L’économie est une affaire de cycles. Tout au long de l’Histoire, une pléiades de crises économiques et financières se sont succédées. Durant ces périodes, la valeur de la plupart des actifs chutent, voire s’effondrent simultanément. Lorsque la situation économique est tendue, les investisseurs tentent de se protéger en se ruant sur des placements considérés comme sûrs, moins sensibles aux fluctuations du marché. Ces actifs sont appelés des valeurs refuges.
L’or, la première valeur refuge
Le métal jaune a toujours été synonyme de richesse. La valeur de l’or provient principalement du fait qu’il existe de manière physique, et donc de pouvoir être stocké et échangé de nombreuses manières (lingots, bijoux, pièces…). Depuis des millénaires, il est très prisé pour ses caractéristiques chimiques et son utilité dans de nombreuses industries.
En outre, le cours de l’or n’est pas directement lié aux fluctuations des marchés financiers. Si la plupart des actions dépendent des résultats d’une société, le métal jaune quant à lui repose uniquement sur l’opposition entre l’offre et la demande des acheteurs face aux vendeurs.
Puisqu’il est historiquement considéré comme une valeur refuge, plus la situation économique est instable, plus le prix de l’or croît. De plus, ses stocks sont physiquement limités. En conséquence, la production ne peut indéfiniment augmenter pour compenser une hausse de la demande. Du fait de cette rareté, la seule variable applicable au métal est le cours de l’once d’or.
Même le taux des emprunts d’État sur les marchés, qui sont en temps normal considérés comme des valeurs de référence, n’ont pas d’influence sur la valeur de l’or. Seule perdure la loi de l’offre et de la demande.
Le refuge de pierre
Les experts considèrent souvent l’immobilier comme la définition même de la valeur refuge, surtout chez les particuliers. Évidemment, la valeur d’un bien immobilier subit des variations issues de nombreux facteurs. L’emplacement, la tendance démographique, la conjoncture économique… Cependant, les l’immobilier ont, plus encore que l’or, l’avantage d’être des biens physiques et tangibles.
Dans l’imaginaire collectif, il apparaît comme solide. Dans les faits, l’immobilier a effectivement une valeur d’usage, qui répond au besoin fondamental de se loger, comme illustré dans la fameuse pyramide de Maslow. L’immobilier dispose aussi d’une forte valeur d’échange puisqu’il peut être loué ou vendu, ce qui lui permet d’avoir du rendement, soit de récupérer au moins une partie du capital investi.
Aussi, un atout indéniable de l’immobilier est sa vocation à durer dans le temps. Son détenteur peut ainsi se projeter sur plusieurs années, décennies, voire plusieurs générations. Puisque le bien peut être vendu ou hérité, les différents changements du prix liés à la conjoncture auront généralement moins d’impact sur le bien immobilier à long terme.
Le coffre-fort suisse
La monnaie helvétique tient sa réputation de valeur refuge de la stabilité du pays, ainsi que de son faible endettement. Historiquement, politiquement, financièrement… la Suisse apparaît comme insensible aux différents chocs qui bouleversent le monde depuis les années 30. Alors que les autres monnaies s’effondrent les unes après les autres, les grandes réserves d’or du pays ont permis à la devise de se maintenir durant la Grande Dépression.
En 1945, la Suisse a refusé de s’aligner aux accords de Bretton Woods qui ancrent les monnaies sur le dollar américain. Ces accords tombent en 1971 avant que les monnaies du monde s’accordent de nouveau en fonction de l’étalon-or. Le franc suisse a ensuite pu ré-ouvrir son coffre-fort, et en ressortir plus puissant que jamais.
Si la devise helvétique a également tenu bon durant la crise de 2008, sa qualité de valeur refuge commence à s’effriter depuis quelques années, de nombreux analystes lui préférant maintenant le yen ou le dollar.
Cependant aucune valeur n’est jamais totalement à l’abri, et que les marchés économiques sont tous soumis à divers changements. Ces valeurs dites refuges doivent avant tout être un moyen de diversifier son portefeuille d’action, et non un panier dans lequel placer tous ses œufs.
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