Le pari est risqué pour le géant de l’électroménager Electrolux. Déjà endetté et dans le collimateur des agences d’évaluation financière, la firme suédoise a cependant déboursé pas moins de 3,30 milliards de dollars pour acquérir General Electric, le conglomérat venu d’outre-Atlantique. Elle deviendra ainsi un concurrent direct de Whirlpool sur le marché américain.
Après une première tentative de vente en 2008, General Electric, spécialisé dans les domaines de l’énergie et du transport, entre définitivement dans le monde de l’industrie. L’acquisition comprend cinq filiales distinctes : GE Energy Infrastructure, GE Technology Infrastructure, GE Capital, GE Consumer & Industrial et NBC Universal.
Ces cinq usines fabriquent un vaste choix de produits électroménagers dont des lave-vaisselle, des sèche-linge, des congélateurs ainsi que des cuisinières. Ces équipements pourront toujours utiliser la marque General Electric qui, depuis des années maintenant, a gagné une solide réputation auprès des consommateurs américains.
Les avantages sur le marché
L’entrée de la société, associée à General Electric, est prévue durant l’année 2015 et le géant suédois risque de détenir près de 50% du marché américain. Cette acquisition est considérable en termes de rentabilité. D’ailleurs le directeur général de la branche américaine d’Electrolux, interrogé récemment, a déclaré que c’était « la plus grande acquisition de leur histoire ».
Une fois sur le marché, le chiffre d’affaire d’Electrolux atteindra, selon les estimations, la coquette somme de 22,5 milliards de dollars et concurrencera directement son futur grand rival : Whirlpool.
Electrolux tirera une petite plus-value comptable de sa transaction. On parle d’un montant entre 0,05 et 0,07 dollar par action, soit plus de 500 millions de dollars au final.
Les ambitions venues de Suède
Börje Ekholm, patron d’Investor, déborde de confiance. Selon lui, cette acquisition est très intéressante d’un point de vue industriel. « L’acquisition renforcera considérablement la position d’Electrolux sur l’important marché américain et permettra une poursuite des investissements dans l’innovation et la croissance » déclarait-il.
Même si la concurrence est rude dans un marché difficile et qui a, en plus, l’habitude d’appliquer de bas tarifs, le géant suédois a les moyens de se démarquer des autres marques et, ainsi, réaliser des performances dignes des résultats européens.
Electrolux a déjà commencé à tisser sa toile en créant plus de 110 antennes de distribution à travers les États-Unis. La société a su mettre en place un réseau de distribution organisé et performant qui permet de livrer un produit commandé en à peine 18 heures.
Risques réels pour Electrolux
La transaction ne comporte cependant pas que des avantages et le pari semble risqué, étant donné les dettes accumulées par le géant de l’électroménager au cours des dernières années. Dans un communiqué, Thomas Eliasson le directeur financier d’Electrolux est revenu sur la politique d’investissement du groupe suédois en déclarant : « Nous sommes déterminés à garder la note en catégorie investissement. Et bien sûr pour aller sur le marché obligataire américain, il faut être en catégorie investissement ». Avant de conclure que « le point le plus délicat reste le financement de l’opération et son incidence sur les comptes d’Electrolux ».
Comment la firme suédoise a réussie à trouver un tel financent ? Tout d’abord, grâce à un emprunt temporaire auprès des banques Deutsche Bank et SEB. Celui-ci se transformera ensuite en un marché de capitaux, un financement bancaire à hauteur de 75% ainsi qu’une émission de droits de l’ordre de 25%. Reste encore à déterminer quels types d’actions Electrolux proposera dans les différentes Bourses mondiales.
Cependant, des agences d’évaluation financière telles que Standard and Poor’s gardent à l’oeil la société suédoise qui, si elle n’était plus considérée comme « spéculative », pourrait bien s’en mordre les doigts.
Un pari sur l’avenir
Quoiqu’il en soit, cet investissement est un pari tant juteux que risqué pour le géant suédois. Il prouve néanmoins que de grands groupes européens peuvent traverser l’océan Atlantique et s’y imposer.
Reste à savoir si cette acquisition propulsera Electrolux au Panthéon économique, à l’instar de sa compatriote Ikea. Dans un monde où certaines sociétés peuvent s’endetter plus que de raison, le risque est réel et pourrait être lourd de conséquences.