Face à une situation intenable et inédite, les clubs de rugby ou de football professionnels se trouvent démunis. En l’absence de spectateurs, six clubs de Top 14 pourraient se retrouver en cessation de paiement en juin, tandis que le défaut de paiement de Mediapro, le diffuseur de la Ligue 1, met à mal les clubs de football.
Attention, clubs professionnels en crise ! Que ce soit pour le football ou le rugby, le huis-clos imposé par la situation sanitaire n’est pas porteur de bonnes nouvelles. Sans public ou presque depuis le mois de mars, les clubs pros de l’Hexagone souffrent sur le plan économique. Les plus touchés par l’absence de spectateurs sont ceux de rugby, particulièrement les clubs de Bordeaux-Bègles, Toulouse, La Rochelle, Agen, Brive et Bayonne, qui ne reposent pas sur du mécénat mais sur des affluences nombreuses et des hospitalités importantes.
Selon Emmanuel Eschalier, le directeur général de la Ligue nationale de rugby (LNR), ces clubs pourraient mettre la clé sous la porte en juin car ils dépendent trop du public. Même avec une fréquentation réduite, ils seraient en grande difficulté. Pour eux, la billetterie représente déjà 20 % du budget, auxquels il faut ajouter un minimum de 10 % d’hospitalité (loges, réceptions de partenaires, etc.) voire beaucoup plus pour certains. Sans compter les remboursements des partenaires alors que les avances faites avaient déjà été intégrées aux budgets. Soit les partenaires jouent la fidélité et ne demandent rien, soit ils exigent leur argent et cela pourrait coûter leur survie aux clubs.
L’aide gouvernementale pour espérer se sauver
Prenant acte que les stades ne verront pas beaucoup de public avant le printemps minimum, les clubs s’accrochent à l’aide gouvernementale pour espérer se sauver. Car en Top 14, les droits TV ne représentent que 15 % du budget des clubs : pas assez pour espérer se sauver de la cessation de paiement. En attendant le montant de l’enveloppe de l’aide promise par l’Etat, la situation sert déjà de leçon et de nombreux acteurs du rugby s’interrogent sur le modèle du futur. Ne faudrait-il pas arrêter cette course effrénée vers les gros salaires, viser une économie plus raisonnable et pouvoir mieux encaisser les crises ?
Le football professionnel se trouve dans une situation un peu moins dramatique même si certains clubs sont en souffrance. La plus grosse dépendance aux droits TV aurait dû les préserver davantage : Nîmes, par exemple, dépend à 70 % des droits TV et tous les autres clubs, à l’exception du PSG (9 %), en dépendent à plus de 30 %. Sauf que le diffuseur du championnat, l’Espagnol Mediapro, a décidé de ne plus s’acquitter de la somme prévue, sous prétexte que le spectacle perd en valeur et surtout, qu’il n’enregistre pas autant de recettes publicitaires que prévu.
Les plus sains et ceux dépendant de mécènes s’en sortiront
Le défaut de paiement du diffuseur espagnol créé un précédent et met à mal les perspectives des clubs français qui avaient déjà souscrit à un emprunt collectif via la ligue de football professionnelle (LFP) lors du premier confinement. Leur seconde tentative d’emprunt risque d’échouer, les perspectives économiques des clubs n’étant pas réjouissantes. Certains disposent de fonds propres et d’une trésorerie saine mais d’autres doivent déplorer un trou de plusieurs millions d’euros : les Girondins de Bordeaux, par exemple, ont un déficit de 50 millions d’euros, conséquence de la crise liée à la Covid mais aussi d’une gestion hasardeuse lors des années précédentes.
Ainsi, comme au rugby, les plus sains et ceux dépendant de mécènes s’en sortiront le mieux même si le huis-clos pourrait faire perdre jusqu’à 300 millions d’euros à un club comme le PSG. Mais si la situation s’améliore avec le diffuseur, les clubs en difficulté pourraient ne pas être obligés de mettre la clé sous la porte.
Dans ce contexte, de relever la fréquentation des stades à 25 % de leur capacité totale, avant la fin de l’année 2020, constituait un espoir. Si le geste ne sera peut-être pas suffisant pour permettre aux clubs de football et rugby de redresser la barre, il va au moins leur éviter de couler dès la fin de la saison. A condition que cette jauge de 25 % annoncée par Roxana Maracineanu, la ministre des Sports, puisse rapidement s’appliquer et supporter le contexte sanitaire.
Photos : laprovence.com et lejdd.lanmedia.fr