Steven Mnuchin, ancien dirigeant de la banque d’affaires Goldman Sachs, a été nommé secrétaire au Trésor américain par Donald Trump. Paradoxe évident tant Trump vilipendait avant son élection les lobbies à l’œuvre au sein de l’establishment pro-Clinton, au premier rang desquels la banque d’affaires de Manhattan.
La success story américaine de Steven Mnuchin
Steven Mnuchin est un pur produit de l’élite américaine. Diplômé de la prestigieuse université de Yale, il poursuit le même parcours professionnel que son père en devenant associé dans la célèbre mais controversée banque d’affaires Goldman Sachs. Cette dernière symbolise les dérives de la spéculation financière. Celle que l’on surnomme « la Firme » est un empire de près de 700 milliards d’euros d’actifs, deux fois le budget de la France. Sa réputation sulfureuse lui vient notamment de sa politique duplice au moment de l’affaire des subprimes, produits financiers adossés à des crédits immobiliers, dont elle vantait les mérites auprès de ses clients tout en spéculant en parallèle sur leur effondrement. De même Goldman Sachs est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics pour lui permettre d’entrer dans la zone euro.
Après 17 ans passés chez Goldman Sachs, Steven Mnuchin, réputé extrêmement intelligent par ses pairs, a investi, depuis lors, une partie de sa fortune dans le cinéma en devant un influent producteur à Hollywood. A son tableau de chasse des blockbusters comme Avatar, X-Men, American Sniper, Suicide Squad ou The Lego Movie.
Ses détracteurs lui reprochent son opportunisme qui lui a fait soutenir les campagnes passées du parti démocrate, Obama en tête. Aux dernières élections, il vire sa cuti en apportant son soutien au candidat républicain si controversé Donald Trump jusqu’à en devenir le responsable financier de sa campagne présidentielle. Steven Mnuchin poursuit sa success story : après Wall Street, Hollywood, le voilà propulsé à Washington.
Steven Mnuchin, nouveau secrétaire du Trésor des Etats-Unis
Donal Trump a été élu sur la promesse de gouverner autrement, voulant se libérer des lobbies qui influencent Washington : « Je les connais, les banquiers de Goldman Sachs ! Ils exercent un contrôle total sur Hillary Clinton ». Après avoir fustigé les élites de la finance durant toute sa campagne, Trump renie une de ses promesses en nommant Steven Mnuchin secrétaire au Trésor américain, dont l’entrée en fonction est fixée au 20 janvier 2017. Un choix qui fait écho aux précédentes nominations de dirigeants de la banque d’affaires Goldman Sachs à ce poste, Robert Rubin entre 1995 et 1998 sous l’administration Clinton et Henry Polson sous la présidence de Georges Bush de 2006 à 2009.
Steven Mnuchin doit désormais mettre en musique la partition économique du nouveau président Trump. Les priorités affichées sont une croissance américaine retrouvée de 3 à 4 % du PIB, une baisse du taux d’imposition des entreprises de 35 % à 15 %, une réduction des impôts des ménages sans précédent depuis la présidence Reagan.
Steven Mnuchin a la lourde tâche de concilier le programme ultra-populiste, protectionniste voire isolationniste, du candidat Donald, défendant le credo de « l’Américanisme » contre la mondialisation, et les dures lois de la réalité économique auxquelles devra faire face le président Trump prochainement aux manettes de la première puissance mondiale.
L’une des mesures phares voulues par le candidat Trump est de renégocier les accords commerciaux liant les Etats-Unis, ce qui passerait notamment par une imposition pouvant aller jusqu’à 45 % sur les produits chinois importés. Annonce choc aux effets en chaîne potentiellement dévastateurs : la Chine pourrait déprécier sa monnaie face au dollar, rendant ses produits encore plus compétitifs. Le nouveau président décrie la mondialisation mais, paradoxalement, aucune décision de macroéconomie ne peut être prise isolément dans une économie globalisée.
Les observateurs politiques et les analystes économiques espèrent que l’expérience des marchés financiers du nouveau secrétaire d’Etat au Trésor, Steven Mnuchin, lui permettront de contrebalancer le discours de guerre commerciale prônée par Donald Trump entre les Etats-Unis et ses partenaires, au profit d’une relation plus apaisée fondée au sein d’un système monétaire et commercial multilatéral dont nul pays ne peut raisonnablement s’affranchir.