La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) est une banque d’investissement proposée par la République populaire de Chine dans le but de concurrencer le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. Egalement créée pour répondre au besoin croissant d’infrastructures en Asie du Sud-Est et en Asie centrale, cette banque s’inscrit dans la stratégie de la nouvelle route de la soie développée par la Chine.
L’idée de création de cette banque est évoquée pour la première fois en octobre 2013, lors d’une visite du président chinois Xi Jinping en Indonésie. L’objectif est de favoriser le développement des pays asiatiques et l’intégration économique régionale en répondant aux besoins d’infrastructures. Il s’agit également de mettre en place des institutions financières internationales moins dépendantes des États-Unis et de renforcer le rôle des acteurs régionaux dans la prise de décision. Les pays émergents s’estiment en effet sous-représentés dans les institutions financières existantes.
l’AIIB, sur le papier, essaye de réparer des défauts perçus à la Banque mondiale, la Banque de développement d’Asie et d’autres institutions de développement qui ont été critiquées par la Chine pour être trop lourdes et trop contrôlées par les États-Unis. Aucun pays seul n’aura le droit de veto à la nouvelle AIIB ce qui a été la clé pour obtenir l’appui européen.
En octobre 2014, une cérémonie de lancement de l’établissement avait lieu à Pékin. Vingt et un pays, dont, la Chine, le Pakistan, le Cambodge, le Kazakhstan, le Sri Lanka ou encore l’Ouzbékistan, signèrent alors un mémorandum d’entente pour construire la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures.
Le Royaume-Uni, la France membres de la BAII malgré la grogne américaine
Ces pays décidèrent d’offrir la possibilité à d’autres pays de devenir membres fondateurs en déposant une candidature avant le 31 mars 2015. Dans un premier temps les États-Unis, le Canada et le Mexique ont refusé de s’y joindre, Washington étant particulièrement critique vis-à-vis du nouveau projet. La Maison Blanche a même fait pression sur ses alliés, pour qu’ils n’adhèrent pas. Malgré cela, quatorze pays européens dont la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne ont rejoint le projet. C’est ainsi presque toute l’Europe occidentale, à l’exception de la Belgique et l’Irlande, qui a officiellement adhéré à l’AIIB.
Isolés, les États-Unis annonçaient, le dernier jour avant la date limite, leur volonté de coopérer avec l’organisation. Logiquement, les dirigeants du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement exprimaient également leur désir de coopération avec cette nouvelle institution.
Des incertitudes et des ambiguïtés mais une banque nécessaire
En réussissant à attirer 57 pays comme membres fondateurs, malgré les pressions exercées sur ses alliés par Washington, la Chine a remporté un succès diplomatique éclatant et elle a fait une entrée en scène retentissante dans la gouvernance mondiale. Sur le plan économique, la BAII se justifie pleinement, mais des incertitudes et des ambiguïtés demeurent sur son caractère authentiquement multilatéral et son mode de gouvernance. La création de cette banque multilatérale comme une alternative – complémentaire ou rivale, l’avenir le dira – à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement (BAD) répond incontestablement à des besoins en Asie.