Dans l’empire du Milieu, beaucoup de start-up ont vu le jour ces dernières années, aidées par un protectionnisme chinois très important et trônant sur un marché de près d’1,4 milliard de consommateurs. Parmi elles, Didi Chuxing. Issue d’un rapprochement entre les deux géants Tecent et Alibaba, Didi, de son petit nom, est le concurrent d’Uber en Chine. Un concurrent tenace qui a fini par reprendre les parts de l’Américain qui a plié bagage et renoncé à s’établir en Chine.
Didi Chuxing : une réussite à la chinoise
Peu connue en Europe, Didi est pourtant l’une des plus importantes start-up asiatiques. C’est même la mieux valorisée du continent depuis une dernière levée de fonds de près de cinq milliards de dollars. L’entreprise sous sa forme actuelle, Didi Chuxing, est née d’une fusion il y a deux ans entre Didi Dache (détenu par Tecent) et de Kuaidi Dache (du groupe Alibaba).
Pour se développer, Didi a joui d’un marché énorme et d’un protectionnisme à la chinoise, décourageant les concurrents les plus tenaces, à commencer par l’Américain Uber dont Didi avait fini par phagocyter les activités chinoises. Ce géant contrôle désormais 90 % du marché chinois des véhicules avec chauffeur. Un marché colossal dans un pays qui compte près d’1,4 milliard d’habitants et dont la classe moyenne est en pleine croissance.
Didi part à la conquête du monde
Mais le colossal marché chinois ne semble plus suffire à Didi qui part à la conquête d’autres utilisateurs de par le monde. Pour cela, Didi ne s’implante pas directement à l’étranger sous son propre nom à l’image de ce qu’a fait Uber. Le Chinois a préféré investir dans des initiatives locales, parfois concurrentes du géant américain, afin de s’assurer une progression rapide et de profiter de l’expertise de ses partenaires sur les marchés locaux.
Ainsi en 2015, Didi Chuxing investit dans Ola, une entreprise indienne de réservation de taxis en ligne. La même année, il investit aux Etats-Unis, sur les terres historiques d’Uber, et dans son principal concurrent, Lyft. Didi a également un grand appétit au Brésil, où l’entreprise a récemment annoncé vouloir investir 100 millions de dollars dans « 99 », un service local de réservation de VTC.
La dernière déclaration de Didi Chuxing montre sa volonté de s’attaquer aux marchés du vieux continent. Mais comme ailleurs dans le monde, Didi fait preuve de prudence et ne va pas seul en Europe. Car il le sait, il n’arrive pas en terrain conquis sur ce marché complexe et instable. La domination d’Uber sur les grandes villes occidentales et la concurrence déjà féroce de certains outsiders ne lui tracent pas la même voie royale qui lui était réservée à Pékin.
Pour mieux pénétrer le marché européen, Didi a donc préféré conclure un partenariat stratégique avec l’Estonien Taxify, présent dans 18 pays européens et africains et qui vient de faire son entrée sur le marché français.
Didi Chuxing, futur leader de l’intelligence artificielle ?
Mais contrairement aux apparences, Didi ne se contente pas de profiter passivement d’un climat économique interne favorable. Il compte bien investir dans la recherche et le développement et ainsi peser dans le jeu des entreprises innovantes. Loin de Pékin, dans la Silicon Valley, Didi a récemment ouvert un centre de recherche dédié à l’intelligence artificielle. Son objectif : devenir leader sur la voiture autonome et donc sur le marché du transport de demain.
La Chine et les entreprises chinoises changent peu à peu de paradigme. D’une économie basée sur la main d’œuvre peu chère et les transferts de connaissances d’entreprises étrangères, l’ancienne « usine du monde » n’hésite plus à produire en dehors de ses frontières. Elle investit dans la recherche, forme des ingénieurs par dizaines de milliers chaque année, se lance dans la conquête spatiale et devient peu à peu un lieu de prédilection pour le développement de start-up innovantes.
Didi Chuxing, en voulant s’attaquer au marché européen, est peut-être un précurseur. Sans doute qu’elle sera suivie par d’autres jeunes pousses chinoises dans les secteurs de la vente en ligne, des réseaux sociaux, des médias ou encore de l’intelligence artificielle.