Lagos, la ville la plus peuplée d’Afrique
Du Nigeria, la première image qui vient en tête c’est l’incroyable effervescence de sa capitale, Lagos : 11,2 millions d’habitants recensés en 2011. Le New York Times estime même aujourd’hui cette population à 21 millions, faisant de Lagos la ville la plus peuplée d’Afrique qui dépasse ainsi le Caire.
Une ville gigantesque, surpeuplée et souffrant à la fois d’infrastructures routières déficientes, de fréquentes coupures d’électricité et devant faire face à une croissance exponentielle autant que mal maîtrisée de sa population. Une ville qui abrite en plus de 42 bidonvilles, dont l’un des taudis les plus grands du continent surnommé la petite « Afrique de l’Ouest » en raison des migrants venus de tout le continent et d’une natalité élevée. Une ville qui participe aussi à la croissance économique à hauteur de ¼ du PIB du pays et attire de nombreux investisseurs. Une ville aussi, où une nouvelle politique de réformes urbaines permettra des améliorations dans le quotidien des habitants.
La croissance économique du Nigéria déjà supérieure à celle de l’Afrique du Sud
Le Nigéria Malgré tout, un récent rapport de Renaissance Capital, banque Russe spécialisée dans les pays émergents, mais également les conclusions des économistes de Morgan Stanley ou encore ceux de Citigroup prévoient tous que le Nigeria sera d’ici 2025 la première puissance économique d’Afrique, dépassant même l’Afrique du Sud.
Outre un nouveau système de calcul du PIB, prenant en compte l’évolution des prix ainsi que celui de la production et qui permettra son augmentation de 40%, la croissance économique du Nigeria est déjà bien supérieure à celle de l’Afrique du Sud, actuel leader du continent. 6,6 % pour l’un, 2,5 % pour l’autre, ce qui permettra au Nigeria selon les analyses de ces économistes d’atteindre 400 milliards de dollars en 2016.
Des réformes mises en œuvre, rénovation urbaine et ouverture sur le reste du continent Africain.
Cet espoir de croissance s’appuie avant tout sur les recettes pétrolières mais aussi sur différents secteurs comme les télécommunications, le BTP, le commerce, la restauration ou l’hôtellerie ainsi que sur exportation en hausse des produits manufacturés.
Cette croissance s’appuie également sur des efforts de rénovation urbaine, sur une meilleure gestion de l’urbanisme, sur différentes réformes mises en œuvre, sur une amélioration des infrastructures, sur une place financière en excellente santé ainsi que sur la promesse de lutte contre la corruption qui gangrène littéralement le pays.
Des progrès économiques qui ont été soulignés notamment par la Banque Mondiale qui salue également les différents partenariats du Nigeria avec ses voisins africains et l’ouverture du pays sur le reste du continent, voire du monde.
Des efforts attendus dans la lutte contre la corruption
Reste que le Nigeria doit intensifier sa lutte contre la secte islamiste de Boko Haram dans le nord du pays, dont les agissements font fuir les investisseurs étrangers et créent des tensions ainsi que des violences dans tout le pays, y compris dans sa capitale.
Reste aussi que le Nigeria doit faire face à un manque criant d’infrastructures, aujourd’hui encore les coupures de courant sont fréquentes et nombreuses. Le Nigeria doit aussi accentuer sa lutte contre la corruption que d’aucuns jugent insuffisante voire mensongère.
Un fossé entre élite et population à combler.
Le Nigeria devra également réduire les inégalités entre une élite privilégiée et des millions de pauvres en favorisant davantage l’émergence de sa classe moyenne afin de favoriser les changements politiques. Une classe moyenne qui sert de contre-pouvoir en créant un pont entre la classe dirigeante et la société civile, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays d’Afrique.
Le projet Eko Atlantic de construire une ville dans la ville, projet immobilier d’envergure d’une île artificielle de 10 km² au large de Lagos ne va clairement pas en ce sens.
Un futur carrefour d’affaires qui risque de n’être qu’une vitrine brillante et trompeuse du Nigeria, un symbole de ses inégalités qui offre à une minorité privilégiée ce à quoi l’immense majorité des Nigérians ne peut encore que rêver.Une « ville dans la ville » dont sa propre centrale électrique lui permettra d’ignorer encore la souffrance énergétique du reste de la population.
Une ville dans la ville, avec son propre réseau d’eau potable, son propre service de sécurité, qui accueillera 250000 privilégiés, des bureaux et des centres commerciaux, de quoi faire de ce projet immobilier la « Dubaï de l’Afrique ».