Ils entrent dans la fabrication d’équipements de hautes technologies pour des applications civiles (voitures autonomes, smartphones, panneaux photovoltaïques…) et militaires (blindages de chars, missiles intelligents…). Les métaux rares et d’autres plus courants comme le cobalt et le lithium connaissent une consommation exponentielle et sont devenus un enjeu stratégique. Certains experts s’attendent à des tensions sur certains métaux dont la demande devrait dépasser l’offre. La situation pourrait redistribuer les cartes sur l’ensemble de la filière.
Les métaux rares sont un ensemble de 17 composés chimiques dont les propriétés ont été mises à profit dans différentes applications industrielles. Leur utilisation de masse a débuté à partir des années 1970. Le véhicule électrique, symbole de la transition écologique est notamment un grand consommateur de métaux rares. Si son taux de pénétration est encore relativement faible (moins de 1 %) sur les marchés automobiles mondiaux, il pourrait atteindre les 8 % sous l’impulsion d’acteurs comme Tesla ou de la Chine.
Des tensions sur le lithium et le cobalt
Selon Guillaume Pitron, lauréat du prix Erik Izraelewicz de l’enquête économique 2017, si l’électrique s’impose sur les carburants fossiles, il faudra extraire dans les trois prochaines décennies autant de métaux rares que depuis 70.000 ans. Le lithium n’entre pas dans cette catégorie, mais est utilisé de manière intensive dans la fabrication de batteries. Didier Julienne, spécialiste en matières premières, estime que pour couvrir la demande, il faudra accroître l’extraction de lithium de 260 % à 600 % en dix ans.
Comme le lithium, le cobalt n’est pas considéré comme faisant partie des métaux rares, il entre néanmoins dans les nouvelles technologies. Des chercheurs de l’institut Helmholtz Ulm (HIU) en Allemagne estiment qu’il pourrait devenir une ressource critique à l’horizon 2050. Certains fabricants, à l’image d’Apple, commencent à considérer le problème sérieusement. La marque à la pomme envisage de sécuriser son approvisionnement en négociant directement des contrats de long terme avec les producteurs.
Une production très concentrée
Aujourd’hui, 60 % de l’extraction de cobalt est faite en République démocratique du Congo et est au cœur de la guerre civile qui ravage le pays. À l’échelle mondiale, les métaux rares pourraient s’avérer être une arme politique plus puissante que le pétrole. La Chine concentre à elle seule 90 % de la production des 17 éléments métalliques. Pékin profiterait de ce monopole pour créer des pénuries artificielles, tirer les cours vers le bas et fragiliser le modèle économique de mines alternatives.
L’innovation technologique pourrait contribuer à diminuer les tensions sur l’approvisionnement de métaux rares. En aval, le recyclage des matériaux produirait une ressource conséquente, bien qu’insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins à en juger une étude de l’ADEME de juin 2017. En amont, les industriels étudient des manières de réduire leur utilisation de métaux rares. Toyota, par exemple, travaille sur un moteur dans lequel le néodyme sera remplacé par des métaux plus durables.
Des ressources dans les fonds marins
Les perspectives de pénuries de métaux rares sont estimées au regard des connaissances actuelles des gisements. Les fonds marins, encore à explorer, regorgeraient de ressources suffisantes pour couvrir les besoins pour plusieurs siècles. Des chercheurs ont cartographié de vastes réserves au large de l’île de Minamitori, possession du Japon. Évaluées à 16 millions de tonnes, elles permettraient de répondre à la demande pour 780 ans mais seront difficiles et chère à extraire.
La dimension environnementale pourrait avoir une influence sur les ressources exploitables. Certains types de minage sont loin de faire l’unanimité, à commencer par l’extraction dans les fonds marins qui rencontreront une vive opposition des populations et organisations écologistes. D’autres voient bien plus loin. Ainsi, l’administration Obama signé en 2015 le « Spurring Private Aerospace Competitiveness and Entrepreneurship Act » qui autorise les citoyens américains à exploiter les ressources spatiales.