Le spectre de l’inflation grandit alors que le cours des principaux métaux est désormais sorti du creux dans lequel la crise sanitaire les avait plongés au printemps dernier. Le pétrole a retrouvé ses niveaux « pré-pandémie », et les prix des denrées agricoles se sont élevés à des sommets historiques (le plus haut depuis six ans selon la Food and Agriculture Organization). Suffisamment pour parler de super-cycle(s) ?
Les denrées alimentaires : un marché trop imprévisible ?
La montée des prix des produits agricoles est étroitement liée aux phénomènes météorologiques, qu’il s’agisse de la sécheresse au Brésil qui a impacté la production de maïs, du climat froid et sec qui a privé les agriculteurs américains de blé et de soja, ou encore des fameux épisodes de gels dévastateurs en Europe.
La Russie, premier producteur de céréales au monde, a en effet fortement limité ses exportations depuis avril 2020 en raison d’une baisse de production, poussant ainsi les prix vers la hausse. La pandémie n’a fait que renforcer par ailleurs cette situation.
Bien que celle-ci semble s’être stabilisée après une hausse impressionnante entre avril et mai, le marché reste relativement imprévisible.
Quand le pétrole ne ruisselle plus
Après un coup d’arrêt abrupt en réaction à la pandémie, le pétrole a retrouvé et même dépassé ses niveaux de janvier 2020. Si le prix de l’or noir se maintient, c’est principalement en raison du freinage de sa production par l’OPEP. L’Arabie saoudite en particulier a fortement ralenti, s’assurant ainsi une hausse des prix tout en préservant sa domination sur les marchés.
S’il reste peu probable que les cours de l’or noir s’effondrent, la poursuite de la hausse n’est toutefois pas garantie. Les perspectives de moyen et long terme, fortement remises en cause par l’impératif de transition énergétique, exercent une pression constante et de plus en plus prégnante sur le pétrole.
Un avenir brillant pour les métaux ?
Le marché des métaux quant à lui se démarque : en sortant rapidement de la crise sanitaire, la Chine et l’Asie du Sud-Est (qui représentent environ 70 % de la demande mondiale) ont catapulté les prix des métaux de base ou précieux vers des sommets inédits depuis dix ans. Si cette hausse des prix devrait également subir une pause le temps que le marché se stabilise, c’est pourtant ce secteur qui offre les meilleures perspectives pour un nouveau super-cycle.
En effet, pour redémarrer l’économie en tenant compte des contraintes environnementales, il faudra sortir de la dépendance aux énergies fossiles au profit d’une utilisation accrue des métaux précieux, qui ont chacun leur rôle à jouer. L’argent est indispensable à la création de panneaux solaires, le platine est utilisé pour convertir l’hydrogène en électricité, le lithium et le cobalt sont essentiels à la conception de batteries…
Le cuivre quant à lui, essentiel à la production de semi-conducteurs, a vu son prix fortement augmenter. Les grandes entreprises minières sont donc les grandes gagnantes de la situation actuelle, qu’elles soient spécialisées dans l’extraction d’or (comme le canadien Barrick Gold ayant à sa tête l’homme d’affaires Mark Bristow) dans l’extraction d’argent et de cuivre (à l’exemple de l’UMMC dirigée par Iskander Makhmudov ou encore du géant finlandais Outokumpu dirigé par Heikki Malinen), cette année sera à marquer d’une pierre blanche.