De nombreuses lignes de TGV devaient voir le jour avant 2030. C’était inscrit dans le Schéma national des infrastructures de transport (SNIT) et l’un des projets du gouvernement. Mais le rapport Duron est tombé. Verdict: le projet jugé trop coûteux, seule la construction de la ligne Bordeaux/Toulouse est maintenue.
On espérait pouvoir parcourir la France entière en TGV. Ca ne sera pas le cas. Du moins, pas avant 2030. La grande majorité des projets ferroviaires figurant dans SNIT dont la gauche a hérité en arrivant au pouvoir va devoir être reportée. Des infrastructures devaient pourtant être construites afin de faciliter les transports inter et intra régionaux. Sont par exemple reportées à l’après 2030 les lignes Orléans/Lyon, Marseille/Nice ou encore Toulouse/Perpignan. Mais selon le rapport Duron (de Philippe Duron, député-maire de Caen qui a présidé la commission Mobilité 21), le Tout-TGV doit attendre.
Un projet trop coûteux
La raison de cette mise en attente du projet est sans surprise budgétaire. Le projet de ligne à grande vitesse reviendrait en effet à plus de 10 milliards d’euros, ce que l’Etat ne peut pas se permettre en pleine crise. Dans un entretien à Usine nouvelle, Jean-Marc Ayrault se dit d’accord avec le rapport Duron : « Le précédent gouvernement a fait une erreur et a commis un mensonge. L’erreur, c’est qu’il s’est concentré sur les infrastructures en oubliant la qualité des services ! Le mensonge est d’avoir laissé entendre qu’on pourrait faire plus de 250 milliards d’investissements dans les vingt prochaines années ! C’est irréaliste financièrement et techniquement. »
La ligne Bordeaux/Toulouse sauvée
Le retard dans la modernisation des lignes ferroviaires en France entre certaines villes est dû au fait que le TGV a justement coûté trop cher. La seule ligne qui va être sauvée et dont la construction est maintenue avant 2030 est celle entre Bordeaux et Toulouse, Jean-Marc Ayrault ayant affirmé que ce tronçon était prioritaire.
Aux autres régions, dont les projets attendront 2030, Jean-Marc Ayrault explique qu’elles ne seront pas pour autant en reste : « les nouveaux projets ne sont que la partie émergée d’un iceberg dont le reste est constitué des réseaux qui doivent être profondément rénovés, tant pour les infrastructures que pour le matériel roulant. »
C’est peut-être mieux comme ça. Jean-Charles Kohlhaas, conseiller régional d’Europe Ecologie-Les Verts, explique que les trains à grande vitesse « ne permettent pas des arrêts fréquents. Un train rapide n’est pas seulement un train qui va vite, il est capable d’accélérer et de décélérer rapidement », ajoutant que les temps de parcours sont souvent plus longs car les gares de TGV sont loin des centres. Il me semble ainsi que le choix du gouvernement de renouveler les trains Intercités et les anciens Corails est probablement le bon. Bien moins coûteux que les TGV, et probablement mieux adapté aux courts trajets, le projet n’en sera que plus rentable. A mon avis, que ce rapport exprime une réelle lucidité que le gouvernement a su lui aussi percevoir, et que finalement, donner la priorité aux transports du quotidien plutôt qu’aux grandes lignes est tout à son honneur.