J’ai eu l’occasion de rencontrer Jean-Marie Santander, un chef d’entreprise spécialisé dans les énergies renouvelables. Les énergies dites propres représentent, on le sait, un secteur très prometteur en terme de croissance. Jean Marie Santander est le co-fondateur de Théolia, entreprise française qui a connu une croissance extraordinaire à l’aube des années 2000. Il est aujourd’hui PDG de Global EcoPower (société qu’il a fondée après son départ de Théolia), qui n’a que 5 ans mais qui rejoint le 24 juin 2013 le très convoité marché Alternext !
Comme d’habitude j’ai pris des notes lors de notre rencontre avec Jean Marie Santander, afin de vous retranscrire et de vous donner un aperçu de son parcours, pour le moins hors norme. Il me semble essentiel de vous présenter son entreprise, Global EcoPower, avant de s’intéresser à sa démarche stratégique et financière.
LBF : Jean Marie Santander, présentez nous Global EcoPower.
Jean-Marie Santander : Le Groupe Global EcoPower est un constructeur clé en main de centrales autonomes de production d’électricité mettant en œuvre des énergies renouvelables.
En 2011, Global EcoPower a construit pour l’investisseur allemand Leonidas & Associates deux centrales photovoltaïques : une centrale au sol d’une capacité installée de 5 MW en Seine Maritime et une centrale agro-solaire d’une capacité de 3,4 MW avec panneaux installés en toiture de serres dans le Maine et Loire.
En 2012, Global EcoPower a démarré la construction « clé en mains » de trois parcs éoliens en France, représentant une capacité installée de 64MW. La construction des trois chantiers, dans les départements de la Manche et de la Marne, pour le compte de ce même investisseur, a démarré sur l’exercice 2012 et s’étalera sur l’exercice 2013.
LBF : Global EcoPower passe sur Alternext : qu’est ce que c’est Alternext exactement ?
Jean-Marie Santander : Alternext est le nom donné au marché boursier de NYSE Euronext, destiné à accueillir les petites et moyennes entreprises dont la capitalisation est comprise entre 10 et 90 millions d’euros. Alternext est un compromis entre Eurolist (le marché principal de la bourse sur lequel sont cotées les grandes sociétés) et le Marché Libre qui n’impose pas de fortes contraintes réglementaires. Plusieurs investisseurs n’interviennent pas sur le Marché Libre car leur protection est faible et préfèrent Alternext.
LBF : Justement, Jean Marie Santander, pourquoi avoir décidé de passer sur Alternext ?
Jean-Marie Santander : Nous avons décidé de passer du Marché Libre à Alternext pour apporter aux investisseurs une sécurité renforcée par rapport au Marché Libre et pour rechercher des opportunités de financement. En effet, Alternext apporte aux investisseurs des garanties de régulation et de transparence pour leur assurer sécurité et protection. Alternext apporte également des opportunités de financement.
L’intérêt de Global EcoPower est double : être coté sur un marché boursier adapté à ses ambitions et trouver des financement pour financer les fonds propres de ses centrales.
En effet, le métier de Global EcoPower est de construire des centrales éoliennes. Si la société dispose de fonds propres, elle garde les centrales et produit de l’électricité qu’elle vend à EDF dans le cadre d’un contrat à long terme de 15 ans à un prix garanti. Si la société ne dispose pas des fonds nécessaires, elle revend les centrales construites à des tiers investisseurs.
L’idéal pour Global EcoPower est de céder 50% des centrales éoliennes construites à des investisseurs et conserver les 50% restant. Pour cela, la société doit chercher à financer les fonds propres. En effet, lorsque Global EcoPower conserve une centrale, elle doit disposer de 20 à 25% du montant de l’investissement, le reste étant financé par les banques. Par exemple, une centrale de 10 MW (5 turbines de 2 MW chacune) va revenir à 15 millions d’euros environ : 3 millions devront être apportés par Global EcoPower et 12 millions seront empruntés auprès des banques.
Sur Alternext, GlobalEcoPower pourra bénéficier, avec un contrat de liquidités, d’une cotation continue de l’action.
LBF : Vous parlez de vos investisseurs , mais Global EcoPower est elle déjà rentable (5 ans seulement après sa création) ?
Jean-Marie Santander : Global EcoPower est effectivement une entreprise rentable et ce depuis déjà pas mal de temps. Pour l’exercice 2012, le chiffre d’affaires de GEP est de plus de 5,622 millions d’euros, tandis que le résultat d’exploitation est plus qu’intéressant : il s’établit à 1,068 million d’euros et le résultat net à plus de 1,925 million d’euros. Autrement dit, les investisseurs sont satisfaits de leur prise de risques.
Par ailleurs la première cotation sur Alternext interviendra le 24 juin 2013. Les investisseurs devraient être au rendez-vous !
LBF : Comment vous positionnez-vous par rapport à des géants de l’énergie comme EDF Energies Nouvelles ou General Electric ?
Jean-Marie Santander : Global EcoPower n’est pas comparable à GE qui est un des premiers consortiums mondiaux. Les fondateurs de Global EcoPower sont également les fondateurs de Théolia, qui avait fait intervenir GE dans son capital. L’expérience qui s’en est suivie a dissuadé à tout jamais des partenariats avec ce type de géant de l’énergie. Il est difficile donc de comparer des multinationales à une entreprise à taille humaine. Cependant, GlobalEcoPower intervient sur le même segment que les géants évoqués et grâce au dynamisme découlant de sa petite structure, la société va pouvoir acquérir plus rapidement des projets de construction. De plus, Global EcoPower aura des objectifs de puissance installée moins importants que GE ou EDF EN et ne retiendra donc que les projets très rentables.
LBF : De manière plus globale, où en est le secteurs énergies renouvelables ? Peut-il vraiment remplacer les énergies fossiles ?
Jean-Marie Santander : En France, le secteur des énergies renouvelables est « en panne ». Les engagements pour 2010 n’ont pas été respectés et la France a engrangé un retard important. Le gouvernement actuel doit définir des engagements et des modalités dans le cadre de la transition énergétique. Le « Grenelle de l’environnement » a redéfini un objectif de 20% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020.
En aucune manière, les énergies renouvelables ne pourront remplacer les énergies fossiles. Cependant, une chose est sûre : les énergies fossiles s’épuisent. On voit les différents Etats membres de la Communauté Européenne fixer des objectifs ambitieux pour les années 2020 (Allemagne 35%, France 20%, Union européenne 20%). L’éolien et le solaire y tiennent une part importante. Le monde va vers un bouquet énergétique qui va mettre en œuvre toutes les énergies, les énergies renouvelables prenant une part de plus en plus importante, compte tenu de la rareté prévisible des énergies fossiles et l’aversion des populations pour le nucléaire.