Se basant sur les modèles des fintech, les insurtech développent des produits destinés aux assurances grâce aux nouvelles technologies. Une manière de repenser et de révolutionner le secteur de l’assurance qui commence à trouver son public depuis quelques mois.
Associer le monde de l’assurance aux nouvelles technologies va devenir commun. Cela s’appelle l’insurtech ou assurtech en français (pour assurance et technologies), et directement calqué sur le modèle des fintech qui allient finance et technologie. Les fintech se développent d’ailleurs massivement depuis une bonne dizaine d’années, tandis que l’insurtech ne décolle qu’à peine. Ainsi fin 2016, l’insurtech ne représentait que 8 % des investissements fintech.
Ces derniers mois, les regards changent de la part des assureurs traditionnels et de gros investissements ont été réalisés afin de penser l’assurance autrement. Il s’agit de l’associer à la technologie autour du big data, de la santé connectée, du machine learning et de la cyber-sécurité.
Autrement dit, mettre tout le savoir-faire de l’IA et des produits connectés au service d’une assurance qui deviendrait alors plus intelligente, plus rapide, plus adaptable et plus calquée sur les besoins des consommateurs en proposant des nouveaux modèles moins rigides qui permettraient aussi de limiter les risques pour les compagnies.
La France, 5e marché mondial des assurances
La France est un marché très réglementé en matière d’assurance, cela participe donc à faire de l’Hexagone le cinquième marché mondial après les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon et la Chine. Dans ce contexte, des levées de fonds très importantes ont été effectuées pour développer des insurtech qui affichent aujourd’hui autant de belles promesses que leurs aînées des fintech.
Dernière en date : Akur8 qui vient de réaliser une levée de fonds de huit millions d’euros auprès de BlackFin Capital Partners et MTech Capital. Désormais capitalisée à dix millions d’euros, la start-up parisienne qui emploie déjà 25 collaborateurs, devrait accélérer son arrivée sur le marché américain et européen en s’appuyant sur sa solution SaaS Pricing développée depuis bientôt deux ans. Il s’agit d’une technique d’IA qui génère automatiquement des modèles de risque pour les compagnies d’assurance qui doivent habituellement le faire manuellement et de manière chronophage. En appliquant ce procédé, la compagnie d’assurance peut aller dix fois plus vite et ainsi traiter davantage de dossiers et de données.
L’une des insurtech les plus connues est Alan, qui a vu le jour en 2016 et qui a depuis réalisé une levée de fonds de 40 millions d’euros début 2019, record dans le secteur. L’objectif d’Alan est de proposer une couverture santé à la fois plus transparente et plus rapide. D’abord tournée vers les professionnels et les indépendants, la start-up s’est depuis ouverte aux particuliers de certains secteurs (hôtellerie-restauration par exemple) et s’est ouverte à l’international.
Les limites d’une trop grande numérisation de l’assurance
Pour le consommateur aussi, l’insurtech sera une révolution. En s’appuyant sur des systèmes automatisés et rapides, plus besoin de passer par un conseiller, la couverture pouvant être obtenue en quelques clics sur un appareil mobile connecté. Toutefois, le recours au tout numérique dans le secteur de l’assurance peut avoir des conséquences négatives pour le consommateur : l’émergence des chatbots, ces interlocuteurs automatisés qui traitent et répondent aux demandes d’indemnisation en ligne, laisse déjà entrevoir des rapports déshumanisés. Cette absence d’humain peut générer des sentiments d’abandon et d’incompréhension pour le consommateur, au moment de gérer des catastrophes humaines ou naturelles.
Toujours est-il que suivant le modèle de la banque en ligne, celui de l’assurance devrait emboîter le pas dans les mêmes proportions. Et nous pourrions imaginer un monde dans lequel le consommateur confie d’abord une petite assurance qui ne serait pas stratégique avant de peu à peu, se laisser tenter par l’idée de donner l’intégralité de ses couvertures à une insurtech.
Une perspective d’avenir qui inciterait les assureurs traditionnels à se pencher encore davantage sur ces solutions d’intelligence artificielle qui devraient bouleverser peu à peu leur modèle.
Photos : W7news.com / iii.org / Mindfintech.fr