Alors que la crise est dans toutes les bouches sur le vieux continent, tous les européens ne sont pas logés à la même enseigne. Le magazine anglais Business Insider dresse un état des lieux des milliardaires les plus riches d’Europe. De quoi donner à la jeunesse européenne de l’espoir et des idées sur comment réussir sur le vieux continent.
Mais ne vous attendez pas à retrouver dans ce palmarès les créateurs de start-ups aux idées les plus audacieuses et aux business models les plus novateurs. Entre agroalimentaire, matières premières et grande distribution, les milliardaires européens sont bien loin de l’image aguichante des success stories de jeunes leaders créatifs tels que Marc Zuckerberg. Et même si tous ne sont pas des héritiers, les milliardaires de ce classement ont fait leur fortune il y a plusieurs décennies déjà. Alors l’ascenseur social serait-il en panne ?
Les héritiers ne connaissent pas la crise
Beaucoup de milliardaires européens doivent en réalité leur statut à leurs aïeux. C’est le cas par exemple de Georg Schaeffler qui est devenu avec ses 24 milliards d’euros d’actifs l’homme le plus riche d’Allemagne. Comment ? En acquérant 80% de l’entreprise de son père, le numéro un du roulement à bille Shaeffler Gruppe.
Hériter de l’entreprise Lego, fondée par son grand-père, Kjeld Kirk Kristiansen n’a pas occupé le poste de PDG du géant du jouet vingt-cinq ans durant par hasard. Les briques de plastiques célèbres dans le monde entier l’ont mené au rang de personne la plus riche du Danemark avec une fortune estimée à pas moins de 8,8 milliards d’euros.
Le collectionneur d’art monégasque David Nahmad doit également une bonne partie de sa richesse à sa famille. Riche de plus de 1,6 milliards d’euros, il est connu pour avoir réalisé une vente exceptionnelle à Sotheby’s, se délestant d’une œuvre de Monet pour la modique somme de 30,8 millions de dollars.
En Suisse, ce n’est pas la banque mais le marché du médicament qui a rendu riche Ernesto Bertarelli. Avec la vente de l’entreprise pharmaceutique Serono fondée par son grand-père, il laisse à Waypoint Capital le soin d’investir ses 7,8 milliards d’euros.
Symbole des richesses de la noblesse anglaise qui se transmet de génération en génération et génère la frustration d’une certaine part de la population, Gerald Cavendish Grosvenor n’est pas un entrepreneur. Le duc de Westminster doit sa fortune de 11,2 milliards d’euros aux terres que lui a léguées sa noble famille.
En Finlande, c’est notre paresse qui a rendu riche la famille d’Antti Herlin. A la tête de l’entreprise KONE fondée par son grand-père dans les années 20, Herlin est le numéro un des ascenseurs et escalators. Un quasi-monopole juteux qui lui vaut une fortune de 3,2 milliards d’euros.
Les success stories « made in Europe » du vingtième siècle
Si certains se sont enrichis grâce aux ascenseurs de grand-papa, d’autres sont parvenus à sauter dans l‘ascenseur social tant qu’il était sur la montée et à créer eux-mêmes leur réussite. Une preuve qu’il est encore possible de réussir en Europe ? Pas si sûr. La plupart des milliardaires autodidactes en Europe se sont enrichis il y a plusieurs décennies déjà. C’est le cas par exemple du norvégien Odd Reitan, créateur de la plus grande chaîne de supermarchés de son pays. Les magasins REMA 1000 créés il y a maintenant 36 ans, ont rapporté à cet entrepreneur persévérant quelques 4,6 milliards d’euros.
Le polonais Jan Kulczyk a lui misé sur l’effondrement de l’Union soviétique. Il était à l’époque le seul grossiste prêt à vendre des voitures allemandes dans le bloc de l’Est dont les marchés se sont subitement ouverts. Ces juteuses exportations et de judicieux investissements dans le secteur des télécoms lui ont assuré un pactole de 3,6 milliards d’euros.
En Roumanie, c’est le commerce des fertilisants agricoles qui a fourni à Ioan Niculae sa fortune d’environ un milliard d’euros. Un succès qui lui est sans doute monté à la tête, puisque l’homme le plus riche de Roumanie sera condamné à deux ans d’emprisonnement pour corruption.
