Le Vietnam affiche toujours des taux de croissance élevés depuis une trentaine d’années et peut viser le top 20 des économies mondiales d’ici 2050. Un succès économique qui repose sur des secteurs clés mais qui n’est pas sans danger d’un point de vue environnemental.
Le Vietnam vient d’achever son année 2018 avec un taux de croissance de 7,08 %. Un chiffre légèrement supérieur à celui de l’année précédente (6,8 %) qui traduit l’excellente dynamique traversée par ce pays d’Asie du Sud-Est. Si son record de croissance date de 2007 avec 8,5 %, la période actuelle demeure prometteuse et légèrement au-dessus des chiffres qui étaient attendus au début de l’année.
En l’espace de trente ans, le pays au gouvernement communiste a délaissé l’économie planifiée pour l’économie de marché. Il est passé d’un statut de pauvreté extrême au 46e rang du classement mondial du PIB. Les taux affichés et les espérances pour les prochaines années suggèrent qu’il pourrait entrer dans le Top 20 des économies mondiales d’ici à 2050.
Des secteurs clés
Pour parvenir à maintenir ce niveau de croissance, le pays s’est focalisé sur quelques secteurs clés dans lesquels il a su afficher une compétitivité et une compétence qui a attiré les investisseurs étrangers. Ainsi, les produits manufacturés d’usine (chaussures, textiles…), le pétrole brut (20 % du commerce extérieur) ou la pêche sont traditionnellement des points forts de l’économie nationale qui exporte énormément en direction des Etats-Unis, de la Chine, du Japon, de la Malaisie, de l’Australie ou encore du Royaume-Uni.
Le Vietnam a aussi développé d’autres compétences : les assemblages électroniques et la production de pièces à destination des secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. De nombreux éléments sont fabriqués sur place en raison d’une main d’œuvre qualifiée mais beaucoup moins coûteuse qu’ailleurs.
Les marques occidentales s’installent
Grâce à l’augmentation progressive du niveau de vie, les habitants ont davantage accès à la consommation des marques occidentales dont les enseignes se multiplient et ils se déplacent beaucoup plus en avion. Le secteur de l’aviation est aujourd’hui en plein essor et les lignes intérieures se développent pour satisfaire plus de 92 millions d’habitants et de nombreux touristes au sein d’un territoire très étendu du nord au sud (plus de 3.000 km de frontière maritime).
Dans ce contexte, Edouard Philippe, le Premier ministre français, est venu en novembre 2018 à Hanoï pour présider à la signature de divers contrats entre les deux pays, dont une commande de 50 Airbus pour plus de cinq milliards d’euros. Un timing pas anodin pour la France qui espère profiter de la bonne santé du Vietnam pour conclure des accords commerciaux (plus d’une soixantaine de représentants d’entreprises françaises ont accompagné le chef du gouvernement) et imprégner un peu plus le marché local.
Une alternative à la Chine mais quelques bémols
La concurrence est toutefois rude car de nombreux gouvernements et industriels ont compris l’intérêt qu’il y avait à investir dans un pays qui se veut une alternative – plus qu’un rival – à la Chine dans cette région, particulièrement dans le domaine maritime. Hanoï veut tirer profit de la crise des échanges commerciaux qui sévit actuellement entre les Etats-Unis et la Chine. Pour ce faire, elle cherche à séduire de nouveaux partenaires et aimerait, en parallèle, se rapprocher de l’Inde pour bâtir un axe indo-pacifique permettant de rivaliser avec l’immense empire économique chinois.
Le bémol à apporter à cette croissance ininterrompue du Vietnam depuis trente ans concerne le volet environnemental. Des ONG tirent la sonnette d’alarme pour prévenir du désastre écologique qui pourrait se dessiner au sein d’un territoire en pleine mutation environnementale. En dix ans, plus de 700 km² de zones rurales se sont transformés en aires urbaines car les populations migrent vers les villes, où l’offre de travail est plus importante.
Le Vietnam est de plus en plus consommateur d’énergie et il doit penser à délaisser le charbon au profit d’énergies renouvelables. Il prévoit de réduire de 40 millions de tonnes son utilisation du charbon d’ici à 2030, afin de montrer patte blanche dans le cadre des accords de Paris sur le climat. Le Global Green Growth Institute (GGGI), une organisation intergouvernementale, met en œuvre des plans pour aider le Vietnam à tendre vers un développement durable. A l’heure d’une prise de conscience écologique mondiale, cette voie est indispensable pour que la croissance vietnamienne demeure pérenne.