Une récente étude du site britannique Carbon Brief rappelle que la production mondiale de charbon a augmenté en moyenne de 25GW tous les six mois entre 2000 et 2019. Les récentes mesures prises par l’Union européenne risquent toutefois de compromettre cette croissance.
Europe : le premier continent vert ?
Cela fait déjà plusieurs années que les mines de charbon ferment à travers tout le continent et la pandémie confirme ce processus. Alors que la demande en électricité a plongé en début d’année suite aux mesures de confinement, l’Union Européenne prépare déjà son projet de « relance verte » et espère remplacer la part du charbon par des énergies non polluantes et des gaz naturels.
En juin dernier, l’Espagne entamait ainsi la fermeture dela moitié de ses centrales à charbon, une démarche que l’on retrouve également en République Tchèque tandis que le Royaume-Uni enchaînait deux mois consécutifs sans utiliser de charbon dans sa production électrique ! Même la Pologne, historiquement très dépendante du minerai noir, annonçait en septembre investir plus de 30 milliards d’euros pour s’affranchir de cette énergie fossile.
Alors qu’il représentait un cinquième de la production électrique de l’Union Européenne avant la crise, le charbon a été complètement mis à l’écart de la compétition énergétique en seulement quelques mois.
Le dernier sursaut
Malgré toutes ces données, le cours du charbon a néanmoins augmenté ces derniers mois, pour atteindre 55,77 dollars la tonne à la fin du mois d’octobre, soit son plus haut niveau depuis un an. Poussé par la Chine, premier producteur et consommateur de charbon au monde, il a même bondi de 50 % au cours des quatre derniers mois.
La Russie en première ligne
Parmi les principaux pays producteurs de charbon, la Russie semble légitimement s’inquiéter du virage vert entrepris par Bruxelles. En effet, la Russie est le troisième exportateur de charbon au monde et son économie dépend fortement des exportations d’hydrocarbures. Ainsi, la taxe carbone prévue par l’Union européenne semble être une mauvaise nouvelle pour l’économie russe, bien que les grands groupes miniers du pays tels que Russian Coal, présidé par Mikhail Gutseriev, ou encore Kuzbassrazrezugol, filiale de l’Ural Mining and Metallurgical Company (UMMC), fondée et présidée par Iskander Makhmudov, disposent encore de larges parts de marché sur leur territoire national ainsi qu’en Asie et notamment en Inde.
Selon la feuille de route établie il y a exactement un an, le ministère de l’Energie russe prévoyait dans sa stratégie énergétique une légère hausse d’utilisation du charbon pour compenser la part décroissante du pétrole. Malheureusement, la crise sanitaire due au Covid-19 et ses conséquences économiques sont depuis passées par là, et pourraient conduire à une révision de cette stratégie.