Le marché des gaz industriels (azote, oxygène, argon, dioxyde de carbone, hélium, hydrogène, acétylène…) est un secteur bien méconnu du grand public, bien que ses chiffres soient plus que séduisants : le marché mondial actuel des gaz industriels s’élève à 90 milliards de dollars.
En France, on retrouve les principales multinationales des gaz industriels en tête de course : Air Liquide, Messer Group, Linde Gas… pour ne citer que les plus importants. Le groupe Messer réalise 10% de son CA global sur le territoire français (en 2012, 100 millions d’euros en France pour un CA total de 1,1 milliards d’euros). Richard Perrayon est depuis 2008 le président de la filiale française du groupe Messer. Depuis son arrivée, Messer France connait une croissance moyenne de CA de +3% par an malgré un contexte économique morose. La filiale a investi et s’est ouverte à de nouveaux marchés. Comment est-il parvenu à maintenir une croissance alors que, sur ce secteur, bien que promis à une forte croissance, le contexte actuel est difficile : la concurrence s’intensifie et la morosité économique entraîne un ralentissement des besoins clients et des investissements.
Accroître sa production, étoffer son offre
Dès son arrivée aux rênes de Messer France, Richard Perrayon adopte une logique d’investissement et de croissance. Géo-stratégiquement, Messer France était faiblement présent sur le flanc Atlantique de l’Hexagone. En 2010, une nouvelle unité de séparation d’air (azote, oxygène et argon) possédant une capacité de production de 300 tonnes par jour voit le jour à Saint-Herblain (44), un investissement avoisinant les 25 millions d’euros. Cette nouvelle unité de production permet bien évidemment à Messer France de réduire ses coûts de transport pour servir le grand Ouest, mais surtout de renforcer son offre à destination du secteur agroalimentaire fortement représenté dans cette zone géographique. “ La proximité est un élément clé. Nous estimons les limites économiques à un périmètre de 300 à 400 kilomètres autour d’un site de production ”, dixit Richard Perrayon.
En 2011, un partenariat est signé avec le groupe Abengoa Bioenergy pour la construction d’une unité de captation de CO2 sur la plate forme industrielle historique de Lacq près de Pau (64). Le CO2 est issu de la production de bioéthanol (biocarburant) par fermentation du maïs. Cette unité, qui a démarré au début de cette année, a une capacité de production de 200 tonnes de CO2 par jour, CO2 qui est ensuite stocké dans 3 gigantesques cuves de 300 tonnes chacune, soit 900 tonnes garantissant une continuité d’approvisionnement aux industriels utilisateurs de CO2. Radicalement écologique, cet investissement de 12 millions d’Euros permet surtout à Richard Perrayon de réduire la dépendance de son activité CO2 à la production d’ammoniac et d’engrais, industrie vieillissante en baisse d’activité, et de renforcer son offre sur le secteur agroalimentaire.
Messer France commercialise également des gaz pour les industries pharmaceutiques. Dès 2011, Messer France élargit son offre de gaz à destination de ce secteur en décrochant pour la vente de son azote et CO2 pharmaceutiques la certification de conformité à la pharmacopée européenne (CEP). Fin 2012, Messer France annonce une nouvelle activité liée aux gaz médicaux suite à l’obtention des Autorisations de Mise sur le Marchés (AMM). En juin 2013, Richard Perrayon annonce la mise en service des premières installations qui nécessiteront un approvisionnement régulier en oxygène médicinal Made in Messer: “ Le contexte industriel est difficile et cette perspective de croissance vers le secteur de la santé est la bienvenue ! ”, précise-t-il alors.
Etre actif dans les sphères d’influence
En tant que visage de son entreprise, Richard Perrayon est impliqué dans les groupes de réflexion et autres think tanks qui analysent et forgent les marchés de demain. En juin 2013, il a été nommé administrateur de l’Union des Industries Chimiques d’Île-de-France pour encadrer les discussions liées à la transition énergétique.
Il est aussi membre du MEDEF, mouvement au sein duquel il contribue activement à apporter son expérience notamment sur la problématique des transports en Île-de-France. Messer France a adopté depuis plusieurs années une politique qui permet à ses employés des sites franciliens Puteaux (92) et Mitry-Mory (77) d’adapter leurs horaires de travail aux heures creuses des transports, et ceci afin de diminuer les temps de transport et la fatigue qui en résulte. Le président de Messer France considère le progrès social comme un des piliers de la stratégie de développement de son entreprise.
On pourrait également citer son rôle de vice-président de l’association française des gaz comprimés, ou son adhésion à la chambre de commerce franco-allemande… Quand il n’est pas aux commandes de Messer France, Richard Perrayon occupe le terrain, sert des mains, et diffuse la pensée et la vision de son entreprise auprès des personnes influentes.
D’origine scientifique, Richard Perrayon a complété son diplôme d’ingénieur chimiste par des formations en commerce et management, et a fait ses armes chez Linde Gas, un concurrent de Messer. Aujourd’hui âgé de 41 ans, et déjà à la tête d’un des principaux acteurs des gaz industriels en France, Richard Perrayon bénéficie d’une perspective inégalée sur son marché. Dans un secteur où la demande est vouée à augmenter d’ici 10 ans, mais dont la croissance sera perturbée par un contexte économique dépressif, le capitaine Perrayon maintient un cap exemplaire.