Le marché du transfert de devises est en cours de transformation radicale. Il est loin le temps où envoyer de l’argent à l’étranger nécessitait un processus assez fastidieux consistant à passer par sa banque, La Poste ou un établissement spécialisé tel que Western Union, moyennant des frais élevés. Aujourd’hui ce secteur des transferts d’argent est bousculé par l’irruption des FinTech (contraction de Finance et Technology). Ces dernières sont des startups utilisant tous les ressorts du digital pour offrir un service plus flexible, simple et efficace, à moindre coût, que les acteurs bancaires traditionnels.
Un marché du transfert de devises bousculé par l’ouverture à la concurrence
Les acteurs historiques du marché du transfert d’argent ont longtemps bénéficié d’une sorte de rente, profitant de marges confortables. Les intermédiaires se rémunèrent entre 8 et 12 % des montants échangés, soit en moyenne 100 € pour 1000 € envoyés.
L’acte fondateur de la révolution en cours est la directive européenne des services de paiement (DSP) de novembre 2009, qui a ouvert la porte à la libéralisation de ce secteur à des établissements de paiement ne disposant pas de licence bancaire, ce qui ne les oblige plus à s’adosser à des banques ou à La Poste.
Certains établissements tentent de se rassurer à l’instar du leader des paiements internationaux, Western Union dont moins de 10 % de ses flux annuels dans le monde passent par des transactions digitales. Il est vrai que pour le cas de la France par exemple, beaucoup de clients maitrisent mal la langue française et privilégient encore des transactions dans des réseaux d’agence physique ou des points de retrait d’argent pour bénéficier d’un accompagnement dans leur démarche.
L’irruption de digital players a fait baisser le coût des transferts d’argent
L’irruption des FinTech dans le monde, jusqu’alors préservé de la concurrence, de la transaction de devises joue pleinement son rôle d’aiguillon. Selon le Boston Consulting Group (BCG), cette libéralisation du marché a fait baisser les prix des transactions de 2 % en moyenne depuis 2010. En parallèle, ce secteur est très porteur : l’augmentation des migrations de populations surtout en Europe crée un marché croissant de flux d’argent vers les pays d’origine en développement (comme l’Afrique). Les flux de transactions représentent plus de 500 milliards de dollars chaque année avec une croissance de 5 % en moyenne et pourraient atteindre 1000 milliards en 2025.
Les nouveaux acteurs du marché florissant des transferts de devises se comptent par dizaines. Parmi les startups les plus en vue, on peut citer le français Paytop qui propose des transferts d’argent à prix réduit vers 140 pays (8 € pour les sommes supérieures à 150 €). La FinTech anglaise Azimo permet un transfert instantané à 1 € vers 15 pays d’Amérique. Autre startup britannique, TransferWise, prélève par exemple une livre sterling jusqu’à 260 € de transaction. Dans les régions d’Afrique ou d’Asie, où les agences bancaires sont peu présentes, WorldRemit permet le transfert d’argent par le biais de portefeuilles électroniques. En toute logique, ce secteur porteur des offres digitalisées de transfert d’argent crée de nouveaux services tels que les comparateurs d’offres, comme la plateforme Moneytis.
Les acteurs historiques sur le secteur du transfert de devises obligés de prendre le virage digital
Pour faire face à l’entrée en lice de startups innovantes, les entreprises traditionnelles du secteur du transfert d’argent sont obligées de s’adapter et prendre le virage digital. Ainsi Western Union est en train d’opérer un virement sur le Web et le mobile et a élargi son offre aux PME qui peuvent, sur un site dédié, transférer de l’argent de compte à compte. Les particuliers peuvent désormais télécharger une application mobile afin d’envoyer de l’argent aussi simplement que consulter des emails ou surfer sur le Net. Le bénéficiaire peut retirer l’argent en espèces dans un point de vente Western Union. Pour certains pays, on peut envoyer l’argent vers un compte bancaire ou un portefeuille mobile.
De son côté, MoneyGram a noué un partenariat avec la plate-forme Topengo pour permettre à ses clients d’envoyer des devises en ligne et avec Casino pour déployer des kiosques automatiques en France courant 2017. Et desormais les clients de La Banque Postale peuvent opérer des envois d’argent directement du site Internet de l’établissement bancaire vers l’étranger.
Des FinTech bousculent le secteur du transfert d’argent et obligent les leaders historiques à prendre rapidement le virage digital pour s’adapter à cette nouvelle donne. Les clients bénéficient des conséquences favorables de cette concurrence synonyme de baisse des tarifs.