Année de tous les dangers ? Sur fond de tensions géopolitiques, la Russie entre en récession. Un scénario dangereux qui affaiblit les relations internationales.
Si derrière le mot krach il faut entendre effondrement, celui qui se profile en Russie risque bien d’affecter non seulement cette immense nation mais aussi une partie de l’Occident tant les relations commerciales sont dépendantes d’un équilibre géopolitique. Le scénario qui risque de se dérouler trouve son origine dans de multiples enjeux mondiaux que sont la crise de l’énergie et les conflits armés.
Rouble et pétrole sur la même pente
La transition énergétique engagée en Occident a profondément changé la donne, désormais rien ne sera plus comme avant. La baisse des cours du pétrole conjuguée avec des réserves en excédent ont provoqué une chute historique. La Russie connaît sa plus grave crise économique depuis le krach de 1998 et voit sa devise chuter avec une perte estimée à 40 % de sa valeur. De plus, avec un baril à 50 dollars et une devise en berne, les prévisions pour 2015 semblent être des plus pessimistes.
Fuite historique des capitaux
Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui n’ont pas attendu que la crise éclate pour mettre à l’abri leurs capitaux. Ainsi en 2014, ce sont plus de 150 milliards de dollars qui ont quitté la Russie (deux fois plus qu’en 2013), rien de plus efficace pour aggraver une situation économique fragile. Si les capitaux ont quitté massivement le navire russe, c’est le signe que dorénavant on peut s’attendre un exode des investisseurs.
Les étrangers regardent ailleurs
Dans un article du Financial Times daté du 4 février dernier, ce serait plus de 400000 étrangers qui auraient quitté la patrie depuis un an. Allemands, Britanniques, Américains et Espagnols changent leurs projets. Ainsi, en moyenne, un tiers de ces étrangers préfèrent s’éloigner d’un pays où les perspectives s’assombrissent toujours plus. Toujours selon le quotidien, cela reflète une crise sévère où sanctions occidentales dans la crise ukrainienne et chute du prix du pétrole isolent la Russie de la scène internationale.
Une Europe aux aguets
Si la majorité des économistes sont d’accord sur le fait que les 400 milliards de dollars de réserves permettent à la Russie d’encaisser le choc à court terme, ils s’interrogent aussi sur l’année à venir avec un conflit larvé en Ukraine qui pourrait affecter encore plus l’économie russe. Si celle-ci devait être prise en défaut, alors ce serait toute l’Europe et donc la France qui en serait affectée.
Un cessez-le-feu en Ukraine peut-il apporter une note optimiste ?
A en croire les analystes internationaux et les premiers signaux depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, cette pause pourrait apporter quelques espoirs, à condition que les belligérants sachent en profiter. Les négociations prévues en mars prochain pourraient se traduire par un assouplissement des sanctions, rendant l’étau moins douloureux. De plus, le récent rebond des cours du pétrole pourrait permettre d’envisager les mois à venir sous l’angle de l’apaisement. Comme le souligne Novaïa Gazeta, un des rares organes critiques de la presse écrite russe, « un cessez-le-feu, même mauvais, est toujours mieux qu’une bonne guerre ». A méditer.
L’année 2015 sera cruciale pour l’équilibre mondial, la Russie est observée de toute part, à n’en pas douter que les Etats-Unis seront eux aussi à l’affût du moindre écart en cas d’un non-respect des accords de Minsk. Dans ce contexte, les prochains mois seront déterminants.