Alors que les analystes prédisent le pire pour l’avenir de la planète, que les ressources naturelles telles que l’eau, le pétrole ou le bois s’amenuisent, comment la technologie peut-elle éviter ce scénario catastrophe ? Une solution possible : traiter les eaux usées pour les rendre propre à la consommation. Enjeux et réalité du marché.
Un futur sans eau est-il possible ? Les analystes prédisent que quatre milliards de personnes seront touchées par des problèmes de pénurie d’eau pendant au moins un mois dans l’année. Cela représente près des deux tiers de la population mondiale. C’est donc un problème global voire une crise mondiale. Les plus gros consommateurs sont les secteurs agricoles et industriels. L’eau est indispensable pour l’agriculture et du fait de la croissance démographique, ce besoin est croissant. Diminuer la durée de sa douche quotidienne est ainsi présenté comme très minime, face aux tonnes utilisées pour l’élevage notamment.
Des organisations spécialisées dans l’environnement expliquent que la consommation d’un foyer n’est qu’un petit pourcentage dans l’empreinte totale d’un individu, sa consommation alimentaire représentant la plus large part. Par ailleurs près d’un tiers de la population mondiale n’a pas d’accès direct à l’eau potable. Ce problème est multiple et la consommation moyenne diffère beaucoup en fonction des pays. Un Américain par exemple consomme en moyenne 2840 m3 par an que ce soit pour son utilisation personnelle et à cause de l’industrie de son pays, alors qu’au niveau mondial, la consommation moyenne par habitant est de 1380 m3. Les besoins sont donc différents, tout comme la répartition des ressources à l’échelle du globe.
La planète bleue
Pourtant la planète est couverte à 72 % d’eau. Mais une grande majorité est salée et l’eau douce ne représente qu’un très faible pourcentage, seulement 2,5 %, du total présent sur Terre. Cette dernière provient essentiellement de la fonte des glaciers, des nappes phréatiques ou encore des lacs et des rivières. Or qui dit eau douce ne dit pas forcément potable et elle doit être, la plupart du temps, traitée.
De plus ses réserves diminuent à cause de l’augmentation croissante de la population, du réchauffement climatique, de l’exploitation croissante dans l’industrie et l’agriculture et, enfin, du fait de la pollution des sources. La seule solution : traiter ! Traiter l’eau salée pour la dessaler, traiter les eaux douces et usées pour les rendre potable.
Des techniques de traitement variées
Puisque sur la quantité d’eau présente à la surface du globe, plus de 97 % est salée, et que près de 40 % de la population mondiale vit à moins de 100 km de la mer, la solution qui semble la plus aisée et la plus accessible est donc le dessalement. Mais, du fait des besoins en électricité notamment, cette technique est très onéreuse. Malgré les efforts réalisés pour diminuer les coûts en utilisant des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques, seulement 2 à 3 % de la production mondiale proviendraient du dessalement. Mais cette technique est en forte progression avec plus de 16.000 usines dans 120 pays. On voit ainsi par exemple de plus en plus de sites de dessalement au Moyen-Orient. L’autre technique de traitement des eaux est celle consistant à traiter les effluents liquides. Cela grâce notamment de filtres extrêmement fins, technologie qui coûte deux fois moins chère que le dessalement.
La Californie déjà à l’oeuvre
A Los Angeles, le géant français Suez gère l’usine de West Basin. Avec 18 millions d’habitants dans la métropole, l’accès à l’eau est un défi. Quelle est la spécificité de cette usine de traitement ? Tout d’abord ce sont plus de huit étapes qui sont nécessaires pour faire du liquide trouble de départ l’eau limpide qui sort de l’usine à la fin du traitement. L’effluent passe ainsi dans différents bassins, avec des microfiltrations, puis se voit imposer un traitement d’UV pour tuer les bactéries etc.
Que font les Californiens de cette eau « nettoyée » ? Une partie est utilisée pour l’arrosage des jardins et des golfs, et une autre pour l’industrie et l’agriculture, comme l’irrigation des exploitations. Le reste est injectée dans la nappe phréatique, c’est ainsi que cette eau traitée et recyclée pourra se retrouver dans les robinets des habitants de Los Angeles.
A Singapour, objectif 80% d’eau recyclée d’ici 2060
Se dire que ce qui sort du robinet peut provenir directement des égouts ou encore des toilettes n’est pas la meilleure publicité. Il y a un vrai facteur psychologique qui bloque la population, comme le disent les professionnels du secteur : un facteur beurk ou “yuck factor” en anglais. En Australie, suite à un référendum, les habitants ont refusé de boire leurs eaux usées recyclées. C’est avec ce constat que les autorités de Singapour ont travaillé sur “NEWater”, leur programme de recyclage des eaux polluées.
Dans la cité Etat c’est Veolia qui a participé à la mise en place du système. Puis des campagnes de sensibilisation et d’éducation ont été réalisées dans les écoles pour rassurer les enfants et, par leur intermédiaire, les parents. NEWater ne représente qu’un petit pourcentage de la consommation d’eau potable de la ville mais les autorités souhaitent augmenter ce ratio.
A Singapour, afin de diminuer l’importation d’eau de Malaisie, la ville a investi dans le recyclage des eaux usées, mais aussi dans la désalinisation. Son objectif : d’ici à 2060, fournir 80 % de la demande via le recyclage et la désalinisation. Le compte à rebours a commencé et certains l’ont bien compris.