Crédit mutuel Arkéa acquiert 80 % du capital de Pumpkin, l’application de paiement entre particuliers, avec l’objectif d’en faire une néobanque 100 % numérique qui devrait être lancée à la fin de l’année. En s’engageant à injecter 15 millions d’euros sur trois ans, le groupe bancaire mutualiste affiche sa volonté de s’ouvrir à une clientèle plus jeune, résolument adepte de ces nouvelles technologies mobiles. Les récentes acquisitions semblent indiquer un tournant majeur pour le secteur.
La volonté de toucher un public jeune ultra-connecté
Acteur pionnier, ayant déjà racheté la cagnotte en ligne Leetchi et investi dans Fluo, Grisbee, Yomoni, et Linxo, le Crédit mutuel Arkéa concrétise sa stratégie d’ouverture en proposant de nouvelles offres à ses clients en rachetant la fintech Pumpkin, une start-up fondée par trois jeunes Français. Sur la base de cette application mobile offrant une solution de transfert d’argent de personne à personne, le bancassureur souhaite lancer à la fin de l’année une néobanque tournée vers les jeunes de 18 à 28 ans.
En effet, si les banques font les yeux doux à ce public-cible, elles ont parfois des difficultés à intégrer les us et coutumes de cette tranche de la population largement acquise au numérique. Le directeur général de Crédit mutuel Arkéa ne dément pas la manœuvre : « non seulement l’équipe de Pumpkin est très compétente, mais son savoir-faire marketing lui permet de créer une proximité avec ses clients sans commune mesure avec les banques traditionnelles ».
L’application adopte tous les codes de la jeune génération
Créée en 2014 par trois étudiants, qui conservent 20 % du capital, Pumpkin a connu un développement très rapide, en s’inspirant notamment des codes des réseaux sociaux. Les 250 000 utilisateurs peuvent par exemple associer des commentaires à leurs opérations et les partager en ligne. Cette approche a permis à l’application mobile de croître de façon virale, avec une communauté d’utilisateurs qui double tous les six mois. L’application revendique plus de 5 millions d’euros de transactions par mois et 75 % d’utilisateurs recourant à Pumpkin environ quatre fois par mois.
L’application facilite la gestion de l’argent de ses clients au quotidien, au sein d’une communauté spécifique, qu’il s’agisse d’un couple, d’une co-location ou d’un groupe plus large. « Plus nos utilisateurs sont actifs, plus ils laissent d’argent sur leur compte qui fait office de réserve pour un budget spécifique, ce qui est compliqué à mettre en place via son compte courant », précise l’un des fondateurs.
Crédit mutuel Arkéa va investir 15 millions d’euros sur trois ans
Pumpkin va s’appuyer sur les capacités techniques de la bancassurance et de ses filiales pour consolider ses fonds, les sécuriser et les gérer. Elle pourra aussi recourir aux services de fintechs gravitant dans l’orbite de la banque. « Nous avons au fil des ans et de nos prises de participations au capital de ces start-up créé un écosystème qui permet d’envisager de nouvelles synergies entre elles», précise le directeur du groupe bancaire mutualiste. Pumpkin pourra notamment coopérer avec l’assurtech Fluo, avec l’agrégateur de comptes Linxo ou encore l’assistant personnel Max, créé en interne par le groupe qui souhaite infiltrer le marché européen. « Avec Pumpkin, nous ambitionnons de poursuivre la transformation de nos métiers, avec le lancement d’une néobanque mobile à destination des générations Y partout en Europe », poursuit-il. Le Crédit mutuel Arkéa devrait proposer une offre complète avec cartes de paiement personnalisées, relevé d’identité bancaire, et un gestionnaire de finances personnelles pour gérer son budget.
Les néobanques seront-elles les banques numériques de demain ?
Les acquisitions de fintechs se multiplient depuis le début de l’année en France : Le rachat partiel de Pumpkin par Crédit mutuel Arkéa au lendemain de l’acquisition de Compte-Nickel par BNP Paribas, le compte C-Zam de Carrefour Banque codétenue par BNP Paribas, l’application Morning de la banque Edel distribuée par Leclerc, ou encore la banque mobile communautaire de la BPCE. Le rachat des start-up par les banques est-il devenu un passage obligé pour assurer leur futur dans cet environnement ultra-compétitif ?