Fortement déficitaire dans ses échanges internationaux de marchandises, la France aurait au contraire augmenté ses excédents dans le secteur des services, malgré une perte de terrain dans certains domaines stratégiques comme le dépôt de brevets. C’est la Banque de France qui révèle ces nouvelles tendances, dans un document paru le 10 mars dernier.
La Banque de France a analysé le solde des échanges de services de l’Hexagone entre décembre 2010 et juin 2013. Le résultat est sans appel, avec une augmentation de « près de 12 milliards d’euros » sur cette période. En 2012, la France aurait en effet dégagé dans les services un excédent de 32,6 milliards d’euros, un chiffre pratiquement pas médiatisé, à l’inverse du déficit de 67 milliards d’euros de la balance commerciale (qui comptabilise les échanges de marchandises).
Toujours selon la Banque de France, la performance atteinte par la France depuis décembre 2010 est « bonne quand on la compare à celles de ses voisins de la zone euro ». L’Allemagne, voisine et principale puissance industrielle européenne, affiche en comparaison un déficit dans ses échanges de services.
Tourisme, transport et services aux entreprises
Le rapport présenté par la Banque de France révèle que le secteur des services en France est porté à l’international par le tourisme d’une part, et par le « négoce » d’autre part. Le négoce recouvre en réalité tout un ensemble d’activités commerciales autour des matières premières, notamment agricoles.
Les deux autres secteurs fortement exportateurs sont les services aux entreprises, qui regroupent par exemple des services de traduction, de sécurité ou de placement de personnel, ainsi que le transport de voyageurs et de marchandises.
A noter néanmoins, une partie de l’excédent dans les échanges de services s’explique par des mouvements internes aux entreprises. C’est le cas notamment des grands constructeurs aéronautiques ou automobiles dont la chaîne de production passe par plusieurs pays, sans être donc révélatrice en termes de compétitivité.
Innovation et dépôt de brevets
La compétitivité de l’Hexagone peut également s’apprécier à travers les « redevances et droits de licences », qui comptabilisent les revenus engendrés grâce à des innovations technologiques ou des brevets. Or il apparaît que ce solde a diminué depuis 2010, à l’image du solde des échanges de services dans les secteurs de l’informatique et de l’information. Dans le même temps, l’Allemagne a elle augmenté son solde dans les échanges de « redevances et droits de licences ».
Mais la France demeurait jusqu’à l’année dernière au 6e rang mondial des dépôts de brevets, avec une progression stable de +2,2% en 2013 par rapport à l’année précédente. Côté entreprises, le groupe Alcatel-Lucent est en tête de file pour l’Hexagone, alors que Samsung reste la l’entreprise qui effectue le plus de demandes de brevets au monde.
Que réserve donc l’avenir aux services, poids lourds de l’économie française, dans les années à venir ? De bonnes choses, si l’on se fie à l’INSEE, dont les données montrent une croissance de 2,8% par an depuis vingt ans pour les services marchands, contre 2% pour l’ensemble de l’économie. Ses 8,6 millions d’emplois font aussi du secteur des services marchands le 1er employeur en France, comptant pour 34% de l’emploi total (ou 48% de l’emploi marchand). Dans un contexte de grande porosité entre les activités industrielles et technologiques, les services en France devraient donc parvenir à renforcer leur position déjà solide.