Depuis bientôt sept ans, il est possible de lever des fonds en monnaie numérique en passant par des ICO (Initial Coin Offering), alternatives aux IPO, les financements traditionnels d’entreprises par le marché. Avec cette offre, la levée de fonds se matérialise grâce à l’acquisition d’allias numériques tels les jetons ou les tokens qui sont troqués sur une plateforme blockchain certifiée et sécurisée. Alors qu’elles existent depuis 2013, ce processus a connu une envolée spectaculaire depuis 2017.
Les jetons émis par l’initiateur de l’ICO peuvent être acquis grâce à une cryptomonnaie (Bitcoin pour la plus connue par exemple). Une fois acquis, les allias numériques peuvent être revendus ou échangés. Dans la majorité des cas, les jetons n’offrent pas de parts de capital comme dans les IPO mais simplement le droit d’utiliser les services de la start-up qui a procédé à l’ICO.
Sauf exception, celui qui acquiert un jeton n’a aucun droit en matières de capital ou de dividende de l’entreprise. La start-up choisit elle-même la valeur du jeton et la quantité qu’elle souhaite distribuer. Un tribut doit être concédé par l’entreprise aux plateformes d’échange afin qu’elles cotent les jetons émis.
12 millions d’euros levés en moins de 3 heures pour iExec
Depuis les premières ICO en 2013, le procédé a explosé. Ainsi entre 2017 et 2018 il y a eu une hausse de 130 % de montants levés et à une augmentation de 238 % du nombre de levées. Au total, depuis la première ICO, ont été recensés plus de 5.100 opérations qui ont provoqué la levée de plus de 24 milliards de dollars au total.
En France, la plus grosse ICO a été réalisée par DomRaider, une start-up spécialiste du référencement en ligne. En effet en octobre 2017, l’entreprise a atteint 65,89 millions d’euros via sa ICO. En avril 2017, c’est iExec, start-up lyonnaise possedant une plateforme de location de puissance de calcul, a réussi à lever plus de 12 millions d’euros en moins de trois heures !
Pour les créateurs d’une start-up, les ICO sont une aubaine pour accélérer le développement d’un projet grâce à d’importants financements. Certaines entreprises sont cependant méfiantes et regardantes vis-à-vis de l’origine de leurs investisseurs puisque généralement, les utilisateurs des plateformes blockchain sont anonymes. Des start-up demandent ainsi des informations personnelles aux futurs investisseurs et exigent le chargement d’une pièce d’identité.
… et 375 millions d’euros évanouis dans la nature
Le risque existe aussi à l’inverse pour l’investisseur ! Ainsi en novembre 2017, Cofindo disparaît après avoir levé 375 millions d’euros qui se sont évanouis dans la nature. Il est donc indispensable pour l’investisseur de consulter le livre blanc de l’entreprise qui est à l’initiative d’une ICO. Ce document sert de référence puisqu’il détaille le projet, le business-plan et le modèle souhaité.
La loi Pacte votée en 2019 offre désormais un cadre juridique en France puisqu’elle définit ce qu’est un jeton qu’elle assimile à « tout bien incorporel représentant, sous forme numérique, un ou plusieurs droits pouvant être émis, inscrits, conservés ou transférés au moyen d’un dispositif d’enregistrement électronique partagé, permettant d’identifier le propriétaire dudit bien ». L’Autorité des marchés financiers peut aussi délivrer un visa à un porteur de projet. Si ce dernier n’est pas obligatoire, il a le mérite de rassurer les investisseurs.
Malgré les avancées juridiques et le nombre conséquent de projets réussis, les levées de fonds en cryptomonnaie sont encore au début de leur histoire et représentent des investissements risqués. D’ailleurs les spécialistes et autres acteurs de la finance ne recommandent les ICO qu’aux connaisseurs avertis. Structurer et légiférer apparait donc comme indispensable pour permettre à ce secteur de rassurer les investisseurs et d’augmenter encore plus significativement la puissance de son économie.