En novembre 2021, la bourse de Pékin a été officiellement lancée dans le but de créer une place boursière dédiée aux PME chinoises. Cette ouverture s’inscrit dans une stratégie globale de réforme du marché des capitaux en Chine.
La Chine compte désormais quatre places boursières. Après Shanghai, Shenzhen et Hong-Kong, le gouvernement chinois s’est en effet décidé à lancer la BSE (Beijing Stock Exchange) à Pékin (Beijing) en novembre 2021. Cette place boursière est dédiée aux petites et moyennes entreprises (PME) et couvre vingt-cinq secteurs de l’économie chinoise. L’annonce de cette ouverture avait été faite deux mois plus tôt par Xi Jinping, le président chinois. Ce dernier souhaite que cette création s’inscrive dans un vaste plan de réformes du marché des capitaux en Chine.
Une ouverture en pleine guerre économique avec Washington
La raison principale de cette nouvelle place boursière ? Inciter les PME nationales à favoriser une cotation en Chine et non à l’étranger, alors que la guerre commerciale sino-américaine fait rage. Le découplage sino-américain crée en effet des difficultés pour les sociétés chinoises qui sont affaiblies par les difficultés à lever des capitaux aux Etats-Unis. L’arrivée de cette nouvelle bourse pourrait ainsi permettre de franchir certains obstacles de financement. De même, les autorités de régulation boursière de Chine durcissent leurs règles pour empêcher les entreprises nationales de rejoindre le marché américain.
En réservant les introductions boursières de Pékin aux PME, le gouvernement chinois vise également à accélérer le développement des petites entreprises qui ont du mal à décoller. Ces dernières connaissent souvent des difficultés à accéder aux crédits bancaires car elles manquent de soutien derrière leurs projets. Des difficultés qui se sont accrues depuis deux ans dans un contexte de crise et de ralentissement économique.
Lors de l’ouverture officielle de la BSE le 15 novembre 2021, 80 actions sont échangées. Elles sont issues la plupart de PME spécialisées dans l’innovation et de trois secteurs majeurs : la santé, les produits manufacturés haut de gamme et le logiciel. Ces PME sont presque toutes déjà inscrites sur le réseau NEEQ, une plateforme boursière qui propose des échanges aux PME avant de tenter leur introduction en bourse. Il s’agit pour les entreprises de trouver des fonds avant de tenter le pari boursier. Ces PME sont donc déjà bien préparées pour la capitalisation et ne se lancent pas à corps perdu dans leur nouvelle aventure boursière.
Dynamiser les innovations technologiques
Un autre objectif affiché par Xi Jinping et son gouvernement est d’atteindre une « prospérité commune » en Chine. Cette bourse vise donc à réduire les écarts de richesse en permettant à de petites entreprises de créer de la valeur autour de projets qu’elles ont initialement du mal à financer. Les autorités chinoises parlent aussi de modernité et d’accélérateur de l’innovation technologique grâce à cette nouvelle place boursière. Selon elles, l’accès à ce marché pourrait susciter davantage d’initiatives dans les secteurs technologiques.
Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour savoir si cette bourse dédiée aux PME saura apporter la dynamique escomptée. Le lancement a été assez faible (à peine 1 % des valeurs combinées quotidiennes enregistrées à Shanghai et Shenzhen) mais les bilans ne peuvent être encore tirés car beaucoup d’actionnaires ont profité de l’introduction de leurs entreprises pour vendre leurs parts et ainsi tirer des bénéfices immédiats. Selon les observateurs interrogés par les différents médias, la réussite de la BSE dépendra exclusivement de la crédibilité des entreprises cotées : si leur projet et leur crédibilité ne sont pas suffisamment garantis, les investisseurs ne se risqueront pas.
La nouvelle bourse de Pékin dépendra aussi de la capacité du gouvernement chinois à réussir le retour de ses grandes entreprises sur ses places boursières, à l’image du come-back réalisé par le géant Alibaba à Hong Kong. La dynamique générale des trois principaux marchés chinois influencera sans aucun doute l’activité du nouveau venu.
Photos : challenges.fr et rtbf.be