Investir dans les matières premières et les matériaux, une valeur sûre
Pour certains européens, investir dans des matériaux s’est montré fructueux. C’est le cas du belge Albert Frère, riche de 4,4 milliards d’euros, dont la fortune accumulée dans les années 70 grâce au commerce de l’acier et réinvestie dans divers autres secteurs ont fait de lui l’homme le plus riche du royaume, pourtant connu pour abriter quelques grandes fortunes européennes en quête d’une imposition plus sereine.
Et s’il est une matière première qui a rendu tant d’hommes riche, c’est bien le pétrole. C’est en transportant le si convoité « or noir » lors de la guerre entre l’Iran et l’Irak que John Fredriksen (norvégien de naissance) a gagné ses 9,3 milliards d’euros, faisant de lui la première fortune de Chypre.
Beaucoup moins risqué que le transport d’hydrocarbures en zone de conflit armé, le portugais Americo Amorim a lui misé sur le commerce du liège. Reprenant l’entreprise familiale, la plus grande au monde dans ce secteur, il est à la tête d’un empire de près de 4 milliards d’euros.
Le chic à l’européenne rapporte gros
Exception française oblige, la personne la plus riche de France est une femme, et pas n’importe quelle femme. Ingrid Betancourt, dont le nom apparaît plus fréquemment à la rubrique judiciaire ou politique que dans les chroniques économiques, est à la tête d’un empire du luxe. Fille héritière du géant L’Oréal, emblème de la classe française dont elle est actionnaire majoritaire, sa fortune estimée à 35,7 milliards d’euros fait d’elle la femme la plus riche d’Europe. Pas étonnant donc qu’elle soit l’objet de nombreuses convoitises.
Un autre géant de la mode européenne, la marque suédoise H&M, a rendu riche Stefan Persson. Actionnaire majoritaire de la chaîne dont son père fut le co-fondateur, il en est également le directeur et peut s’asseoir à ce titre sur une fortune de presque 22 milliards d’euros.
Son concurrent direct est parti de bien plus bas. En ayant commencé en bas de l’échelle, comme simple confectionneur de chemises, l’espagnol Amancio Ortega fut le fondateur dans les années 70 de la chaîne de vêtements Zara. L’entreprise fût une franche réussite et propulsa l’homme au premier rang des fortunes européennes avec une coquette fortune de 57,4 milliards d’euros.
Le prix de la gourmandise
L’Europe est reconnue pour sa gastronomie. Elle l’exporte dans le monde entier et en fait l’une de ses ambassadrices culturelles. En Italie, c’est un géant du chocolat qui a rendu Maria Franca Fissolo et Giovani Ferrero riches de 20,8 milliards d’euros. Respectivement veuve et fils de Michel Ferrero, ils ont su tirer bénéfice de la marque à qui il a donné son nom, connue pour exporter Nutella, Kinder, Tic Tac et autres plaisirs sucrés aux quatre coins du globe.
Les Pays-Bas sont connus pour leurs tulipes, mais aussi pour leur bière. La brasserie Heineken qui fournit les bars de la planète entière en mousse fraîche a rendu riche Madame Heineken. Charlene Heineken siège au Conseil d’administration du groupe créé par son grand-père Adriaan Heineken. De la bière, du pouvoir et le compte en banque bien fourni qui va avec : 10,3 milliards d’euros.
Toujours au rayon boissons, un autre breuvage d’origine européenne a fait le tour du monde. Il s’agit du Red Bull. La boisson énergisante est à l’origine des 9,6 milliards d’euros d’actifs de son co-fondateur, l’autrichien Dietrich Mateschitz. Il siège à la direction de l’entreprise dont il possède 49% des parts. Mais Red Bull n’a pas seulement enrichi Mateschitz. L’entrepreneur thaïlandais Chaleo Yoovidhya avec qui il a fondé l’entreprise reste lui détenteur de 51% de son capital. Fondée il y a trente ans maintenant, la marque doit sa réussite à son internationalisation et à son adaptation aux différents marchés. La preuve peut être que pour faire fortune au 21ème siècle il faut regarder au delà des frontières européennes !