Après avoir longtemps repoussé l’idée d’une entrée en Bourse en s’appuyant sur des financements privés, la plateforme de réservation de voiture avec chauffeur a déposé un dossier auprès de la SEC pour son intégration sur le marché boursier américain dans le premier trimestre 2019.
Il est beaucoup question d’Uber ces dernières semaines pour deux actualités bien distinctes qui pourraient bien avoir des conséquences l’une sur l’autre. La première, c’est que l’entreprise dirigée par Dara Khosrowshahi prépare discrètement son entrée en Bourse depuis la fin de l’année 2018 puisqu’un dossier a été déposé auprès de la SEC, le gendarme de la bourse de Wall Street.
La seconde : la plateforme de réservation de voiture avec chauffeur vient de subir un revers judiciaire en France qui devrait faire office de jurisprudence. En effet, le 11 janvier 2019, la justice française a requalifié en contrat de travail le lien entre Uber et un de ses anciens chauffeurs indépendants. L’entreprise américaine s’est déjà pourvue en cassation mais cette décision menace son modèle social quelques mois après avoir subi le même type de décision à Londres.
Uber emboîte le pas de Lyft, son principal concurrent
Cette actualité judiciaire pourrait donc avoir des influences à moyen terme sur la levée boursière souhaitée par Uber. Sa volonté d’entrer en Bourse est intervenue en décembre 2018, au lendemain d’une annonce similaire émanant de son rival américain Lyft qui pensait bien faire cavalier seul et surprendre son concurrent.
Mais Uber avait déjà anticipé cette introduction et en espérait dans un premier temps une valorisation à 120 milliards de dollars. Un chiffre qui a été finalement revu à la baisse puisque le chiffre de 90 milliards de dollars est maintenant cité tandis que d’autres spécialistes évoquent une entrée à 70 milliards.
La baisse de la valorisation d’Uber n’est pas seulement liée à ses soucis judiciaires européens mais plutôt à un ralentissement du marché sur la valeur des entreprises aux Etats-Unis ces dernières semaines. La volatilité des marchés, liée à une diminution de la consommation et à la crise économique qui perdure entre Pékin et Washington, ne favorise pas l’optimisme. La plateforme de réservation de voiture avec chauffeur paierait surtout un manque de transparence vis-à-vis de certaines estimations sur l’année 2018 mais également une infraction à la sécurité qu’elle avait cachée au public et qui lui a valu plusieurs millions de dollars d’amende.
Uber a longtemps retardé son entrée en bourse
Dix ans après son lancement, Uber se trouve presqu’obligée de demander son entrée en Bourse. Elle avait retardé le plus longtemps possible son intégration dans le stock exchange afin de poursuivre sa croissance sans avoir à se soucier des variations du marché vis-à-vis des actionnaires ni à se soustraire à certaines règles concernant les entreprises cotées en Bourse. Elle s’appuyait sur le financement privé, notamment celui de Softbank qui a investi plusieurs milliards d’euros dans la marque.
Uber a désormais besoin de liquidités après avoir essuyé deux milliards de dollars de pertes lors des neuf premiers mois de 2018. Il ne faut pas non plus négliger la pression mise par les employés qui verront une partie de leur rémunération se transformer en actions. Une intégration rapide au New York Stock Exchange pourrait ainsi signifier l’acquisition d’importantes plus-values pour les plus anciens de l’entreprise.
Afin de devancer Lyft qui a visé la mi-2019 pour intégrer Wall Street, l’entreprise dirigée par Dara Khosrowshahi espère une intégration dès la fin du premier trimestre de cette année. Les arrivées d’Uber et de son rival Lyft sont très attendues sur le marché boursier américain en raison de l’importance de ces entreprises mais aussi du contexte défavorable liée à la forte diminution du nombre d’IPO (introductions en Bourse) pour l’année à venir (125 contre 190 à la même époque en 2018).
D’autres entreprises technologiques pourraient profiter du timing des deux plateformes de réservation de voitures avec chauffeur pour tenter aussi une IPO. Mais Uber sera bien la start-up la mieux valorisée et la plus épiée parmi celles qui entrent sur les marchés en cette année 2019.