Troisième plus grosse productrice d’énergie au monde, la Russie a établi une feuille de route pour l’horizon 2035 afin de rester le leader mondial du gaz naturel tout en maintenant ses productions de charbon et de pétrole. Décryptage.
Troisième producteur mondial de charbon, deuxième en pétrole et leader de la production de gaz naturel, le territoire russe fournit massivement de nombreux pays. Ces ressources sont l’un des piliers de l’économie russe (30 % du budget national fin 2020), grâce à des exportations de millions de tonnes d’énergie par an aux quatre coins de la planète.
Ainsi, en 2019, dernière année avant la crise économique liée à la pandémie mondiale, l’énergie représente 62,1 % de la totalité des exportations de la Russie. Le contexte de blocage mondial provoque donc un effet négatif l’année suivante : en 2020, l’excédent commercial de la Russie chute de 41,5 % et la part d’énergie dans les exportations ne représente « plus que » 49,6 %.
Comptant sur une reprise rapide des activités dès la fin 2020, Moscou mise sur une hausse des exportations d’énergie pour les années suivantes, avec un plan à l’horizon 2035 : la production d’énergie doit passer de + 8,6 % (2020) à + 21,2 % et en parallèle, les exportations doivent augmenter de 16,1 % (2020) à + 32,4 %.
Le gaz naturel
Leader mondial de la production de gaz naturel, la Russie a saisi le rebond de la reprise économique post première vague de Covid : dès janvier 2021, Gazprom, la société russe dirigée par Alexey Miller qui exploite le gaz naturel sur le territoire national, réalise un record en exportant 19,4 milliards de mètres cubes en un mois à destination de l’Europe et de la Turquie. Cette volonté d’accroître la production de gaz entre dans la logique du plan 2035 voulu par le gouvernement : anticipant la baisse progressive mondiale de la demande en pétrole, le pouvoir exécutif veut rester leader du gaz, qui va être de plus en plus demandé.
Le pétrole
S’alignant sur l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) dont elle fait partie, la Russie s’est engagée à suivre les seuils préconisés en matière d’exportation. Seulement, soucieux de développer son économie nationale, le gouvernement russe devrait poursuivre sa production d’or noir en cherchant à l’écouler également au sein de ses frontières.
Le charbon
Deuxième réserve de charbon au monde après les États-Unis et devant la Chine, la Russie possède plusieurs entreprises houillères majeures, notamment SUEK, qui appartient à Andreï Melnichenko, et Kuzbassrazrezugol, filiale de l’UMMC dont le fondateur et président est Iskander Makhmudov.
La demande en charbon reste substantielle au niveau mondial, et la Russie est prête à augmenter sa part de production à l’horizon 2035, notamment en exploitant les mines à ciel ouvert situées dans le bassin du Kouzbass, en Sibérie occidentale.
Les énergies renouvelables et le nucléaire
Plus faible part du mix énergétique russe, les énergies renouvelables devraient encore représenter moins de 10 % de la production énergétique russe en 2035. L’énergie nucléaire quant à elle, même si elle n’est pas prédominante, reste stratégique pour la Russie puisqu’elle en est le quatrième producteur dans le monde. Elle est également le septième producteur d’uranium, et fabrique 17 % du combustible nucléaire.