Reprendre une entreprise familiale est toujours un défi. Alors que l’on pardonnera un échec à un jeune patron de start-up, celui qui reprend l’affaire familiale n’a pas le droit à l’erreur.
Il faut donc avoir les épaules solides pour supporter le poids du passé, se montrer digne de son héritage mais aussi savoir prendre des risques et innover. C’est ce que s’efforce de faire Eric Sauer, patron de Max SAUER S.A.S.
En 1991, Eric Sauer a repris la tête de l’entreprise familiale Max SAUER S.A.S. Propriété de sa famille depuis le milieu du XIXe siècle, cette société spécialisée dans la création de produits haut de gamme à destination des artistes peintres est une référence.
J’ai rencontré ce chef d’entreprise attaché à ses racines, mais bien décidé à faire croître son entreprise et à développer l’héritage de ses ancêtres.
Eric Sauer, président de Max SAUER S.A.S.
L’interview
LE BLOG FINANCE : Eric Sauer vous êtes à la tête d’une société appartenant à votre famille depuis des décennies. Prendre la suite de vos aïeux était donc une évidence ?
Eric Sauer : Avant moi, quatre générations de Sauer ont tenu les rênes de l’entreprise, celle-ci fait donc évidemment partie intégrante de l’ADN de ma famille. Néanmoins, je n’ai jamais subi de pression particulière pour reprendre le flambeau.
Ma prise de fonction résulte plutôt d’une réflexion mûrie pendant plusieurs années et construite au fil de mon parcours professionnel.
LE BLOG FINANCE : Vous n’avez donc pas débuté votre carrière chez Max SAUER S.A.S. ?
Eric Sauer : En effet. J’ai toujours été curieux, à la recherche de nouvelles expérience. Après mes études j’ai travaillé pendant quatre ans pour de grands groupes internationaux, en occupant des postes variés. Cette période m’a permis de découvrir une large palette de métiers et de secteurs.
J’ai ainsi commencé ma carrière comme Directeur Administratif & Financier dans un hôtel du Groupe Accor en Sierra Leone pendant deux ans, avant de rentrer en France en tant que commercial chez Xerox.
Par la suite, j’ai intégré la Société Générale pendant un an, ce qui m’a permis de découvrir le monde de la banque. En fait, ces quatre années ont été le prolongement parfait de mes études, puisqu’elles m’ont permis de poursuivre ma formation tout en accumulant de l’expérience avant de suivre les traces de mon père.
LE BLOG FINANCE : Pouvez-vous justement nous expliquer comment s’est déroulée votre arrivée dans l’entreprise familiale ?
Eric Sauer : Lorsque l’on a l’ambition de reprendre une entreprise familiale, la première règle est de savoir faire preuve d’humilité. Il était de fait hors de question d’intégrer la société en tant que Président. D’autant plus que mon père était toujours en activité lors de mon arrivée !
J’ai donc commencé en 1988, en tant que responsable des filiales. Basé à Paris, j’ai pu faire mes armes et apprendre à développer les activités de la société. Jusqu’en 1991, j’ai ainsi occupé ce poste rassemblant des responsabilités aussi bien opérationnelles que managériales.
Cette période m’a permis de me frotter au business familial et d’apprendre les ficelles du métier. Ce fut aussi l’occasion d’exploiter tout ce que j’avais appris lors de mes précédents postes. Bref, un vrai baptême du feu !
LE BLOG FINANCE : Quand avez-vous concrètement commencé à diriger l’entreprise ?
Eric Sauer : En 1991, j’ai quitté Paris pour Saint-Brieuc, le siège historique de Max SAUER SAS. Nommé au poste de Directeur Général, c’est à partir de là que j’ai vraiment commencé à apprendre mon métier de chef d’entreprise.
Durant deux ans, mon père m’a fait part de son expérience et de ses conseils, jusqu’à ma nomination en 1993. Depuis, je dirige la société et j’essaie chaque jour d’être à la hauteur de cet héritage.
LE BLOG FINANCE : Vous êtes donc à la tête de l’entreprise depuis plus de 20 ans maintenant. De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui ?
Eric Sauer : Lorsque l’on dirige une entreprise, a fortiori une société familiale, je crois qu’il ne faut jamais être totalement satisfait et toujours essayer d’aller plus loin. Mais il y a bien sûr certaines réussites dont je suis particulièrement fier.
Aujourd’hui, nous possédons des marques fortes comme Raphael, Sennelier et Isabey. Ces noms sont des références incontournables pour tous les artistes et c’est un vrai plaisir de contribuer à leur développement.
Autre source de fierté : avoir su franchir le pas de l’international. Pour une société basée en France depuis deux siècles, ce n’était pas une mince affaire.
Aujourd’hui, nos produits sont distribués dans cinquante pays à travers le monde. Notre savoir-faire est donc de plus en plus reconnu hors des frontières françaises et tout le défi des prochaines années sera de pérenniser notre présence sur ces nouveaux marchés. L’aventure continue !