Mathilde Lemoine signe pour l’Agefi Hebdo du 2 avril une chronique baptisée “Anarchie Monétaire”, traitant notamment de l’impact des taux négatifs (taux de refinancement en dessous de zéro) comme politique monétaire des banques centrales (ce qui est une nouveauté !).
Auparavant inexistante, cette politique monétaire est devenue un fait grâce à la banque centrale suédoise, la Riksbank. Comme d’autres avant elle, la banque centrale suédoise a déjà testé la mise en oeuvre de dépôts négatifs mais jamais comme instrument principal de politique monétaire “pour jouer aux apprentis sorciers” affirme Mathilde Lemoine.
Sans antécédents en la matière, l’impact des taux négatifs est difficilement appréhendable en l’état, selon l’économiste.
Quel but et quelles conséquences ?
Pour Mathilde Lemoine, l’objectif pour les banques centrales est de “sortir à la trappe à liquidité et de faire en sorte que les banques prêtent, que les agents économiques consomment et que les entreprises investissent”, sans effet déstabilisateur.
Cela aurait donc pour conséquence la généralisation de l’instauration des taux d’intérêts négatifs et la diminution inévitable du montant d’épargne détenue par les ménages et principalement par les retraités, sans troubles sociaux supposés car la surliquité devrait minimiser la portée de cet impôt discréditionnaire : “la quantité de monnaie est telle que les épargnants finiront par accepter d’être poussés à consommer”.
Pour l’économiste, l’objectif poursuivi est sans doute” la disparition progressive de l’épargne afin de réduire les écarts de situation entre les retraités et les jeunes actifs en supprimant le déterminisme social“.
En conclusion
L’instauration de taux d’intérêts négatifs n’est pas un instrument habituel de politique monétaire mais bien un instrument de politique économique. “Si les conséquences sont multiples en termes d’allocation d’actifs, elles sont aussi de nature à remettre en cause l’indépendance des banques centrales. Il en résulterait une politisation des marchés d’actifs, ce qui modifierait durablement les leurs évolutions”, conclut Madame Lemoine.
A propos de Mathilde Lemoine
Mathilde Lemoine est une économiste française et la directeur des études économiques et de la stratégie marchés de la banque HSBC France. Mathilde Lemoine est également membre du Haut Conseil des finances publiques, enseignante et chercheur. Spécialiste de la macro-économie, de l’économie publique et de conjoncture nationale et internationale elle a été membre de plusieurs cabinets ministériels.