La fintech parisienne Younited Credit a annoncé une augmentation de capital de 40 millions d’euros. Aux côtés de Crédit Mutuel Arkema, AG2R La Mondiale et Weber Investissements, ses actionnaires historiques, la start-up accueille à son capital de nouveaux investisseurs de taille: Bpifrance et Matmut Innovation.
De grandes ambitions pour le marché européen
Le nouveau tour de table réalisé en septembre porte à 103 millions d’euros le total des capitaux levés par la start-up et lui permet d’afficher de nouvelles ambitions. Lancée en 2011, Younited Credit, qui s’appelait encore il y a un an Prêt d’union, compte bien devenir le leader européen du crédit à la consommation en ligne. Proposant des prêts allant de 1.000 à 40.000 euros financés par des particuliers ou des personnes morales, la jeune entreprise a déjà octroyé 600 millions d’euros à plus de 100.000 particuliers depuis sa création.
Bien qu’elle ne serve que de plateforme entre le prêteur et l’emprunteur, la société dispose de la licence bancaire qui lui donne le droit d’exercer l’activité de crédit à la consommation au sein de toute l’Union européenne. Ainsi Younited Credit est actif en Italie depuis mars 2016 et en Espagne depuis mars 2017. L’implantation dans ces deux pays semble être une réussite pour l’entreprise puisqu’elle y génère déjà un tiers de ses revenus. Seulement six mois après l’ouverture de sa filiale barcelonaise, sept millions de prêts ont été accordé aux Espagnols.
Avec cette levée de fonds supplémentaire, la fintech française compte ouvrir entre deux et quatre nouveaux sites au sein de l’UE d’ici 2019. «Nous nous intéressons notamment à l’Allemagne, au Portugal et à des pays de l’Est»1, indique Charles Egly, cofondateur de Younited Credit avec Geoffroy Guigou et Thomas Beylot.
Des fonds pour alimenter l’innovation
“Le crédit, en plus rapide”. Ce slogan des plus concis parle de lui-même. La start-up veut se différencier des organismes prêteurs classiques aux procédures administratives longues et fastidieuses. Si elle annonce déjà un traitement de dossier sous 24 heures, Younited Credit compte utiliser une partie des fonds levés pour investir davantage dans l’intelligence artificielle et améliorer sa plateforme technologique.
Pour atteindre cet objectif, la fintech parisienne emploie 60 data scientists s’attenant à améliorer les algorithmes. Ceux-ci peuvent permettre de déterminer automatiquement la solvabilité du demandeur de crédit et de lui adresser une note. Les différents justificatifs demandés lors de la création du dossier sont analysés et synthétisés par des machines de reconnaissance optique de caractères, sans intervention humaine. C’est ce qu’on appelle le machine learning. « Grâce à ce process, notre algorithme de score détermine tout seul quelles sont les meilleures combinaisons de variables pour mieux séparer les mauvais des bons emprunteurs », explique Charles Egly.
L’expérience client est un levier de développement prioritaire pour la start-up qui souhaite devenir la plateforme de crédit la plus efficace du marché. Elle investit donc pour rendre toutes les démarches faciles et rapides : souscription depuis un smartphone sans envoi de documents physiques, conseillers clients accessibles via Messenger ou WhatsApp, objectif d’un traitement de dossiers sous 6 heures d’ici à 12 mois…
La fintech compte aussi utiliser une partie des fonds levés pour développer des plateformes API qui permettront à d’autres acteurs de proposer ce système de crédit. Un client d’une assurance pourrait par exemple payer à crédit son échéance annuelle directement sur le site de l’assureur, en souscrivant un prêt Younited Credit. Elle pourrait proposer ainsi en « marque blanche » sa solution à différents organismes comme des opérateurs de téléphonie mobile ou des assureurs et toucher de nouveaux clients.
Une solution vraiment révolutionnaire ?
Si Younited Credit s’est fait connaitre pour sa plateforme de financement participatif (ou crowdfunding), ce temps parait bien loin. Les crédits accordés sont maintenant davantage financées par des prêteurs institutionnels que par des prêteurs particuliers.
Sur son site Internet, l’entreprise se targue de 94 % de clients satisfaits. Pourtant, les avis négatifs de consommateurs sur les forums et réseaux sociaux fleurissent : « décisions arbitraires », « critères d’attributions opaques », « taux d’intérêts plus élevés que le marché »… Bien que proposant une plateforme intuitive et innovante, la start-up ne prend néanmoins pas plus de risques que les organismes bancaires classiques dans l’attribution des crédits.
Ce renforcement du capital va sans doute permettre à la jeune entreprise de se développer rapidement. Elle pourra compter sur une certaine reprise de la croissance économique sur le Vieux Continent, qui devrait booster les souscriptions de prêts à la consommation.