Les caisses de Crédit municipal réparties dans l’Hexagone ont le monopole du prêt sur gage depuis leur création en 1851. Elles ont aussi, depuis 1918, une activité de banque classique avec la gestion de comptes de dépôts courants. Retour sur cette vieille institution de plus en plus utilisée et qui va devoir faire sa révolution digitale.
En 1462, le moine Franciscain Barnabé de Terni, en Italie, recherche une nouvelle solution de crédit accessible à tous. À l’époque les taux sont abusifs et les plus défavorisés ne peuvent pas accéder au crédit. Pour combattre l’usure (taux d’intérêt abusif) il crée à Pérouse, la « Monte di pietà », premier établissement où l’on peut prêter de l’argent sur gage. Ce fut un succès et d’autres initiatives ont émergé en Italie et en Europe.
De la monte di pietà italienne au Crédit municipal
L’idée a passé la frontière via Avignon, qui appartenait alors au pape en 1610. Le siège de l’établissement, ouvre rapidement des agences appelées Monts-de-piété à Carpentras, Valence ou encore Arles.
Celle de Paris est fondée en 1637, à l’initiative du médecin de Louis XIII. L’extension dans les autres villes continue tout au long de l’histoire et aujourd’hui il y a un Crédit municipal dans quasiment toutes les grandes villes françaises.
La loi du 24 juin 1851 va faire du Crédit municipal un “établissement public à caractère social” avec pour mission de faciliter les prêts d’argent, notamment à destination des plus démunis. Elle lui donne aussi le monopole de prêt sur gage dans l’Hexagone.
Le prêt sur gage: quels objets sont acceptés ?
Cette solution permet donc aux personnes dans le besoin financier d’avoir de l’argent rapidement et dignement cela en y déposant sculptures et livres de valeur, bijoux ou encore horlogerie. Contre ce dépôt temporaire, un prêt déterminé par la valeur de l’objet sur le marché des enchères publiques, est accordé immédiatement.
Obtenir un prêt sur gage est simple et ne dure qu’une heure ! Il faut se rendre dans une caisse avec votre pièce d’identité, un justificatif de domicile, l’objet que vous souhaitez apporter en garantie et parfois son justificatif de propriété. La procédure comporte quatre étapes: identification, expertise, prêt sur gage et remboursement.
Cependant le taux appliqué dépend du montant prêté et diffère d’un Crédit municipal à l’autre. Ainsi à l’office de Paris, il s’élève à 4 % pour un prêt de 300 euros maximum. Pour récupérer l’objet gagé, le prêt peut être remboursé à tout moment et cela sans pénalité. Il faut simplement verser la somme initiale à laquelle s’ajoutent des intérêts calculés au prorata des mois.
Si vous ne pouvez pas rembourser le prêt au bout de la durée indiquée dans le contrat, payer seulement les intérêts permet de renouveler le prêt. En dernier recours, si vous ne pouvez pas payer les intérêts, l’objet est vendu aux enchères et le produit de la vente rembourse le prêt et les intérêts. S’il y a un bénéfice, il est reversé et si la vente ne couvre pas le montant à rembourser, le déficit est supporté par l’établissement. En 2018 au Crédit municipal de Paris, le montant des prêts est en moyenne de 1097 euros, la durée moyenne des contrats est de 28,5 mois et 86,8 % des prêts sont remboursés.
Une augmentation de plus de 53 % des prêts sur gage
Si l’activité principale des établissements est l’octroi de prêts sur gage à court terme, et qu’ils disposent d’un monopole pour cela, ils pratiquent également des activités bancaires courantes à destination des particuliers et associations loi de 1901. En effet, les excédents dégagés de la vente des objets remis non retirés sont utilisés à des fins d’action sociale.
Effet direct de la crise, il y a eu en 2012 au Crédit municipal de Paris (CMP), une augmentation de plus de 53 % des prêts sur gage. Cela témoigne malheureusement d’une exclusion du système bancaire traditionnel d’une part plus importante de la population.
Le prêt sur gage est donc d’actualité et il est important que les caisses s’organisent, s’adaptent pour répondre de mieux en mieux aux clients. La digitalisation est en route et certaines caisses proposent déjà des services en ligne. La CMP a lancé en 2018 l’application “piloter son budget” et s’évertue à “offrir des services flexibles innovants et bienveillants”. Surnommée « ma tante », la modernisation de ses services devraient encore accroître l’encours des prêts en touchant un public plus large.