4% de croissance par an
Depuis son accès à l’indépendance, en 1991, la Lettonie a connu une croissance économique solide, mais le pays a été durement touché par la crise entre 2008 et 2009. Bénéficiant d’un plan d’aide international d’un montant de 7,5 milliards d’euros, la Lettonie a dû mettre en place, en contrepartie, une sévère politique d’austérité voulue par le FMI et la Commission européenne. Le redressement ne s’est pas fait sans heurts : désengagement de l’Etat dans de nombreux secteurs, baisses de salaires dans la fonction publique, assainissement du secteur bancaire… Le tout au prix d’une forte contestation sociale et d’un taux d’émigration se situant à 10%.
Cette austérité a néanmoins produit les résultats escomptés, puisque le PIB letton a enregistré une hausse de plus de 5% en 2011 et 2012. Quant à la croissance, elle se situe, en 2013, aux alentours des 4%. De quoi faire pâlir nombre de ses voisins.
L’illusion de la prospérité
Si l’économie du pays fait la part belle aux services, au travail du bois, à la production agricole et alimentaire, à la fabrication de machines et de dispositifs électroniques, qui figurent parmi les principales industries, les doutes sur sa solidité perdurent. Très dépendante des financements extérieurs, le développement du pays n’a pas été fondé sur la production industrielle. Il tient en fait principalement sur l’afflux massif de capitaux étrangers, investis dans la consommation sous forme de prêts, créant ainsi l’illusion d’une certaine prospérité. C’est l’un des points faibles de cette économie lettone, pointé par les agences de notation qui lui accordent la note BBB+.
Le passage à l’euro était déjà prévu dans le traité d’adhésion de la Lettonie à l’Union européenne ratifié en 2003. Depuis, le contexte a énormément changé après onze années et l’enthousiasme du début s’est un peu refroidi. L’abandon du lats, la monnaie locale, fait craindre une montée des prix. Comme cela s’est produit dans la plupart des pays passés à l’euro. Car si les Lettons sont, dans leur grande majorité, hostiles à la monnaie unique, c’est qu’ils craignent avant tout une nouvelle diminution de leur pouvoir d’achat. Dans un pays qui compte 13% de chômeurs, où 40% de la population est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale, la question est bien évidemment sensible. Surtout lorsque le salaire moyen se situe à 515 € nets par mois.
S’ancrer durablement en Europe
Une crainte contredite par le ministre des Finances, Andris Vilks, qui assure que le passage à la nouvelle monnaie se fera sans douleur. Ce dernier a aussi rejeté toute idée d’organiser un référendum, pourtant réclamé haut et fort par l’opposition.
Quels que soient les résultats du passage à l’euro, la décision de changer de monnaie semble autant une décision politique qu’économique. Car il s’agit, pour ce pays occupé par l’URSS jusqu’en 1991, de s’affranchir de son puissant voisin et de s’intégrer encore plus dans la Communauté Européenne. Un allié qui, à défaut de faire rêver, n’en constitue pas moins une solide alternative au voisin russe.