Depuis 2016 l’État tchèque dispose d’un surplus budgétaire et, depuis six ans, il présente des taux de croissances élevés (à l’exception de 2020) qui laissent croire que le pays devrait gagner des places dans la hiérarchie européenne dès les prochaines années.
Les Tchèques bientôt mieux lotis que les Espagnols ou les Italiens ? Ce sont les chiffres qui parlent avant tout : en effet, selon les prévisions effectuées par le FMI fin 2020, la République Tchèque dépassera très bientôt l’Espagne ou l’Italie en matière de PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat. Autrement dit, à la lecture des chiffres, le niveau de vie des Tchèques s’améliore. La crise liée à l’épidémie de Covid ne devrait pas chambouler les prévisions, même si la République Tchèque a connu en 2020 sa première année de croissance négative après six années porteuses. Le pays a aussi subi le taux de pénétration du virus le plus élevé en Europe en début d’année 2021 mais il a été bien contenu grâce à la qualité de l’organisation de l’hôpital public, héritage de l’époque communiste.
Des politiques libérales depuis l’éclatement de l’URSS
Cette ère n’est pas loin derrière puisque le rideau de fer est tombé il y a « seulement » trente ans. Depuis, des politiques libérales ont été mises en place sans connaître d’obstacle populiste, comme en Espagne ou en Italie, deux pays cités dans la comparaison en raison de la proximité des données économiques. Même si Andrzej Babis, le premier ministre tchèque actuel, est plutôt considéré comme populiste, il n’a pas modifié les aspirations libérales lancées par Vaclav Havel, président de 1989 à 2003 et fervent opposant au communisme dans son pays.
L’activité de la République Tchèque repose énormément sur son industrie, particulièrement compétente dans le domaine automobile. En effet, 80 % des exportations reposent sur les voitures fabriquées sur le territoire (en plus de Skoda, le constructeur local détenu par Volkswagen, Toyota ou PSA sont implantés) alors que plus généralement, près d’un actif sur trois (32 %) œuvre pour le secteur industriel. Malgré la grande présence de champs cultivables sur une large partie du territoire, le secteur primaire n’emploie que 3 % des actifs pour ne représenter que 2 % du PIB. Ce sont les services qui concentrent le plus d’emplois (60 % des actifs), avec un secteur touristique particulièrement dynamique à Prague.
Une bonne répartition des richesses
Le faible interventionnisme de l’État et le coût relatif du travail offrent une certaine flexibilité aux entreprises sur le territoire tchèque. Une flexibilité qui profiterait aux locaux, selon le coefficient de Gini qui place la République Tchèque au troisième rang des pays les plus égalitaires de l’OCDE. Un constat qui peine pourtant à être ressenti au quotidien : « Je ne crois pas que les Tchèques vivent mieux car pour l’instant, les prix ne bougent pas et les salaires non plus », nuance Vaclav U., un juriste pragois de 35 ans qui n’a pas vraiment l’impression de voir son pays évoluer.
Pourtant, au sein de l’Europe, les Tchèques sont sur le point de changer de catégorie : avec un surplus budgétaire depuis 2016, ils devraient, à partir de 2025, commencer à contribuer aux dépenses nettes de l’UE. Un symbole qui pourrait enfin se traduire sur le quotidien de ses habitants qui, pour l’heure, ont surtout hâte de voir leurs pubs et restaurants rouvrir pour confirmer leur place de champions du monde du nombre de litres de bières par habitants (environ 287 pintes par an et par personne). Après avoir lu les chiffres prometteurs concernant les prévisions pour son pays, Vaclav U. se met à rire : « Alors, na zdraví (santé) pour la bonne santé de l’économie tchèque ! »
Photos : francais.radio.cz et mdaicreal.com