A Jaipur, en Inde, cent mille familles à faibles revenus bénéficieront bientôt d’énergie propre à un coût modéré, leur permettant d’économiser environ 100 US$ par an sur leurs frais électriques. Ceci est le résultat du travail réalisé par la société Impact Investment Exchange (IIX) grâce à l’intelligence et à la générosité d’une femme, Durreen Shahnaz.
Fondée en 2009 à Singapour, l’entreprise IIX a permis ainsi le financement de nombreux projets comme celui de la société Frontier Markets à Jaipur. Ces projets ont en commun de remplir une mission sociale et de respecter l’environnement. IIX aide ces entreprises sociales à lever des capitaux et leur fournit un support technique et juridique.
Durreen Shahnaz finalise par ailleurs la création de la première bourse sociale au monde, en partenariat avec la Bourse de l’île Maurice, qui ouvrira au second semestre 2014.
Début de carrière à Wall Street
Née au Bangladesh dans une famille de classe moyenne, Durreen Shahnaz décide très jeune de partir suivre des études aux Etats-Unis. Brillante élève, elle bénéficie d’une bourse d’étude des Etats Unis. Puis elle entre chez Morgan Stanley, une entreprise de Wall Street, où elle découvre le monde de la finance.
Mais après deux ans à New York, elle choisit de retourner au Bangladesh : « Tout le monde m’a prise pour une folle, mais je voulais mettre ma connaissance de la finance au service du développement économique de mon pays», raconte-t-elle dans une interview au journal Les Echos.
Elle intègre alors l’entreprise de microcrédit Grammen Bank, au Bangladesh, puis poursuit avec une carrière dans différents médias en Asie.
Comment rendre à la société
A l’âge de 30 ans, elle crée sa propre société, One Nest, une entreprise sociale spécialisée dans la vente d’artisanat « Je me suis juste réveillée un matin et me suis dit, il est temps pour moi de créer ma propre compagnie. J’ai vraiment ressenti cet appel. Et après avoir vendu One Nest et retravaillé un peu dans l’édition, j’ai ressenti un appel pour faire ce que je fais aujourd’hui. » Explique Durreen Shahnaz dans une interview avec le réseau TED.
Durreen Shahnaz est en effet convaincue que la finance, utilisée pour aider des entreprises sociales, peut permettre une croissance plus équitable. C’est ainsi qu’au cap de la quarantaine, en fondant Impact Investment Exchange, elle répond à cet appel à donner surgi de son enfance. Un appel nourri à travers son éducation de petite fille musulmane : «Nous les enfants avions la mission de distribuer du riz aux mendiants. Il était toujours question de comment rendre à la société. »
Un réseau de 300 investisseurs
Depuis ses débuts, Impact Investment Exchange a étudié 350 entreprises sociales afin de déterminer celles qui rentraient dans ses critères de sélection, à savoir, un modèle durable et un large impact social. Vingt parmi elles ont été retenues, dont neuf ont pu lever plus de 8 millions de dollars. Indirectement, c’est plus de 7 millions d’individus à travers l’Asie qui bénéficient d’un meilleur accès à l’eau potable, à l’électricité, ou à l’éducation.
Parmi ses 300 investisseurs, IIX compte des banques privées, de grandes fortunes asiatiques, ou encore des family offices. « La raison de notre succès est que nous ne faisons pas de la philanthropie. Les investisseurs attendent à la fois un impact social et un retour économique.» précise la chef d’entreprise.
Une bourse pour la justice sociale
En parallèle avec IIX, Durreen Shahnaz a donné jour à un « deuxième bébé », Impact Investment Shujog communément appelé Shujog, qui signifie « opportunité » en Bengali. La mission de Shujog est de supporter des entreprises sociales en accompagnant leur développement, leur innovation technologique, et leur maturation. « J’ai senti qu’il y avait un besoin de leur tenir la main pour les préparer au marché. » explique Durreen Shahnaz. Ces entreprises seront ainsi prêtes dans quelques années à lever du capital.
D’ici quelques mois prendra forme le projet le plus ambitieux de la Bangladaise, la création de la première bourse sociale au monde. « Je suis en train de créer une plate-forme qui remet en question la notion de marché de capital. Je crée une bourse pour la justice sociale. » Explique-t-elle.
Un symbole fort pour cette audacieuse femme d’affaires qui réussit à allier harmonieusement pragmatisme et idéalisme. Et fait le pari de mettre la finance au service d’un monde meilleur.