En 2016, c’est l’année du Mexique qui sera célébrée en France. Une belle opportunité pour Paris car le réchauffement des relations entre les deux Etats intervient à un moment-clé pour l’économie mexicaine, en pleine croissance.
Déjà prévu en 2011, l’événement avait été annulé suite à l’affaire Florence Cassez. Condamnée à 60 ans de prison pour enlèvements et possession d’armes, le soutien apporté à la ressortissante française par le président Sarkozy avait alors déplu aux autorités mexicaines, entraînant une grave crise diplomatique entre les deux pays et l’annulation des festivités. Cinq ans plus tard, le projet redevient d’actualité.
Car on assiste depuis plusieurs mois à un réchauffement des relations entre les deux pays. Le jeune président mexicain Enrique Peña Nieto, élu en 2012, a ainsi été l’invité d’honneur de François Hollande lors du dernier défilé du 14 juillet : une première dans l’histoire de leurs relations. L’année du Mexique, au-delà de sa portée symbolique, entérine une volonté de coopération entre les deux Etats, à la fois sur le plan politique, culturel mais surtout économique.
La deuxième économie d’Amérique latine
Avec un PIB de 1 367 milliards de dollars en 2015 , le Mexique se place en deuxième position sur le continent sud-américain et au 15ème rang mondial. Son taux de croissance de 2,1 % en 2014 serait de 3,5 % pour 2015 d’après le FMI, même si ce chiffre révèle surtout la bonne santé économique des États-Unis, partenaire commercial majeur. Mais le Mexique bénéficie également d’un vaste marché intérieur de 120 millions d’individus, avec un PIB par habitant de 10 000 dollars par an. Pour un pays émergent, le pays résiste bien à la crise : 10ème producteur mondial de pétrole en 2014, la baisse des cours a moins affecté sa balance commerciale que d’autres pays d’Amérique latine comme le Brésil.
Le Mexique est en effet moins dépendant des exportations de matières premières (seulement 11%) que ses voisins. Sa stabilité financière fondée sur le contrôle de l’inflation, un secteur bancaire pérenne, et une monnaie peu dépréciée lui ont aussi permis de limiter l’impact de la crise, moyennant une hausse des dépenses publiques. Premier producteur d’argent au monde, 8ème producteur d’or, le Mexique offre également des salaires compétitifs aux entreprises et s’est illustré par sa volonté de coopération en matière de transparence fiscale.
Une politique libérale orientée vers l’extérieur
Le modèle de croissance du Mexique est basé sur l’ouverture, aussi le pays mise sur les exportations, dont 80 % vers les États-Unis. Ces dernières années, la croissance continue des exportations bénéficie surtout à l’électronique et au secteur automobile. Le Mexique concentre en effet sur son sol toutes les entreprises qui veulent s’exporter vers l’Amérique du Nord comme Kia, ou BMW.
Grand partisan du libéralisme économique, le pays fait partie d’un réseau d’accords de libre-échange incluant au total 46 pays. En supprimant les barrières douanières et les réglementations nationales protectionnistes, cette politique lui garantit un accès au marché des pays partenaires (notamment dans la zone Pacifique). Le Mexique est ainsi bien intégré dans les organisations internationales (G20, OCDE, ALENA) et mise sur l’attractivité en limitant les coûts de production. Cette politique lui vaut une confiance des investisseurs industriels et financiers, le Mexique étant classé Investment Grade par les principales agences de notation financière.
Des réformes ambitieuses à mettre en œuvre
Depuis 2012, une série de grandes réformes a été lancée par l’administration Peña Nieto pour faciliter l’arrivée d’investissements étrangers. Ces mesures visent d’abord à réduire le coût de l’électricité et des télécommunications. Il s’agit aussi de privatiser le secteur pétrolier, contrôlé par l’entreprise publique Pemex depuis 1938, dans un État où 80 % de l’économie relève du secteur privé. Parallèlement, une hausse de l’approvisionnement en gaz vise à réduire la dépendance du pays aux cours du pétrole. Ces réformes s’attaquent également à un système éducatif trop faible, aux inégalités sociales et à la lutte contre la faim.
En effet, malgré un climat politique stable, les défis à relever pour le Mexique restent énormes : le pays souffre d’un retard de productivité et de compétitivité et demeure trop dépendant des États-Unis. Plus de 50 % de la population mexicaine vit sous le seuil de pauvreté, et l’économie informelle représente une source de travail très importante dans ce pays émergent. S’ajoute à cela un niveau de criminalité et d’insécurité qui défraye fréquemment la chronique, tout comme les scandales de corruption qui ternissent la réputation de la police mexicaine. Enfin sur le plan écologique, le Mexique est le premier émetteur de gaz à effet de serre sur le continent et rencontre fréquemment des problèmes de pollution atmosphérique dans les grandes villes.
Une coopération renforcée avec la France
Le 14 juillet dernier, une partie de l’armée mexicaine défilait sur les Champs-Élysées alors qu’un chef d’État mexicain n’était pas venu en France depuis 18 ans. Enrique Peña Nieto venait aussi accompagné d’une cinquantaine de patrons et ce voyage diplomatique de quatre jours a été l’occasion de signer une soixantaine d’accords dans les secteurs de l’énergie, de la défense ou encore du transport avec la France. L’ancien gouverneur de Mexico s’est finalement rendu chez Airbus à Marseille avec le projet d’acheter quelques hélicoptères français. Ce sont aujourd’hui, plus de 400 entreprises françaises qui sont implantées au Mexique d’après le ministère des Affaires étrangères. Les ventes françaises au Mexique portent majoritairement sur le secteur pharmaceutique, les transports, les produits chimiques, parfums et cosmétiques, les machines agricoles et le matériel électronique.
Deuxième partenaire de la France en Amérique latine, un commerce bilatéral qui génère près de cinq milliards d’euros en 2014 : le Mexique semble être devenu un allié incontournable sur le plan économique. La France a donc intérêt à rattraper son retard comme en témoigne l’objectif de doubler les échanges commerciaux avec le Mexique d’ici 2017 formulé par le ministère du Commerce extérieur.