C’est la plus veille installation d’Europe, inaugurée en 1929. Mais les salariés de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en SeineMaritime, n’ont plus de quoi s’en réjouir aujourd’hui. Voilà déjà plus d’un an qu’ils attendent un repreneur. En vain ?
Le cauchemar a débuté en décembre 2011. Petroplus subit la crise économique de plein fouet. Le groupe suisse annonce la mise à l’arrêt de trois raffineries en Europe, dont celle de Petit-Couronne. S’en suivent une mise en vente, puis un redressement judiciaire. Le 24 janvier, la cotation de l’action du groupe s’effondre de de 83 %. Depuis, les 470 salariés continuent leur activité, dans l’attente de repreneurs potentiels. Mais pour combien de temps ?
L’Etat prêt à prendre une participation minoritaire
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir eu des propositions. Celles des groupes pétroliers Alafandi Petroleum Group (APG), basé à Hongkong, et NetOil, de Dubai. Mais aucune offre n’est à la hauteur. En décembre dernier, c’est une société iranienne qui dépose une offre de reprise, jugée « diplomatiquement impossible à soutenir » par le gouvernement. Que lui reste-il comme solution ?
L’Etat n’a pas le choix : il vient d’annoncer qu’il était prêt à prendre une participation minoritaire, à côté d’un repreneur, mais uniquement en cas d’offre crédible. Dans le même temps, Matignon estime les chances de succès « limitées » et évoque un « plan social ».
Deux candidature seraient à la hauteur des attentes de notre ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg : celle de l’investisseur suisse Terrae et celle de l’énergéticien égyptien Arabiyya Lel Istithmaraat. Le plan de reprise de ce dernier prévoit de conserver la totalité des 470 salariés du site.
Le tribunal a jusqu’au 16 avril pour se prononcer
Cotée en bourse au Caire, la société égyptienne s’engage à livrer 100.000 baril par jour de brut produit à Oman. Prête à s’engager, même sans participation minoritaire du gouvernement, Arabiyya Lel Istithmaraat souhaitait tout de même une participation à hauteur de 20 ou 25%. Celle-ci a par ailleurs déjà passé un partenariat avec PSA pour la distribution des véhicules sur le territoire égyptien.
Reste à attendre la décision du tribunal, qui doit se prononcer à la fin du mois de février. Et c’est le 16 avril que la raffinerie doit juridiquement disparaître. Le 5 janvier dernier, le tribunal de commerce de Rouen avait autorisé la prolongation des activités jusqu’à cette date.
Le site de Petroplus va-t-il connaître la même fin que PSA à Aulnay-sous-bois ? Même si l’offre du groupe égyptien semble répondre aux exigences du gouvernement, ce dernier aurait dû prendre le dossier à bras-le-corps depuis bien plus longtemps. Ce qui aurait peut-être pu lui éviter quelques cafouillages politico-médiatiques.
Stop aux cafouillages du gouvernement
Début janvier, François Hollande avait par exemple totalement écarté le fait que l’Etat puisse être repreneur. Entre Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, qui annonce « faire en sorte que ces marques d’intérêt trouvent un aboutissement » et Jean-Marc Ayrault qui se montre plutôt pessimiste quant à l’avenir du site, il serait temps que le gouvernement trouve ses marques. Celui-ci se montre déjà plus modéré en prenant soin de ne pas évoquer une possible nationalisation, mais la partie est loin d’être gagnée.
Aura-t-on le droit à un Florange bis ? Si c’est le cas, Arnaud Montebourg pourrait y perdre des plumes. A mes yeux, il est du devoir de l’Etat de sauver Petroplus. Sa proposition de participation minoritaire ne doit pas s’évaporer, comme se sont évaporées toutes les offres des éventuels repreneurs.