Après Facebook et Twitter, Snapchat prépare son entrée en Bourse. Comme les deux géants, le réseau social aux 150 millions d’utilisateurs quotidiens tente la périlleuse aventure boursière. Une entrée en Bourse est une levée de fonds sur un marché publique donc une opportunité bien tentante de pouvoir financer de nouveaux investissements et de se développer. Certains ont cependant connu le revers de la médaille.
Lancée en 2011, l’application Snapchat a su trouver sa place sur le marché des réseaux sociaux. La marque voit loin et prépare sa diversification. Ainsi, elle a dernièrement commercialisé un nouvel objet connecté : des lunettes de soleil qui intègrent une caméra miniature. Un changement de stratégie qui se symbolise aussi par un changement de nom : depuis septembre dernier, la société Snapchat est devenue Snap Inc.
Un nouveau nom pour de grandes ambitions : le réseau social prépare une entrée en Bourse qui devrait se concrétiser en mars 2017. La société serait alors valorisée entre 20 et 25 milliards de dollars, lui permettant de générer des liquidités nécessaires pour poursuivre sa nouvelle stratégie. Si aujourd’hui son chiffre d’affaires est évalué entre 250 et 300 millions de dollars en 2016, les prévisions le portent, grâce à la mise en place de la publicité ciblée, à un milliard de dollars pour 2017.
Une stratégie financière qui pourrait permettre à Snap Inc. de se positionner en concurrent gênant face à Facebook ou Google. Mais elle n’est pas sans risque, comme ont pu l’observer les autres réseaux sociaux qui ont tenté l’aventure boursière.
Facebook : des débuts chaotiques
Facebook fut le premier réseau social à entrer en Bourse. C’est en mai 2012 que Mark Zuckerberg annonce l’opération, dans le but de trouver de liquidités pour se développer. Afin de maximiser la valorisation, l’action est fixée à 38 dollars, fourchette haute des propositions des institutions financières spécialisées. Et ce sont près de 421 millions d’actions qui sont mises sur le marché.
Mais l’entrée est un fiasco : l’action chute de 20 % en trois jours. Un échec qui se transforme bientôt en scandale : le bug au Nasdaq, la surévaluation de la société, des prévisions de croissance révisées sans que les investisseurs externes n’en soient avertis. D’ailleurs ces derniers, se sentant floués, portent plainte.
Ce départ catastrophique aurait donc pu signer la perte du réseau social. Mais en un an, l’action retrouve son cours grâce au développement de la publicité sur smartphone et tablettes, qui va rapidement représenter près de 40 % de ses recettes publicitaires. Depuis Facebook a su réagir, se développer et innover : le cours de l’action est aujourd’hui à 120 dollars.
Le contre-exemple parfait
Un an plus tard, c’est au tour de Twitter de rentrer en Bourse. Le petit oiseau bleu tire les enseignements de l’expérience de Facebook pour préparer la sienne. 555 millions de titres sont émis, l’action est fixée à 26 dollars. La première journée est un franc succès et la séance clôture avec un cours de l’action à 44,9 dollars. Twitter est alors valorisé à 24,9 milliards de dollars, malgré de forts doutes sur son potentiel de rentabilité d’ici 2015.
Mais aujourd’hui l’action s’est effondrée, en passant à 18 dollars. La société est désormais valorisée à 14 milliards de dollars. Elle n’a toujours pas généré le moindre bénéfice en dix ans d’existence, bien qu’elle compte 313 millions d’utilisateurs mensuels actifs. Le réseau social est apprécié des célébrités et des journalistes, mais a du mal à diversifier son audience. Twitter serait aujourd’hui à vendre. Google et Disney s’y seraient intéressés de près avant de se désister. L’avenir de la twittosphère semble bien incertain.
Ainsi les réseaux sociaux se laissent successivement tenter par les marchés boursiers et l’attrait liquidités conséquentes utiles à leur croissance. Mais la perte de contrôle engendrée peut aussi marquer la fin de l’aventure. Snap Inc. est donc prévenu : une entrée en Bourse, c’est quitte ou double ! Cependant si la société parvient à développer ses revenus publicitaires et réussit la diversification de ses activités, les experts lui prédisent tout de même de beaux jours.