Les Fintech, entreprises qui proposent des services divers et variés combinant finance et technologie, sont en plein essor. La France essaye de mettre en avant ces sociétés pouvant représenter l’avenir de la FrenchTech, et Bercy leur a même rendu hommage le 23 mars lors de la 5ème édition des Jeudigital, un salon dédié aux startups françaises.
L’essor de la digitalisation financière
Derrière ce mouvement en vogue des Fintech, se cachent des startups innovantes alliant services financiers et technologies de pointes. Elles proposent des services diversifiés destinés aussi bien aux entreprises qu’aux particuliers.
Ces entreprises se sont initialement développées outre-Atlantique, en proposant des services non offerts par le système bancaire classique. Leur nombre a été multiplié par quatre en 2014, et certaines sont valorisées à plusieurs milliards – 6 milliards USD pour Square ou 7,6 milliards USD pour Lending Club, la première proposant des paiements mobiles et l’autre étant une plateforme de prêts – preuve éloquente de leur succès.
Cette vague déferle maintenant sur l’Europe et les Fintech ne sont pas en berne en France. Stephen Périn et Sylvain Fagnent, tous les deux consultants chez OCTO Technologie et spécialistes de la transformation digitale et des services bancaires, s’intéressent de près au développement de ces entreprises et à leur impact sur le monde bancaire français, dans leur livre intitulé Banque Digitale : les Fintech cannibalisent la banque. Comme ils le soulignent, la digitalisation du secteur financier est une tendance qui n’est pas prête de s’arrêter.
Des services diversifiés et adaptés aux besoins des clients
La réussite d’une Fintech est liée à la diversité et à la spécialisation des services proposés. La digitalisation permet à un large panel de clients d’avoir accès à des services financiers à moindre coût, qui répondent plus adéquatement à leurs besoins que ceux proposés par les banques traditionnelles.
La Fintech propose à des frais réduits aussi bien des services de paiement en ligne, d’accès aux crédits, de change de devises, de gestion privée des portefeuilles. Selon Sylvain Fagnent, sa force est en effet d’offrir des services spécialisés soit difficilement accessibles par le biais du système bancaire classique, soit à des prix trop élevés.
L’équivalent français du Lending Club américain, Prêt d’Union, est une plateforme de crowd-funding facilitant l’accès aux prêts et Unilend se spécialise dans les prêts aux PME. Advize propose de souscrire des contrats d’assurance et d’épargner en ligne, accompagnant les clients grâce aux conseils avisés de spécialistes. Afrimarket permet de transférer des fonds vers l’Afrique par un système de bons d’achat électroniques directement, évitant aux particuliers de devoir de payer des commission élevées comme celles de Western Union – qui s’élèvent à plus de 12% alors qu’Afrimarket ne prélève pas plus de 5%. Au Royaume-Uni, GoCarLess facilite les prélèvements bancaires automatiques entre les particuliers, et a réussi début 2015 à lever 7 millions USD. The Currency Cloud ou Weeleo en France, opèrent sur le créneau des devises étrangères, facilitant les échanges internationaux à des tarifs moindres que ceux des bureaux de change traditionnels.
Les banques : partenaires ou concurrents des Fintech ?
Il est indéniable que certains services proposés par les Fintech sont ouvertement en concurrence avec les activités des opérateurs bancaires. Toutefois certaines banques ont perçu l’intérêt d’établir des partenariats avec ces sociétés en plein boom, et la nécessité de s’adapter à la déferlante de la digitalisation financière.
En France, plusieurs banques ont commencé à s’associer avec les Fintech, principalement en faisant appel à leur prestation de services, et plus rarement en investissant directement dans ces sociétés ou les rachetant. Le Crédit mutuel Arkéa a choisi l’option de prestation de services, échangeant des services digitaux spécialisés contre des activités du « core banking system ». Elle a également acheté des parts dans les plateformes de crowd-funding telles que Prêt d’Union et de Linxo – gestion de portefeuilles de particuliers en ligne. BNP Paribas a également investi 15 millions d’euros dans différentes entreprises et a créé à Paris un pôle dédié à la Fintech. La Société générale, par le biais de Boursorama, a même décidé de racheter en mars dernier Fiduceo, une Fintech offrant des services d’agrégation de comptes bancaires.
Ainsi, les Fintech ne font pas nécessairement de l’ombre au système bancaire classique : proposant des services diversifiés et adaptés à la demande client, leurs activités peuvent être complémentaires de celles de banques, les contraignant à se réorganiser pour s’adapter à la digitalisation du monde de la finance.
La vague Fintech est bien le syndrome d’une évolution inéluctable du monde de la finance, qui doit s’adapter à la digitalisation croissante des services offerts. Les investissements dans ces entreprises devraient atteindre les 8 milliards de dollars en 2018 : les Fintech ont de beaux jours devant elles, aux banques de s’adapter !