L’ONG Transparency International lançait en décembre dernier une plate-forme en ligne consacrée à la corruption et a accompagné son rapport annuel sur la corruption d’une carte interactive des cas de corruption en France, afin de mieux rendre compte de l’action de la justice française en matière de lutte contre la corruption. Pour « Prendre conscience de l’ampleur du problème »
Chaque année, l’organisation non-gouvernementale Transparency International publie un rapport sur la corruption. L’objectif de Transparency est d’informer les citoyens sur les cas de corruption sur leur territoire et de leur donner les moyens d’agir à leur échelle. Avoir accès à ce type de données est indispensable pour savoir quels sont les domaines, territoires et individus les plus vulnérables et, ainsi, informer sur l’action des acteurs de la lutte contre la corruption (pouvoirs publics, citoyens, ONG, médias). L’ONG souhaite en effet faire prendre conscience de l’ampleur du problème, et sensibiliser à la lutte anti-corruption dans son secteur d’activité. Chose inédite : l’édition 2014 s’accompagne d’un nouvel outil interactif, une carte de France de la corruption, véritable base de données recensant les condamnations prononcées par la justice française, parues dans les médias.
La liste la plus exhaustive jamais dressée
Avec plus de 250 cas de corruption recensés sur le territoire français, cette plate-forme propose un outil jamais vu. Il se présente sous la forme d’une carte interactive où chaque point indique une condamnation prononcée contre un élu pour des faits de corruption. En l’absence de données centralisées et publiques, la cartographie ne dénombre que les condamnations relatées dans la presse et qui ont été identifiées par les bénévoles de l’association. Ainsi, il est possible, en cliquant sur tous les points rouges de la carte, d’accéder à une description des faits de corruption, au nombre et au statut des personnes impliquées, aux dates des faits, de condamnation, et de traitement dans la presse, ainsi qu’au montant du préjudice.
L’outil permet donc d’avoir un regard critique sur notre rapport à la corruption puisqu’il offre la possibilité de constater le temps qui s’écoule entre la date des faits et la date de la condamnation, ou encore de voir quel type de sanction est prononcé en fonction de la nature de l’infraction. Cela permet de mesure l’efficacité du système de lutte contre la corruption. Par ailleurs, afin de rendre cette liste la plus exhaustive possible, elle s’inscrit dans une démarche de soutien à l’open data (ouverture des données publiques). Le site est donc en accès libre et utilisable par tous, et les données et statistiques sont librement téléchargeables.
Le classement de la France est en baisse
Outre des classements internes à l’Hexagone -nombre d’affaires par département, par région- Transparency propose aussi un classement international, et le classement ne fait pas honneur à la France. Classée en 26ème position, elle a perdu 4 places par rapport au classement de 2013 et continue de s’éloigner du podium constitué du Danemark, de la Nouvelle-Zélande et de la Finlande. Les voisins allemands, anglais et belges sont eux aussi mieux placés que la France puisqu’ils occupent respectivement les 12èmes, 14èmes et 15èmes places.
La France doit donc tirer les enseignements de ce classement 2014 et mettre à profit le fait d’avoir un tel outil à sa disposition afin de pouvoir redynamiser la lutte contre la corruption. Un pas en avant vient peut-être d’être fait par le gouvernement puisque l’amendement sur la « loi Macron » relatif au « secret des affaires », qui aurait empêché de rendre publiques certaines affaires de corruption, vient d’être supprimé à la demande de François Hollande.