Elle n’est pas la plus connue des agences gouvernementales mais elle occupe pourtant une position stratégique en France : l’AFT, soit l’Agence France Trésor, est celle qui gère la dette de l’Etat français. Fondée en 2001, elle a été souvent évoquée ces derniers temps dans l’actualité. Et pour cause, en période de crise comme c’est le cas actuellement, son nom apparaît davantage dans les revues de presse.
Les décisions de l’AFT sont à chaque fois mesurées avec précision car les conséquences peuvent être importantes sur la santé économique du pays. L’AFT dépend directement du ministère de l’économie, des finances et de la relance à qui elle doit rendre compte de son action. Un directeur général du Trésor (actuellement, il s’agit de Cyril Rousseau) préside l’agence et à la charge de faire appliquer les orientations préconisées par Bercy.
Evaluer le budget, placer l’excédent et emprunter
L’Agence France Trésor répond à une mission d’ensemble : mettre en place le programme 117 « Charge de la dette et trésorerie d’Etat ». Pour ce faire, elle remplit trois fonctions très claires : elle prévoit tous les flux de trésorerie à venir, c’est-à-dire qu’elle anticipe les dépenses et revenus de l’Etat français et dresse des plans en fonction de ces anticipations. Ensuite, elle se charge de faire vivre l’argent excédentaire en le plaçant pour en tirer des bénéfices à moyen ou long terme. Elle se charge également d’emprunter à des taux les plus avantageux possibles pour ne pas impacter les finances publiques sur le long terme.
C’est sur ce dernier point que l’on entend beaucoup parler de son rôle depuis plusieurs semaines. L’AFT se charge de placer la dette sur le marché, c’est-à-dire de trouver le moyen le plus efficace d’emprunter sans perdre d’argent. Dans ce contexte, elle a longtemps, comme d’autres gouvernements, bénéficié d’un taux négatif. En clair, entre 2010 et 2022, l’État Français pouvait gagner de l’argent sur ses emprunts. Ce n’est désormais plus le cas maintenant puisque les banques ont relevé leur taux directeur à un minimum de + 0,50 %, le taux étant même relevé à + 2,71 % depuis la fin d’année 2022.
Un rôle décisif en période de crise
L’agence établit des prévisions réalistes en tenant compte de la santé des marchés financiers et du contexte de crise. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, des finances et de la relance, a évoqué « des temps de grandes incertitudes » à l’automne 2022. La crise énergétique et l’inflation provoquent une période de grand flou et rendent encore plus difficile la tâche de l’AFT qui est encore plus sollicitée par l’Etat qui a besoin de ressources pour financer cette période de transition.
L’AFT fait donc face à de nouveaux défis car l’Etat français souhaite emprunter encore plus d’argent au cours des prochains mois. En effet, la France a déjà annoncé vouloir lever 270 milliards d’euros à moyen et long terme en 2023, soit 10 Milliards d’euros de plus que les deux années précédentes. Ce volume d’emprunt la place au second rang européen, derrière l’Italie et devant l’Allemagne. Avec l’augmentation des taux directeurs, il va falloir que l’agence trouve des mécanismes cohérents pour ne pas impacter trop durement le budget de l’Etat.
Pour l’heure, son scénario budgétaire se veut optimiste, tablant sur un rendement à 10 ans à 2,6 % à la fin de l’année 2023. Elle anticipe une baisse de l’inflation tout en considérant qu’il y aura encore une hausse des taux directeurs au cours des prochains mois. Anticiper et afficher de l’optimisme sans pour autant prendre de risques : tels sont les grands défis de l’AFT, plus que jamais sollicitée en ces temps de crise.
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