressant dans le cas de PME œuvrant sur un créneau innovant à forte croissance. Un des atouts du secteur du financement participatif en France est qu’il reste de taille modeste et pour l’instant plutôt fréquenté par les petits épargnants, et moins par les acteurs institutionnels (banques, fonds de pension) comme c’est le cas outre-Atlantique.