Raffermir les liens entre la France et la Chine, faire profiter les entreprises françaises des fruits de la croissance chinoise et soutenir les entreprises présente sur le territoire: voilà les objectifs du voyage de François Hollande en Chine il y a quelques semaines. Avoir des entreprises en Chine semble aujourd’hui être la planche de salut de l’économie française. Avec quelle réussite pour ceux qui franchissent le pas et s’implantent ?
Les échanges commerciaux entre les deux pays progressent. Si la France a un solde négatif de 27 milliards de dollars sur un total de 50 milliards de dollars (40% du déficit de la France) par rapport de la Chine, celui s’explique essentiellement par l’importation de produits textiles et de l’électronique.
Des liens commerciaux importants
La part des importations françaises en Chine s’établit à 1.3%, au même niveau que l’Italie ou le Royaume-Uni, mais loin derrière l’Allemagne (à 5.3%). Cette faiblesse apparente du Made In France et des entreprises françaises à l’exportation est compensée par le dynamisme des entreprises présentes sur le territoire, plus de 1500, ce qui est inégalé en Europe.
Les entreprises françaises les plus présentes et les plus dynamiques sont celles qui gèrent la construction d’infrastructures (transports, construction, nucléaire civile), les services, comme la gestion de l’eau ou des déchets, et l’industrie agro-alimentaire . Dans ces secteurs à forte valeur ajoutée, la France bénéficie d’une image de marque positive, axée sur la qualité des produits.
La perception de la France en Chine
Le capital de sympathie dont bénéficie l’hexagone facilite les relations. Politiquement, la France est l’un des premiers pays à avoir reconnu la République Populaire de la Chine en 1964. Aussi, les échanges culturels, qui remontent au 17ème siècle, ont été prolongés depuis et approfondis. L’image de la France, en Chine comme ailleurs, est celle du luxe, de la haute gastronomie et d’une certaine manière de vivre .
La France est évoquée par les Chinois pour les cosmétiques, les vêtements, parfums et alcool . Les Chinois associent au luxe les maisons Louis Vuitton (39 %), Chanel (17 %), Gucci (7 %), Hermès (6 %) et Christian Dior (5 %), soit 4 marques françaises sur 5, ce qui est un signe positif. Cette image du luxe est intéressante car typiquement le « Made in France » est un produit inimitable.
Des perspectives de développement
Sur le marché du luxe, la France est présente et reconnue, notamment grâce aux groupes LMVH, Hermès et Chanel. C’est un secteur français en pleine expansion qui n’a pas subi la crise économique, surtout grâce aux exportations vers les pays de l’Asie.
En 2015, la Chine devrait devenir le premier marché du luxe, avec une croissance à deux chiffres de 2010 à 2012 , alors que la population adopte une partie des gouts occidentaux, comme le costume ou les parfums. Le cœur de cible visé est constitué de 10 millions de Chinois, qui détiennent 40% des richesses du pays. Le luxe, bien implanté en Chine, devrait poursuivre sur sa lancée et profiter aux entreprises françaises.
La récente visite de F. Hollande en Chine avait pour objectif la signature de contrats, en particulier dans le secteur de l’agroalimentaire . La France est le 8ème fournisseur de produits alimentaire en Chine, le premier marché mondial ! Les scandales alimentaires qui y défrayent la chronique ont augmenté la demande chinoise pour des produits réputés et plus sûrs. Et, malgré le récent scandale de la viande de cheval en Europe, la dureté et le renforcement des règles de sécurité et de transparence devrait favoriser la notoriété des produits français.
Un impératif de plus en plus présent : l’adaptation à la culture chinoise de l’entreprise
La Chine passe du statut de puissante émergente au statut de grande puissance, bientôt la première économie au monde, avec le plus grand marché de consommateur. Atteindre ce marché garanti une réussite économique mondiale. Laurence Parisot, la Présidente du MEDEF, a souligné, lors du gala de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris de 2012, que le leadership mondial des entreprises ne pouvait plus aujourd’hui se passer de leur réussite en Chine.
Mais cela n’a rien d’évident. La décision politique, l’administration et la culture de négociation sont spécifiques au pays. Négliger la culture et l’importance du politique (et de la corruption) avait entravé le développement de E. Leclerc Grande Distribution en Chine dans les années 1980.
Alors que la Chine venait tout juste de s’ouvrir au commerce international, les responsables de Leclerc ont dû faire face à de nombreuses difficultés, dont la gestion des négociations, le rapport au temps et les modes de communication . Aujourd’hui la réussite d’une compagnie en Chine ne peut se faire sans l’intégration des particularités du modèle chinois.
La compétitivité et les investissements français en Chine patinent
Alors que l’Allemagne a un déficit commercial de seulement 10 milliards de dollars avec la Chine, les industries françaises peinent à exporter et s’implanter . « La France ne produit plus ce qui sert l’économie chinoise, contrairement à l’Allemagne avec ses machines-outils et ses voitures », rappelle Valérie Niquet, spécialiste de la Chine à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Face à ses voisins, mieux pourvus d’usines et mieux implantés, la situation française parait délicate à pousser et à approfondir. La réussite économique des entreprises françaises en Chine n’a rien de certain.
De plus, si avant la Chine était dépendante des importations européennes et française, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La Chine se tourne de plus en plus vers les pays de l’Asie pour ses importations et elle pourra se passer des flux financiers européens dans quelques années. Pourtant la France a besoin du dynamisme chinois : l’année dernière, la France a évité à la récession grâce aux exportations vers l’Asie, le dynamisme de ses entreprises à l’étranger et le tourisme asiatique… A bon entrepreneur salut !