Grâce à des systèmes de paiements électroniques performants, les suédois sont devenus maître dans l’art de se débrouiller sans billets de banque ou pièces de monnaie. Si on en croit une étude récemment publiée, quatre achats sur cinq seraient payés par carte de crédit. Rencontre avec une société qui a décidé d’en finir avec les moyens de paiement traditionnels.
Les derniers chiffres sont sans équivoque : en Suède, chaque citoyen a en moyenne 260 fois par année recours à un mode de paiement électronique. Des systèmes tels que Swish, une application de paiements mobiles, favorisent cette tendance qui d’ailleurs se généralise dans toute la Scandinavie.
Mais lorsqu’on descend dans le sud de l’Europe, on s’aperçoit que la carte de crédit a moins la cote. Des pays comme l’Italie ne sont pas prêts à se défaire de l’argent liquide. Toujours roi, il représente 75% des achats nationaux. La France, elle, semble également être à la traîne.
Mais du côté de Stockholm, on a davantage tendance à recycler les porte-monnaie et, selon certains spécialistes, l’argent liquide pourrait disparaître de la circulation d’ici 2030.
“Money money money…”
Fervent défenseur du paiement par voie électronique, Björn Ulvaeus est un des tout premiers défenseurs d’une Suède sans cash. Ancien guitariste chanteur du mythique groupe ABBA, ce dernier a voulu prouver sa théorie en vivant toute une année sans billet ni pièce de monnaie.
Publié sur le site du musée du groupe légendaire, une note rédigée par l’ancien membre du groupe suédois explique que « nous avons perdu la capacité à voir que les pièces et les billets ne sont que des symboles et que ces symboles peuvent aisément être remplacés par d’autres ».
Par d’autres, oui mais par quoi? Une simple carte de crédit ou une application Smartphone par exemple. Par son action, Ulvaeus a voulu découvrir par lui-même qu’elles étaient les inconvénients d’une vie sans cash dans un environnement où la carte de crédit est omniprésente.
Le cash, un moyen de paiement désuet ?
Michel Santi, macroéconomiste, souligne qu’une société qui ne se sert que de moyens électroniques pour effectuer ses paiements pourrait en outre réduire considérablement l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Cependant, certains observateurs pensent que des formes de corruption comme le financement occulte de partis politiques pourraient considérablement freiner une interdiction du cash par les instances dirigeantes.
En Suède, les banques donnent le ton en ne distribuant plus d’argent liquide à leurs clients. Une façon de procéder qui s’adapte à l’évolution du pays et de ses citoyens. Pour aller plus loin dans cette lutte acharnée contre l’argent liquide, des sans-abris ont été équipé de lecteurs de carte afin qu’ils puissent vendre le magazine « Situation Stockholm » dans les meilleures conditions possibles. Un excellent moyen également de se prémunir contre les vols.
Des chiffres qui confirment la tendance
D’après un article publié en 2012 dans la revue économique de la Sveriges Riksbank, la banque centrale du royaume de Suède, le coût moyen d’un paiement en liquide serait plus élevé que par carte de crédit. Une différence de 0,30 centimes que deux chercheurs imputent « aux économies d’échelle, plus grandes pour les paiements par carte que pour les paiements en cash».
S’adapter oui, mais lentement
En France, le profil type de l’utilisateur d’argent liquide serait masculin et plutôt âgé. L’usage de la carte de crédit serait proportionnel au revenu et les femmes auraient davantage tendance à s’en servir. A l’instar de l’Italie, la France n’est pas un fervent défenseur de la monnaie électronique et ne serait donc pas encore prêt à passer le pas. D’autant plus que le droit monétaire français n’autorise pas les banques à refuser les retraits d’espèces. Une disparition semble donc peu probable, en tout cas à moyen terme.
De son propre aveu, le légendaire guitariste chanteur du groupe suédois n’a pas réussi à se passer totalement de monnaie liquide. Quelques difficultés se sont mises sur sa route comme… l’emprunt d’un caddie au supermarché !