Né à Prague au sein d’une famille de classe moyenne aisée, Daniel Kretinsky est aujourd’hui à la tête d’environ 2,9 milliards de dollars, à seulement 45 ans, alors qu’il a commencé sa carrière comme juriste avec moins de 1000 euros par mois. Portrait.
Qui est Daniel Kretinsky ? Le milliardaire tchèque de 45 ans n’en finit plus de faire parler de lui ces dernières années après s’être introduit au sein du capital de plusieurs groupes français. Son histoire démarre à Prague en 1975, au sein d’une famille de classe moyenne aisée où sa mère est juge à la cour constitutionnelle et son père professeur d’informatique à l’université. Il effectue une partie de ses études en France, à Dijon, ce qui lui permet de maîtriser parfaitement le français et d’être attiré par ce pays où il se lance dans de nombreuses affaires.
D’abord juriste pour un salaire inférieur à 1000 euros par mois dans un cabinet d’avocat de Prague, Daniel Kretinsy est rapidement reconnu comme un grand talent en matière d’affaires. Il rejoint, en 2000, le grand groupe financier slovaque J&T en tant qu’associé alors qu’il n’a que 25 ans. Réputé travailleur infatigable, il mène une opération d’envergure avec la privatisation de CEZ, le géant de l’électricité tchèque. Son succès lors des négociations lui rapporte fortune et notoriété.
Dès 2004, il investit dans le club de football du Sparta Prague, le plus titré de l’histoire du pays. Certains racontent qu’au moment de son rachat, il passe des nuits presque blanches pour étudier les déplacements sur le terrain des plus grands joueurs, afin de comprendre parfaitement un sport dans lequel il décide d’investir.
Le charbon : la source numéro un de sa fortune
Grâce au réseau qu’il se constitue dans les années 2000, il se rapproche du financier slovaque Patrick Tkac et de l’homme le plus riche de République tchèque, Petr Kellner qui devient ensuite son beau-père puisqu’il est aujourd’hui en couple avec sa fille, Anna Kellnerova.
Les trois hommes s’entendent pour créer en 2009 EPH, une importante entreprise de production et de distribution d’énergie électrique à base de charbon. Le charbon, c’est la source numéro un de la fortune du jeune milliardaire qui prend peu à peu le contrôle de cette structure pour laquelle il n’a, au départ, que 20 % des parts. À contre-courant de la tendance mondiale, il souhaite toujours investir dans le charbon alors que les énergies fossiles sont dans le viseur des instances internationales. Selon lui, le temps que le charbon soit abandonné (horizon 2038 en Allemagne, par exemple), il y a encore du profit à tirer de sa production.
Cette posture prouve le pragmatisme d’un homme qui n’a pas l’habitude de prendre de décisions à la légère. La France apprend à le découvrir à partir de 2018, lorsqu’il investit dans le capital de plusieurs médias : il rachète certains actifs du pôle médias de Lagardère (Elle, Télé 7 jours), Marianne ou encore Le Monde. Il justifie cette arrivée par un « engagement citoyen », une envie d’étendre son influence et une volonté de lutter contre les GAFAM, qu’il juge trop puissantes et sous-estimées par rapport à leur force de frappe pour réguler le monde numérique.
Daniel Kretinsky : un agent à la solde de la Russie de Poutine ?
A la recherche d’un monde plus juste, il se porte garant de l’indépendance du groupe qui ne lui réserve pas le meilleur accueil, les journalistes étant soucieux de l’influence que pourrait avoir le nouveau propriétaire, arrivé en compagnie du financier Matthieu Pigasse. Daniel Kretinsky doit aussi démentir l’idée qu’il serait un espion ou un agent à la solde de la Russie de Poutine. « Pour quelqu’un qui a grandi sous le joug soviétique, le rôle de valet de Moscou est le dernier que j’aimerais jouer dans ma vie », confie-t-il dans une lettre envoyée aux salariés du Monde en 2018.
Ses proches décrivent un homme qui ne fait jamais rien au hasard. Son investissement en direction des grandes surfaces interroge au départ mais il prouve une volonté de diversifier ses activités tout en s’assurant de secteurs rentables : en 2020, il prend 40 % des parts de Metro et 10 % du groupe Casino. En novembre 2020, il s’empare aussi de plus de 10 % de l’équipementier sportif américain Foot Locker, via sa société d’investissement Vesa Equity. Distribution, énergie et médias sont les trois grands pôles du Tchèque dont la fortune est estimée à 2,9 milliards de dollars en 2020. Capable de sortir une quantité incroyable de cash pour mener à bien ses achats, Daniel Kretinsky suscite aujourd’hui une seule question : jusqu’où ira-t-il ?
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