La nomination de François Villeroy de Galhau, ex-dirigeant de la BNP, à la tête de la Banque de France a fait grand bruit ces derniers mois. Désormais, malgré les critiques, sa nomination est devenue définitive après l’approbation du Parlement.
Le 8 septembre dernier, François Hollande a nommé François Villeroy de Galhau à la tête d’une des institutions les plus hautes de la République, la Banque de France. Cette nomination devait encore être validée par le Parlement, ce qui fut le cas le 29 septembre.
Qui est François Villeroy de Galhau ?
A 56 ans, François Villeroy de Galhau peut être fier du chemin qu’il a parcouru. Cet énarque est tout d’abord passé par l’inspection des finances. Par la suite, ce socialiste accompli a été directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn puis de Christian Sautter au ministère de l’Economie pour ensuite devenir directeur général des impôts.
En 2003, celui-ci décide de quitter le secteur public pour s’orienter vers le privé. Il devient alors président-directeur général de Cetelem, la société de crédit à la consommation du groupe BNP Paribas. Il est ensuite devenu directeur général du grand groupe jusqu’en avril dernier. Par la suite, il a été chargé par le gouvernement de s’occuper d’une mission sur le financement de l’investissement. C’est après avoir constaté la qualité de son travail que François Hollande décide alors de proposer sa candidature à la gouvernance de la Banque de France.
Des critiques à foison…
Cette nomination a fait grand bruit. Pas question pour bon nombre de voir à la tête de cette institution bicentenaire l’ancien directeur de la BNP. Un collectif de 150 économistes et universitaires a alors vu le jour pour signaler les risques de conflit d’intérêts et inciter les parlementaires à s’opposer à cette nomination. Ces derniers s’insurgeaient : comment cet homme ayant travaillé plus de douze ans dans le privé peut-il être à même de gouverner au sein de la Banque de France ? Pour eux, le conflit d’intérêts est clair. Un ancien banquier bien qu’ancien fonctionnaire ne peut valablement pas se retrouver à la tête d’une institution indépendante dotée de missions d’intérêt général.
Laurence Scialom, professeur à Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, notamment à l’origine de ce collectif, tient à signaler que ce n’est pas une attaque contre la personne de François Villeroy de Galhau, ses compétences n’étant pas remises en compte, mais sur les principes mêmes qui fondent la République. La direction de la Banque de France n’a pas seulement besoin d’un expert mais aussi d’une personne indépendante et impartiale à sa tête. Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférences à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne renchérit, elle considère que travailler pendant autant d’années dans le secteur bancaire forge un état d’esprit incompatible avec ses futures responsabilités au sein de la Banque de France.
Une candidature soutenue par ses pairs
Pourtant, malgré les nombreuses attaques dirigées à l’encontre de François Villeroy de Galhau, les trois anciens gouverneurs de la Banque de France ont soutenu sa candidature. En effet, Jacques de Larosière, Jean-Claude Trichet et Michel Camdessus lui ont adressé une lettre de soutien. Ils considèrent qu’après un parcours mixte rien ne pourrait pour autant remettre en question ses compétences et son indépendance pour assurer ses missions au sein de la Banque de France, sous réserve de l’appréciation du Parlement.
L’approbation du Parlement
François Villeroy de Galhau a dû se mettre à nu pour son grand oral devant les deux commissions compétentes du Sénat et de l’Assemblée nationale. Il n’a pas pu éviter les nombreuses questions quant à son passé au sein du secteur privé. Celui-ci s’en est défendu avec sincérité et ténacité. Il s’est décrit comme étant un homme libre et droit et prêt à assurer les missions qui lui seront imparties en ayant pour ligne de mire ce qu’il croit être bon pour son pays et son économie. Il a certifié une nouvelle fois, que tout lien financier avec son ancien employeur avait été coupé et qu’il ne participera à aucune décision individuelle concernant la BNP Paribas pendant deux ans suivant son départ.
Le 29 septembre, le Parlement a choisi de faire confiance à François Villeroy de Galhau en approuvant sa candidature pour la gouvernance de la Banque de France. En effet, le choix du président de la République a été validé par les commissions des Finances et de l’Assemblée nationale. Au Sénat, il aurait recueilli 25 voix pour 5 voix contre et 2 votes blancs. A l’Assemblée nationale, François Villeroy de Galhau aurait obtenu 34 voix pour, 8 contre et un vote blanc. Il aurait fallu qu’au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés soient négatifs pour contrer la nomination.
François Villeroy de Galhau entrera en fonction le 31 octobre 2015, en espérant qu’il sera fidèle à son discours tout au long de son mandat. Rappelons tout de même que Mario Draghi, gouverneur de la Banque d’Italie puis de la Banque centrale européenne était un ancien de chez Goldman Sachs !