Pour réduire sa facture énergétique de 70 milliards d’euros, la France cherche à lutter activement contre le réchauffement climatique et à redéfinir les modèles de consommation pour préserver l’environnement. La loi de transition énergétique adoptée le 17 août 2015 se pose comme une loi pionnière de la révolution énergétique du XXIème siècle, et donne les moyens de financer cette révolution.
En quoi consiste la transition énergétique ?
La transition énergétique se décline en quatre points clés : économiser l’énergie en réduisant les énergies fossiles et la pollution du secteur des transports et de l’industrie ; préserver l’environnement en privilégiant la production locale et les énergies renouvelables tout en diminuant les déchets ; mobiliser la société autour de projets énergétiques innovants ; et créer de nouveaux emplois pour mettre en œuvre la transition énergétique.
La loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée l’été dernier à l’initiative du ministre de l’Environnement Ségolène Royal, prévoit ainsi la création de 100.000 nouveaux emplois, la réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030, la diminution de la part des énergies fossiles à 30 % et l’augmentation de la part des énergies renouvelables à 32 % d’ici 2030, la baisse à 50 % de la part des énergies nucléaires produisant de l’électricité et la hausse de celle des énergies renouvelables à 40 % en 2025. Autre ambition de taille : diminuer de moitié la consommation énergétique finale et le volume des déchets en France d’ici 2050. Le prix de la tonne de carbone va également augmenter pour atteindre 56 euros en 2020 puis 100 euros en 2023.
Ces efforts tournés vers la croissance verte ont donc pour objectif de favoriser un nouveau modèle de société à l’empreinte écologique diminuée et de dynamiser l’économie nationale. Des belles ambitions, mais dont la réalisation passe par la mise en place de financements adéquats.
Qui peut la financer ?
Qui sont les acteurs concernés par le financement de la transition énergétique ? Ségolène Royal apporte la réponse : « c’est le pays tout entier qui doit maintenant se saisir de cette loi et notamment les forces vives : les collectivités, les entreprises et les citoyens ». En clair, tous les acteurs économiques, que ce soit les ménages individuels, les entreprises privées ou les organes de l’Etat.
En 2013, les 36 milliards d’euros d’investissements permettant de lutter contre le réchauffement climatique ont essentiellement été effectués par les ménages et par les appareils de l’Etat (38 % respectivement), le reste ayant été réalisé par les entreprises privées (24 %). Cela représente un dixième des investissements français, avec 18 milliards pour consacrés à l’efficacité énergétique, 12 milliards aux infrastructures durables et 5 milliards aux énergies renouvelables.
Quels sont les outils à leur disposition ?
Les solutions sont multiples en varient en fonction des acteurs concernés, et se déclinent principalement entre la mise en place de prêts à taux préférentiels et d’aides étatiques aux acteurs souhaitant investir dans la transition énergétique[1].
Pour les particuliers, des crédits d’impôts sont mis en place pour les travaux de rénovation entrepris aussi bien par les locataires que les propriétaires, ces derniers peuvent également accéder à l’éco-prêt à taux zéro, et les ménages modestes vont pouvoir bénéficier d’aides pour consommer des énergies durables.[2]
Transition
Pour les collectivités territoriales, la mesure phare consiste à augmenter le fonds de financement de la transition énergétique de la Caisse des dépôts de 1,5 milliards d’euros à 5 milliards. Ce dernier permet de financer des projets énergétiques soutenables (rénovation énergétique, bâtiments à énergie positive, moyens de transports durables, énergies renouvelables).[3]
Enfin, les entreprises pourront jouir de financement de long terme y compris pour les petits et moyens projets leur permettant de réaliser leurs obligations vertes. La Banque publique d’investissement (BPI France) va doubler le nombre de prêts aux sociétés investissant dans les énergies renouvelables pour atteindre un montant de 800 milliards d’euros par an en 2017. Les secteurs du bâtiment (44 % de la consommation d’énergie française), des transports (27 % des émissions des gaz à effets de serre) et de la production énergétique (la part des énergies renouvelables n’étant que de 12 % en 2012) sont particulièrement visés. Les investissements dans les d’énergies renouvelables sont mis à l’honneur (solaire photovoltaïque, biomasse, éoliennes en mer et hydroélectricité) et l’Etat s’engage à soutenir les projets innovants.[4]
La plateforme Novethic spécialisée dans l’économie responsable permet de mieux comprendre les instruments financiers s’offrant aux investisseurs souhaitant lutter contre le changement climatique. Son « Kit Climat » explique le contenu des accords de Paris de la COP 21, les impacts climatiques selon les activités des entreprises, les outils de financement d’une économie « verte et décarbonée » et permet de mesurer les risques financiers associés aux investissements dans les énergies fossiles. Une aide précieuse pour mieux financer la transition énergétique, qui est l’affaire de tous.
[1] Pour aller plus loin, voir le site de l’IDDRI
[2] Le détail des 18 mesures concernant les citoyens
[3] Le détail des 20 mesures concernant les collectivités territoriales
[4] Le détail des 16 mesures concernant les entreprises voir