La vision d’un capitalisme aux vertus bienfaisantes, encourageant la concurrence et développant la compétitivité, est aujourd’hui troublée par un paradoxe inhérent à son évolution : la concentration et la technologie permettent la production et distribution de biens et services à coût zéro. Le début d’une troisième révolution industrielle et sociale selon Jeremy Rifkin.
Jeremy Rifkin, économiste américain né en 1945 dans le Colorado, a écris une vingtaine de best seller qui traitent de l’impact des changements technologiques et scientifiques sur l’économie, l’emploi, la société et l’environnement. Conseillé de l’Union européenne ces dix dernières années, il est aussi le président fondateur de la fondation pour les tendances économiques. Selon lui la troisième révolution industrielle est en marche.
Dans une interview accordée à Olivier Guez le 30 Mai 2013 il déclare qu’avec la troisième révolution industrielle l’énergie sera produite localement et gratuitement après l’amortissement des nouveaux équipements.
Le constat est simple : « La quasi totalité de l’activité mondiale dépend des ressources en énergies fossiles et en pétrole. » Transport mais aussi vêtements, agriculture, énergie domestique et industrielle, engrais, matériaux de construction, toute l’activité économique repose sur l’utilisation des énergies fossiles.
L’explosion de la demande énergétique, soutenue par des pays comme l’Inde et la Chine, l’appauvrissement des ressources, ont fait décoller les prix du baril de brut qui est monté jusqu’à 146 dollars en 2006. Conséquence : Une augmentation des prix, une diminution du pouvoir d’achat et une baisse visible de la consommation. Les Etats, les collectivités et les particuliers croulent sous les dettes et le modèle économique actuel n’est plus viable selon lui.
Quelles sont les alternatives pour nos sociétés ?
L’émergence de nouvelles technologies de l’information et l’apparition d’une nouvelle donne énergétique sont les éléments clefs d’une troisième révolution industrielle.
Cette révolution s’appuie sur cinq piliers. L’accélération du passage aux énergies renouvelables, la transformation du parc immobilier mondial en mini centrales énergétiques, le stockage de ces énergies produites, la conversion du réseau électrique afin de permettre aux particuliers de partager leurs excédents et un rééquipement de la flotte mondiale des moyens de transport avec des véhicules à batteries et piles à combustibles.
Ces restructurations devront être soutenues par les gouvernements et organismes financiers et engendreront un bouleversement économique, social et géopolitique mondial car ce jour là, lorsque tous ces facteurs auront été mis en place, l’énergie sera gratuite et propre.
Les nouvelles technologies et le partage des ressources
Cette troisième révolution industrielle a déjà commencé. Les imprimantes 3D permettant de réduire les coûts de production, la distribution gratuite de données numériques, la possibilité pour les particuliers équipés de revendre leur électricité à EDF sont les signes avant-coureurs de cette évolution, voire de cette révolution.
Les institutions de leur coté s’engagent. L’Europe promet de produire 20% d’énergie issue de sources énergétiques renouvelables d’ici 2020.
Entre éthique économique et réalité pragmatique d’un système capitaliste basé sur l’augmentation du capital des investisseurs, la problématique de la production de biens et services à coût zéro soulève bien des questions. En opposition aux théories de Rifins, Larry Summers, économiste américain, critiqué pour ses jugements de valeurs et ses positions sur l’autorégulation des marchés s’oppose à ces théories. Il n’est pas possible selon lui de produire à coût zéro et surtout de vendre à coût zéro. Ce serait la fin du capitalisme. Un investissement se rentabilise ou non.
Albert Einstein disait : « Tout ce qui peut être dénombré ne compte pas forcement ; tout ce qui compte ne peut pas forcement être dénombré ».