Après le succès du néologisme « Grexit », né en 2012 au moment où la Grèce était menacée d’exclusion de la zone euro du fait de sa dette écrasante, le terme de « Brexit » a triomphé ce 24 juin dans les urnes britanniques où les résultats vont entraîner la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Près de 52 % des britanniques ont déposé un bulletin « Leave » dans les urnes. Avec des conséquences immédiates en forme d’onde de choc sur les marchés financiers.
Vendredi noir sur les places boursières mondiales
Les résultats du vote britannique en faveur de la sortie de l’Europe ont semé la panique sur les places boursières mondiales ce vendredi 24 juin. A la clôture de ce vendredi noir, le Brexit a provoqué une forte chute des marchés financiers en Europe : la monnaie britannique est la première victime de ce séisme boursier. La livre sterling a plongé à son niveau le plus bas depuis 1985. Elle a décroché face à l’euro et au dollar, s’effondrant de 11 % à 1,3224 dollar et chutant de 8 % face à l’euro.
Les Bourses des deux piliers de l’Europe (France, Allemagne) ont été touchées : – 8,04 % sur le CAC 40 parisien, – 6,82 % pour l’index DAX de Francfort.
L’onde de choc, comme pour un séisme, s’est répandue sur l’ensemble des places boursières, signe supplémentaire que les marchés sont instables, moutonniers et surréactifs : – 3,39 % pour le Dow Jones à New York, – 7,92 % pour l’indice Nikkei de Tokyo, – 2,94 % pour le cours de Bourse à Moscou.
Aucune place financière n’a pu résister face à la déferlante du Brexit britannique. Certains analystes financiers comparent ce 24 juin 2016 au tristement célèbre 15 septembre 2008, au moment où éclate le scandale de la faillite abyssale de la banque américaine Lehman Brothers.
Des valeurs bancaires à la peine
Les valeurs financières des indices boursiers entrainement dans leur sillage celles des banques : l’action du Crédit suisse ou d’UBS ont perdu 13 % sur le SMI Suisse, à Londres, les principales banques ont décroché (-25 % pour la banque Barclays, -26 % pour la Royal Bank of Scotland, -24 % pour la banque Lloyds). A Paris, la Société générale perdait 20 %, BNP Paribas ou Natixis plus de 17 % ou le Crédit agricole 14 %. Même tendance outre-Rhin, où la Deutsche Bank cédait 14 % et Commerzbank près de 13 %. En Italie, la première banque nationale Unicredit dégringolait de près de 24 %.
L’avenir sombre de la City, première place financière mondiale
La place financière de Londres semble être la première victime immédiate du Brexit. En effet, la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni a pour conséquence concrète de priver un établissement financier d’un accès aux marchés européens de la zone euro. Le jeu de dominos est prévisible : les grandes banques britanniques (Barclays, HSBC) ou américaines (JP Morgan, Goldman Sachs) vont être contraintes de délocaliser une partie de leurs activités et de leurs équipes vers d’autres places financières plus stables (Francfort ou Paris). Le cabinet d’audit PwC estime de 80 000 à 100 000 emplois du secteur de la finance qui pourraient être détruits en Grande-Bretagne suite à la victoire des eurosceptiques.
Les banques centrales à la rescousse
Face à ce cataclysme aux répercussions immédiates au plan boursier, les banques centrales sont en première ligne et sont contraintes d’intervenir massivement comme lors de la crise de 2008. Leur premier outil pour tenter de maitriser la tempête financière provoquée par la victoire du Brexit : injecter des liquidités pour limiter l’impact sur les marchés.
La Banque d’Angleterre a été contrainte de sortir l’artillerie lourde : elle s’est dit prête à injecter plus de 250 milliards de livres (326 milliards d’euros) de fonds afin d’offrir un filet de sécurité pour soutenir la bonne marche des marchés financiers.
La Banque centrale européenne (BCE), basée à Francfort, par la voix de son président Mario Draghi, s’est immédiatement déclarée vigilante, surveillant attentivement les marchés financiers et entretenant un dialogue étroit avec les autres banques centrales. La BCE a rappelé son objectif premier : assurer la stabilité financière de la zone euro, quitte à devoir fournir des liquidités supplémentaires en euros et en devises étrangères.
La crainte ultime des autorités chargées de réguler les marchés financiers est qu’un défaut de liquidités ne vienne tarir les financements des ménages et des entreprises.
L’onde de choc de la victoire du Brexit en Grande-Bretagne commence à peine à faire ressentir ses dommages collatéraux sur les marchés financiers, au premier rang desquels la place de la City et le secteur bancaire. Les prochaines semaines seront décisives pour évaluer les effets en chaîne que certains redoutent pour toute une série de secteurs économiques et au final sur la croissance mondiale.