Depuis 1956, les pays créanciers se retrouvent à Paris pour négocier ou renégocier les dettes extérieures des pays débiteurs. Cette année, l’attention a été portée sur le danger de surendettement ou de cessation de paiement de nombreux pays à faibles revenus.
En juillet 2022, le Club de Paris a tenu son neuvième forum en présence des représentants de ses Etats membres. Ce club, créé en 1956 à la suite d’une réunion organisée à Paris entre l’Argentine et ses créanciers, est une organisation informelle qui regroupe les pays créanciers au sein d’un même ensemble. Depuis cette date, ce club a permis de conclure 478 accords avec 102 pays endettés, ce qui porte à 612 milliards de dollars le montant de la dette traitée.
Les seuls créanciers qui n’y figurent pas sont la Chine et l’Arabie saoudite, bien qu’ils participent à de nombreux travaux lorsqu’ils sont concernés par les enjeux d’un pays débiteur. L’objectif de ce club est de trouver des solutions durables et de coordonner l’étalement des dettes afin de ne pas précipiter les pays débiteurs en situation de défaut de paiement.
Le Sri Lanka et l’Argentine au cœur des préoccupations en 2022
En présence de ministres de l’économie, de directeurs du Trésor et de représentants d’organisations multilatérales, le 9e Forum a été orienté par le récent signal d’alarme du Fonds Monétaire International (FMI) : selon lui, 60 % des pays à faible revenu courent un grand risque de surendettement ou de défaut de paiement.
Cette année, une attention particulière a donc été portée sur le Sri Lanka et l’Argentine. Le premier vient de traverser une crise politique majeure avec la fuite en juillet de son président, Gotabaya Rajapaksa, conséquence d’une déclaration de suspension de remboursement de sa dette extérieure officialisée en avril dernier. Une crise sociale importante a éclaté dans cette île-Etat qui baigne au sud de l’Inde, dans l’Océan indien. Les 51 milliards de dollars de dette extérieure ne sont donc plus remboursés depuis quelques mois par le Sri Lanka, en attendant une décision du FMI qui planche sur un plan de sauvetage. Indépendant du FMI qui est souverain, le Club de Paris cherche de son côté des solutions, tout en attendant la décision finale de l’organe international avant d’agir.
Au même titre, l’Argentine préoccupe une nouvelle fois ses créanciers alors que son ministre des finances vient de démissionner. Sujet à plusieurs crises économiques majeures lors des dernières décennies, le pays sud-américain veut renégocier l’accord passé avec ses créanciers en 2014, chose que le Club de Paris n’envisage pas. L’austérité, qui a provoqué une paupérisation croissante de la population argentine, semble avoir eu raison de la patience de ce pays aux espoirs de rebond de plus en plus minces.
Un Club qui s’adapte au contexte géopolitique
Par ailleurs, la Zambie, l’Ethiopie et le Tchad ont bénéficié d’une restructuration de leur dette, suite à un accord obtenu. Tous ces exemples montrent donc comment agissent les pays membres de ce Club de Paris. Lors de son discours de clôture, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la relance de la France, a rappelé le devoir des pays développés vis-à-vis des pays en voie de développement.
Depuis sa création, le club de Paris s’est toujours adapté au contexte géopolitique afin de restructurer les dettes. Par exemple, en 2004, peu après la chute du dictateur Saddam Hussein, 80 % du stock de dettes de l’Irak a été annulé. Aussi, après le terrible tsunami de 2005, les pays riverains de l’Océan Indien ont pu bénéficier d’une suspension de leurs remboursements. De même en 2010 avec Haïti, dont la dette a été tout simplement annulée après le terrible séisme qui a frappé son territoire.
Pour poursuivre son œuvre de développement, le club de Paris vient de créer une grande première cette année en accordant le statut de « membre prospectif » à l’Afrique du Sud. Cette dernière a participé ces dernières années à plusieurs restructurations de dettes, ce qui lui accorde le droit d’entrer dans l’antichambre du club. Une nouvelle accueillie chaleureusement car il s’agit du premier pays africain à accéder à un tel rang.
Sources : cadtm.org – tresor.economie.gouv.fr