Aux USA, les grandes banques américaines jugées responsables de la crise des subprimes pourraient bien finalement payer leur faute. En effet, le Financial Times daté du 27 août dernier annonce que les autorités fédérales américaines réclament 6 milliards de dollars à la banque JPMorgan Chase, établissement emblématique du scandale. Décryptage.
Mais d’abord, petite piqûre de rappel. La crise des subprimes naît en 2008 avec l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis. Des crédits immobiliers ont été accordés depuis 2005 par les banques à des américains peu solvables, à des taux d’intérêts extrêmement bas, mais variables. Les biens sont d’emblée mis en hypothèque pour garantir le crédit, les banques misant alors sur une hausse continue des prix de l’immobilier.
Les banques ont ensuite vendu ces crédits sous forme de titres, les fameux subprimes, à des établissements financiers qui eux-mêmes les ont cédés à des investisseurs. Problème : entre temps les taux d’intérêts ont explosé et les emprunteurs se sont retrouvés en situation de surendettement, avec pour effet de ricochet la perte de valeur des titres émis, jusqu’à la faillite de certains fonds d’investissement.
Les banques ont alors accusé des pertes record, se retrouvant avec des actifs immobiliers devenus invendables sur les bras. Sans parler d’un nombre incalculable d’américains mis à la rue. C’est le gouvernement américain qui a sauvé le système en puisant dans ses propres deniers.
JPMorgan devra débourser 6 milliards de dollars
JPMorgan cristallise la crise des subprimes. Et elle risque bien d’être la banque à payer le plus cher son rôle dans cette crise devenue planétaire. Poursuivie depuis 2011 par l’Agence fédérale du financement du logement (FHFA), elle est accusée d’avoir fraudé dans la vente de ses crédits en dissimulant aux acheteurs que ces crédits étaient à risque.
Les fonds d’investissements Fannie Mae et Freddy Mac avaient ainsi acheté pour 33 milliards de dollars de titres… Le gouvernement américain avait alors mis la main à la poche pour sauver lesdits fonds de la faillite, une bagatelle de 187 milliards de dollars. Aujourd’hui, JPMorgan est redevenue une banque stable. Les autorités fédérales s’attaquent au leader aux USA en terme d’actif, tout un symbole.
Un train de banques dans le collimateur
JPMorgan n’est pas la seule banque américaine à se retrouver dans le collimateur de la FHFA. Ce ne sont en effet pas moins de 16 autres banques qui sont poursuivies pour infractions à la loi fédérale sur les actifs financiers. Si l’on trouve au côté de JPMorgan des noms ronflants de la finance internationale tels que Goldman Sachs, HSBC ou Bank of America (BofA), la banque française Société Générale est également visée.
Bank of America devrait bientôt payer pour avoir menti aux investisseurs sur la nature des produits vendus, des crédits hypothécaires accordés à des emprunteurs non solvables. Elle les aurait présentés au contraire comme des produits sûrs. C’est cette fois-ci le département américain à la Justice et la SEC, gendarme de la bourse, qui est à la manœuvre.
Il est intéressant de noter que toutes ces actions ont été entreprises au pénal. En temps normal, la coutume veut que ce genre de litige soit réglé à l’amiable pour clore une procédure au civil. C’est d’ailleurs certainement ce qu’il risque de se passer, tant cette attaque d’ampleur semble élaborée pour mettre la pression sur les banques pour qu’elles déboursent rapidement.
Ce peut-être aussi une façon de divertir le contribuable américain qui a été frappé de plein fouet par la crise de 2008 et qui cherche toujours à faire payer un coupable !